Le rêve Américain
Je ne suis pas très fier de cette période de ma vie pendant laquelle, je fréquentais les casinos et les filles faciles qui déambulaient dans ces lieux de débauche.
Je dépensais sans compter ma colossale fortune que je croyais inépuisable. Je me mis à fumer, trouvant que cela me donnait un air branché et distingué. J'avais une multitude d'amis que j'invitais régulièrement à des soirées organisées dans mon appartement New Yorkais.
Je coupai tout contact avec Marion et Phil, pour lesquels je nourrissais une animosité démesurée.
Ils m'avaient trahi en m'excluant du trio amical que nous formions ensemble, eux que je considérais comme des amis fidèles et dévoués, ne méritaient pas l'amitié inconditionnelle que je leur avais offerte. Marion téléphonait chaque semaine pour me donner des nouvelles de l'enfant, je ne décrochais jamais, laissant le répondeur prendre les nombreux messages. Elle finit par se lasser, n'appelant plus que tous les mois puis une fois par an pour me souhaiter la bonne année.
Un jour elle m'annonça qu'elle était enceinte et attendait des jumeaux pour le printemps.
Cette nouvelle au lieu de me réjouir, me plongea dans un gouffre de mélancolie.
J'arrachai le fil du téléphone et lançai violemment l'appareil contre le mur où il se brisa.
Les années passèrent m'enfermant dans une routine de luxe et de débauche, je fumais du matin au soir et chaque cigarette allumée rythmait les heures de ma journée. Mes soirées au casino étaient de plus en plus fréquentes, pris par le démon du jeu, j'engloutissais des sommes d'argent colossales.
Jusqu'au jour où je reçu une lettre de mon banquier m'informant que je devais freiner mon train de vie, sous peine de vider complétement mon compte en banque.
Je pris cette requête comme un affront et décidai de rentrer en France pour m'occuper personnellement de mes placements.
En quelques mois, je vendis mon appartement et les meubles qui s'y trouvaient. Aucun de mes amis New Yorkais ne se donna la peine de venir me saluer avant mon départ. Je compris à cette instant que leur amitié était fausse et intéressée, ils avaient profité de mon argent et de ma générosité, me laissant tomber au moment où j'avais le plus besoin de soutient. Cette nouvelle désillusion me remplit d'amertume et de colère.
Je rentrai au manoir avec la ferme intention d'en chasser Phil et Marion.
J'arrivai à l'improviste en plein milieu d'une fête d’anniversaire. Cela faisait exactement dix ans que Clara était morte et je l'avais oublié, occulté de ma mémoire. Marion et Phil étaient entourés de trois enfants qui applaudissaient Louis essayant de souffler sur ses bougies. Marion coupa une part de gâteau qu'elle porta tendrement à la bouche de mon fils. Cet enfant pour lequel Clara avait donné sa vie et que j'avais renié, bafouant le cadeau merveilleux qu'elle croyait m'offrir.
Quand Marion m'aperçut, son visage s'illumina d'un magnifique sourire, elle rayonnait d'une beauté intérieure, me laissant sans voix, sous le charme de cette révélation.
Je regardai mon fils, cet inconnu que je ne reconnaissais plus, il était assis dans un fauteuil roulant et semblait heureux. Il prononça un son avec difficulté, un mot sorti du tréfonds de sa mémoire, qui ressemblait à « papa ». Étreint par l'émotion, je laissai une larme rouler silencieusement le long de mon visage.
J'étais chez moi à présent entouré de ma famille et de mes amis véritables et sincères, qui m'avaient offert leur amitié altruiste et inconditionnelle.
J’avais passé toutes ces années à chercher le bonheur à l’autre bout du monde, alors qu’il était là et qu’il me suffisait juste d’en profiter.
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