Lilas blanc.
Duchêne n'était pas spécialement " de la calotte".
Il avala goulument la dernière gorgée de bière, la troisième du pack, et se concentra comme il put sur cette affaire.
Il frissonna trois secondes en repensant au drôle de type sur le parking. Etrange cette sensation.
Il n'était pas né de la dernière pluie et plutôt aguerri.
Formé à l'école de police du fameux quai des orfèvres, notamment à la "crim'", il ne fallait pas lui en conter. En fin de carrière, il avait pu obtenir sa mutation à Nantes, sa ville natale.
Jusqu'à ce qu'on fasse appel à lui, compte tenu de ses états de service, pour s'occuper d'un "truc épineux" selon les dires de sa hiérarchie. Le tête à tête qu'il avait eu avec son chef, Duplan, le laissait dubitatif.
- Allez-y sur des oeufs !
L'injonction était inhabituelle et plutôt agressive.
On était pas très longtemps après les évènements terroristes à Paris, au bataclan, et le spectre de l'état d'urgence, planait sur tout le pays.
Quinze jours plus tard, il débarquait ici, à StPierre, extension périphérique de Brest, ville portuaire en expansion, et néanmoins très" éloignée", presque insulaire.
Il se crut un instant en disgrâce, jusqu'à ce qu'il eut connaissance des faits.
Une série de crimes, tous perpétués sur de jeunes adolescentes à peine pubères.
On avait retrouvé, à chaque fois, le même brin de lilas blanc, posé sur leur poitrine.
Le bourg de St Pierre semblait être l'épicentre de l'intrigue.
Duchêne éructa bruyamment et resta pensif, presque concentré, sous l'effet du houblon. Il s'assoupit légèrement, avant de sombrer complètement dans quelque vide abyssal.
- Pauvres mômes, se dit-il juste avant de s'écrouler, au fond du canapé-lit tout neuf.
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