Partie 2
Je recule vivement la tête. La bougie flotte dans les airs et s'approche, venant cogner contre mon ventre. La flamme est au niveau de mon coeur, mais loin de me brûler, je sens comme une douce chaleur. Comme lorsque papa et maman me font un câlin.
La flamme passe à travers de mon sweat et me réchauffe tout le corps, me donnant l'impression d'être enrouler dans ma couette à la maison. Puis elle ressort et flotte vers la porte, m'invitant à la suivre.
Je me précipite pour la suivre, oubliant le vide qui m'attends au bout du bureau. Je le retrouve à tomber encore une fois. Mais au lieu de toucher le sol comme tout à l'heure, je m'arrête à quelques centimètres et me met à léviter !
- Je peux voler ?
Surprise, je fait un pas en avant. Je flotte toujours, mes pieds effleurant à peine le parquet. C'est trop génial !
En quelques secondes, je suis près de la porte. La bougie s'élève jusqu'à la poignée et passe à travers.
- Hé, attends !
Est-ce que je peux faire pareil moi aussi, comme les fées des histoires que me raconte papa ? Croisant les doigts pour ne pas taper dans le bois, j'avançe en flottant.
La seconde d'après, je me retrouve de l'autre côté de la porte. La bougie est là, dans le couloir. Elle semble m'attendre. Au loin, j'entends beaucoup de bruit, comme si quelqu'un marchant d'un pas rapide arrivait.
La bougie se dirige vers la provenance du son, me poussant à la suivre. Je veux passer cette nouvelle porte, mais un mur que je ne vois pas me bloque. Pourquoi je ne peux pas aller plus loin ?
Alors que je veux réessayer, la porte s'ouvre sur une grande dame au visage rond et aux cheveux bouclés. Je la reconnais. C'est ma maîtresse. Elle est très gentille et elle aime toujours les dessins que je lui fais !
- Maîtresse, je suis là !
Je bouge les bras devant elle en sautillant, contente. Enfin quelqu'un que je connais qui va pouvoir m'aider à redevenir grande.
Mais elle me passe devant sans m'accorder le moindre signe. Est-ce qu'elle m'a entendue ? Je la suis en flottant très vite, comme quand je veux courir. Je continue de l'appeller, mais ma voix est trop petite.
La maîtresse entre dans la classe, allume les lumières et commence à préparer les leçons du jour. Je saute pour me mettre à voler à sa hauteur, tentant de l'obliger à me regarder.
- Maîtresse ! S'il te plaît, je suis là ! Je suis devenue toute petite, je ne sais pas pourquoi. Où sont mon papa et ma maman ? Maîtresse ?
Au fur et à mesure, ma voix se fait plus triste. Maintenant que la découverte est passé, ma peine me rattrape. Je ner comprends rien à ce qui m'arrive et mon papa et ma maman me manquent.
La maîtresse me tourne maintenant le dos, comme si je n'avais rien dit. Elle sort une petite photo de son sac et l'accroche au tableau avec de jolis aimants rouges, ma couleur préféré. La même que ma jupe.
Je la vois prendre une craie et marquer quelque chose dessous. Je ne sais pas encore bien lire, mais j'arrive à comprendre quelques mots en plus de mon prénom : souvenir, camarade, amie, coeur.
Le tour de la photo est entouré de noir, comme celle qu'on a mis avec maman sur une grosse pierre pour mamie. La maîtresse se décale, un mouchoir à la main, et je peux voir que sur la photo, il y a ma tête. Pourquoi il y a ma tête ? Pourquoi la maîtresse pleure ?
Un grand bruit diffus se fait entendre du couloir et je tourne la tête. La porte s'ouvre sur mes copains et copines, tous habillés avec du noir. Personne ne sourit, alors que les autres jours on rigole en venant à l'école.
Je les regarde s'asseoir en silence du haut du bureau de la maîtresse. Mais qu'est ce qui se passe ?
- J'imagine que vos parents vous ont tous appris ce qui est arriver hier soir.
Elle a une voix douce. Et pourquoi tous le monde baisse la tête comme ça ?
- Un camion l'a percutée alors qu'elle traversait la route pour rejoindre son papa. Elle n'a rien senti et est tout de suite monter au ciel.
Quoi ? Des larmes commencent à dévaler mes joues sans que je puisse les arrêter. Si je suis aussi petite, si je peux voler... c'est parce que je suis comme mamie ? Monter au ciel ? Alors pourquoi je suis ici ?
Je me laisse tomber sur le bureau en me recroquevillant sur place.
- Aujourd'hui, vous allez pouvoir fabriquer ce que vous voulez et on le déposera ce soir sur un petit autel au fond de la classe, en dessous de sa blouse de peinture.
J'enfois ma tête contre mes genoux pour ne plus les voir. Les chaises raclent le sol et des pas me parviennent. Mais je ne bouge pas.
Je suis partie au ciel. Je ne pourrais jamais retrouver papa et maman. Leut faire des câlins. Manger les pizza de papa. Faire de la peinture avec maman. Jouer avec mon chien dans le jardin.
- Wouaf !
Une petite langue me lèche le front, me forçant à relever la tête. Un minuscule chien tout transparent, encore plus petit que moi, me regarde en remuant la queue. On dirait mon chien, mais je sais que ce n'est pas lui. Le mien est vieux et un peu fatigué. Celui là est tout jeune et débordant d'énergie.
- Wouaf ! Wouaf !
Il se jette sur moi et se met à me léchouiller le visage. A force, je me met à rire en tentant de le repousser. Il finit par s'asseoir sur mes genoux, posant sa tête sur mon épaule. Il est tout doux et tout chaud. C'est agréable.
Comme la bougie, qui flotte toujours à côté de moi, ce petit chien est apparu de nul part. Mais avec lui, je ne suis plus toute seule.
Je ne sais pas pourquoi je n'ai pas rejoint mamie au ciel, pourquoi cette bougie me suit partout, et encore moins pourquoi ce petit chien semble m'aimer. Mais je vais pouvoir jouer avec lui et faire retrouver le sourire à mes copains et copines.
Si je ne peux pas sortir de l'école, autant jouer avec eux encore et encore. Ce sera amusant !
En plus, je vais pouvoir aller fouiller partout et découvrir les secrets de toute la classe, si c'est pas génial ça ! Les autres seraient jaloux.
Ma bonne humeur retrouver, j'essuie les dernières traces de larmes de mes joues et me lève. Le petit chien me suit en sautillant et je m'élance dans le vide, prête à aller embêter mes camarades.
Même s'ils ne peuvent plus me voir ni m'entendre, je serais toujours là. Et je compte bien leur rappeller ma présence en les embêtant !
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