Première histoire : " Il y a quelque chose de pourri au paradis ! "

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L’angelot frappa à la porte, une fois, deux fois, trois fois.

N’ayant toujours aucune réponse, il se mit à massacrer la lourde porte à grands coups de poings.

La porte s’ouvrit violemment et un visage bourru l’accueillit sans aménité.

Le vieux bonhomme avec une longue barbe et une clef autour du cou le foudroya du regard et dit :

« — Savez pas lire ?

— Si votre sainteté.

— C’est écrit : NE PAS DÉRANGER !

— Oui votre sainteté, répondit le séraphin de service, sauf urgence et là …

— Et là quoi, nom du chef, chaque jour on reçoit des millions de nouveaux couillons et y a jamais d’urgence !

— C’est un cas spécial, Saint Pierre, c’est le boss lui- même qui se pose des questions.

— Tiens, il se rappelle qu’on existe, c’est quoi l’embrouille ?

— Bien c’est simple, cette nuit on a eu un VIP et …

— Des VIP on s’en fout, on en a des cargaisons chaque jour.

— Sauf que là , c’est différent.

— Raconte, dit Pierre, soudain intéressé.

— On attendait une centaine de saints brevetés, direct à la droite du Seigneur.

— D’ailleurs ils sont en retard, marmonna Pierre.

— Ne les attendez pas, ils ont tous choisi d’aller en enfer.

— Ça, c’est plus fort que le Roquefort, bafouilla le saint. Et pourquoi donc ?

— C’est à cause de l’urgence, répondit le séraphin.

— Elle est où cette urgence ?

— Là dans le couloir.

— Allez le chercher, répondit Saint Pierre, vaguement troublé. »

Pierre poussa un long sifflement. En deux mille ans de christianisme , on n’avait jamais vu cela.

Tous les saints avaient choisi l’enfer !

Il comprenait mieux l’appel urgent du boss, et était curieux de voir le nouveau.

L’homme entra, petit, rougeaud, de type méditerranéen, dans les quatre-vingts ans : le mort «lambda» de base.

Il alla, directement, serrer la main du saint homme :

« — Saint Pierre, je suppose ?

— Pour vous servir, répondit Pierre.

— Et vous êtes ?

— Berlusconi, ancien président du conseil.

— Connais pas, pas dans le répertoire des martyrs de l’Église, rétorqua pierre, en secouant la tête.

— Tenez, c’est pour vous, dit le mort.

— C’est quoi, demanda Pierre ?

— On appelle cela une montre, elle est en or pur, sur Terre cela vaut une fortune.

— Ici, cela ne vaut rien, asséna Saint Pierre »

Décontenancé l’homme aux clefs regarda l’ancien président du conseil.

Il puait l’argent et la vanité, le boss avait raison, il se passait des choses pas très catholiques !

Il s’attendait à tout sauf à la question suivante :

« — Bon c’est quand la prochaine soirée Bunga Bunga ?

— C’est quoi, demanda le saint homme, une messe africaine ?

— En un sens oui, c’est un acte de générosité pour de jeunes femmes dans le besoin, répondit Berlusconi en souriant. »

Saint Pierre lança les recherches avec les mots-clés suivants : "Bunga Bunga " et Berlusconi.

Après quelques minutes, il releva la tête et s'étonna :

« — Mais qu'est ce que vous foutez ici, allez en enfer direct !

— Impossible, répondit Berlusconi.

— Impossible n’est pas divin, hurla Pierre.

— Impossible répéta Berlusconi et il tendit un papier au saint.»

Saint Pierre lut la lettre : Le très chrétien Silvio dispose d’une indulgence pleine et entière. Tous ses péchés sont pardonnés, il ira directement au Paradis, sans passer par la case pénitence.

Saint Pierre siffla longuement :

« — Une indulgence pleine et entière, signée par le Pape en personne !

— Exactement !

— Mais ce n'est autorisé qu'une fois par siècle, s’étonna Pierre ?

— Exactement !

— La prochaine ne sera qu'en 2123 ?

— Exactement !

— Mais qu'avez-vous fait pour mériter cela ?

— J’ai étouffé le scandale de la banque du Vatican, dit Silvio le saint.

— Je vois, répondit Pierre.

— Bon c’est quand la prochaine soirée Bunga Bunga ? »

Resté seul, Saint Pierre resta longtemps silencieux.

Puis il murmura dans un soupir :

« Il y a quelque chose de pourri au paradis.»

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