chapitre 33

10 minutes de lecture

Une heure plus tard, centre-ville de Chicago. Hayden, Max et Shawn se trouvent sur le toit d’un immeuble d’une trentaine d’étages. Ils se penchent au niveau du bord, à la recherche de la femme qu’ils doivent sauver. Cheyenne leur a donné une description assez précise de la future victime. Max regarde sans arrêt sa montre. Il leur reste cinq minutes avant l’agression. Hayden ne semble pas spécialement à l’aise à une telle altitude.

Shawn le remarque et ne peut s’empêcher de sourire d’un air moqueur. Hayden lui jette un regard noir.

- J’ai toujours eu peur du vide. Et puis, je te rappelle que nous ne sommes pas tous capable de voler comme toi !

- Ne t’en fais pas, si tu tombes, je viendrai te sauver comme superman. Dommage que tu ne ressembles pas à Lois Lane. J’aurai mis plus d’entrain à la tâche.

- Ça ne me rassure pas vraiment !

- Taisez-vous, je crois que c’est elle dit Max, en désignant une silhouette sur le trottoir.

Les trois garçons retrouvent leur sérieux et se penchent pour identifier la personne. Elle correspond à la description donnée par la jeune indienne. Il s’agit bien d’une fille d’une trentaine d’année, portant une jupe noire et un gilet en laine rouge. Elle se dirige vers une station de métro pour rentrer chez elle. La rue est déserte, soudain, sortant de nulle part, cinq délinquants l’encerclent et commencent à l’insulter. La jeune femme prend peur, elle essaye de les contourner, pour s’enfuir. Mais ses agresseurs ne comptent pas lui laisser de marge de manœuvre. L’un d’eux essaye de l’enlacer, elle le repousse avant de lui assener une gifle.

Ses compagnons se moquent de lui, disant qu’il se fait mâter par une fille. N’appréciant pas que la jeune femme le ridiculise devant ses amis, le voyou voit rouge. Il la frappe d’un coup de poing, avant de la pousser au sol. La jeune femme pousse un cri mêlé de peur et de douleur. Elle tente d’appeler au secours, mais un des voyous lui met sa main devant la bouche, étouffant son cri, puis un autre l’attrape et la tire en arrière par la taille. Le groupe se dirige dans un coin obscur et désert où ils vont pouvoir la violer à tour de rôle, sans être dérangés.

Les trois jeunes au-dessus de l’immeuble ont assisté à la scène en silence. Ils n’ont plus envie de plaisanter, mais plutôt d’agir. Shawn ne peut s’empêcher de repenser à l’agression de Sarah Il est pressé de donner une bonne leçon à ces personnes qui prennent plaisir à torturer autrui. Il enfile une cagoule sur sa tête et en donne deux autres à ses frères qui les acceptent sans broncher.

- On doit y aller maintenant dit-il, avant d’enjamber la balustrade, prêt à sauter du toit.

- Attends dit Hayden, en le retenant par le bras.

- On n’a pas de temps à perdre, elle risque de mourir dit Shawn.

- Il nous faut un plan dit Hayden.

- Je fonce dans le tas et vous me couvrez dit il, avant de sauter.

Hayden et Max se précipitent vers le bord du toit et le regardent léviter dans les airs, dans un magnifique ballet aérien, comme un avion en papier qu’on aurait jeté depuis une fenêtre.

- Dis-moi qu’il n’était pas sérieux là ! C’est ça son plan ! s’exclame Max.

Le jeune noir atterrit quelques secondes plus tard sans bruit sur le trottoir. Shawn regarde à droite et à gauche, afin de s’assurer que personne ne l’a vu. Max secoue la tête, n’appréciant pas du tout le coté tête brûlée de son partenaire.

- Cet imbécile aurait pu être vu. C’est un malade !

- C’est seulement maintenant que tu t’en rends compte. C’est pour ça qu’on est là, pour assurer ses arrières. Ne perdons pas de temps !

Les deux jeunes mettent leurs cagoules, Max rechigne quelques secondes à l’idée de le mettre, préférant se battre à visage découvert, mais il finit tout de même par la glisser sur son crâne.

N’ayant pas le pouvoir de voler, ils ont placé des longues cordes, fixés à des points fixes sur le toit. Ils ont le même matériel que des alpinistes chevronnés. Ils sont allés les acheter avant de se rendre au point de surveillance.

Ils passent par-dessus la balustrade et avance très lentement, ne voulant pas faire de faux pas. Les deux hommes regardent le vide et ne peuvent s’empêcher d’être saisis par un frisson, qui parcourt tout leurs corps. La peur ne les fait hésiter qu’une fraction de seconde. C’est la première fois qu’ils font une telle chose, mais ils savent qu’ils n’ont pas le droit d’avoir peur, ils sont au-dessus de tout ça.

Ils se regardent à travers leurs cagoules, droit dans les yeux. Ils se font un signe de la tête et accroche leur mousqueton à une corde. Ils ne perdent pas de temps à prier, sachant de toute façon qu’ils n’iront pas au paradis. Ces portes leurs sont fermées depuis la naissance, en raison de leur héritage satanique. Ils se jettent dans le vide et gardent les yeux ouverts pendant toute la descente. Hayden aurait voulu pousser un cri mêlé d’excitation et de terreur, mais il se retient, ne voulant pas se faire repérer.

La chute semble durer une éternité. Ils voient les étages défilés devant eux à une vitesse hallucinante. Le vent est si violent, que c’est comme s’il leur giflait le visage. Ils se demandent si leur calcul était bon et si la corde n’est pas trop longue. Si c’est le cas, ils vont finir aplatis sur le macadam. Hayden se demande s’il va voir sa vie défilée devant ses yeux avant de mourir. Au moment, où il a une pensée pour ses parents, il sent que sa vitesse ralentit et l’instant d’après, la corde se tend dans un bruit sec. Ils ressentent tous les deux une secousse très douloureuse au niveau de la taille, à l’endroit où se situe le mousqueton.

Ils poussent un long soupir et se regardent, heureux de voir qu’ils sont sains et sauf. Hayden jette un coup d’œil sous lui. Ils sont à environ à deux mètres du trottoir. Le jeune blond se rend compte qu’ils ont vraiment été irresponsables. Une erreur de calcul aurait pu leur coûter très cher. Heureusement que la chance était de leur côté… encore une fois. Ils enlèvent tout les deux leur harnais et se laisse tomber sur le trottoir. Hayden se tourne vers Max et éclate d’un rire nerveux. S’ils n’étaient pas aussi pressés, il se serait bien assis quelques instants pour reprendre son calme et arrêter le tremblement dans ses jambes.

- C’est encore mieux que les montagnes russes ! s’exclame Hayden.

- Content que tu aies pris ton pied, je ne recommencerai jamais une telle connerie ! Allez viens, on n’a pas de temps à perdre, avant que l’autre abruti fasse encore parler de lui.

Hayden hoche affirmativement la tête et court vers le lieu où les jeunes ont entraîné leur victime.

Shawn n’a pas attendu ces camarades. Il court vers le lieu où ont disparu les jeunes et voit au coin d’un immeuble qu’une porte de service a été forcée. Elle mène à un parking souterrain. Le jeune héros sait qu’il aurait dû attendre ses demi-frères et s’assurer qu’ils s’en sont sortis en un seul morceau de leur chute libre. Mais il a vu rouge quand la fille s’est fait agresser. Il devait agir immédiatement. Il sait d’avance qu’il va être réprimandé par Hayden et Max. Tout ce qui importe, c’est de sauver une innocente et de donner une bonne leçon à ses agresseurs. Une leçon qu’ils ne seront pas prêts d’oublier et qui leur fera passer l’envie de recommencer.

Une fois entré dans le parking, il recherche ces proies mais le lieu est vaste et sombre. Le jeune héros sait que chaque seconde compte et qu’il doit agir rapidement. Shawn prend son rôle très au sérieux. Il peut faire la différence et porter secours à des inconnus grâce à ses pouvoirs. Il continue à arpenter la zone, lorsque soudain il entend des cris, provenant d’un endroit sur sa droite. Shawn ne perd pas une seconde et s’y faufile en douceur, ne voulant pas être repérer avant qu’il ne l’ait décidé. Il aperçoit rapidement le groupe de fauteurs de trouble. La jeune fille se trouve au milieu d’eux, à genou sur le sol.

Elle est secouée de tremblements, ayant peur de ce qui va lui arriver. Elle regarde chacun de ces agresseurs, en espérant leur inspirer de la pitié mais elle comprend vite qu’elle n’obtiendra rien d’eux. Ils ont tous le même sourire sadique sur leurs lèvres. Personne ne viendra la sauver. Jamais, elle n’aurait pensé que sa vie prendrait une telle tournure. Elle se demande pourquoi, c’est toujours les innocents qui doivent endurer tous les tourments.

Soudain, elle entend un rire glacial provenir d’un coin sombre du parking, à une vingtaine de mètres. Les voyous font volte-face, aux aguets, ne s’attendant pas être interrompus. Ils regardent tous dans la direction d’où provenait le rire de l’intrus. Personne ne bouge, ne voulant pas prendre le risque d’aller voir ce qu’il se passe. Au cas où la personne ne serait pas seule ou qu’elle leur tendrait un guet-apens.

- Qui que tu sois, tu as intérêt à te barrer d’ici vite fait ! On est plus nombreux et on va te démolir si on tombe sur toi dit l’un d’eux, voulant obliger le mystérieux inconnu à sortir de sa cachette.

Sortant de l’ombre, Shawn apparaît comme par magie et avance lentement vers eux. Il lève les mains en l’air pour leur faire comprendre qu’il n’est pas armé. Il arbore une démarche désinvolte, voulant cacher son jeu jusqu’au bout. Les jeunes le regardent avec méfiance, se demandant pourquoi il porte une cagoule sur la tête et s’il ne cache pas une arme dans son dos. Ils se demandent qui serait assez fou pour les importuner alors qu’il suffit d’un seul regard pour comprendre qu’ils sont dangereux et qu’il ne vaut mieux pas s’approcher d’eux.

- Eh, tu t’es cru où le schizo ? Si tu veux dévaliser une banque, tu t’es trompé d’adresse.

Shawn pousse un petit rire bruyant, tout aussi glacial que le premier, amusé par la plaisanterie, avant de rétorquer :

- Je ne savais pas qu’il y avait des soirées privées, ici. J’ai dû rater l’invitation !

L’un des voyous, le plus nerveux de la bande, ne tient plus en place. Il ne supporte pas la désinvolture et l’arrogance de Shawn. Il meurt d’envie de lui faire regretter d’être venu jusqu’ici. Il se dit que si ce malade veut jouer les comiques, il est prêt à lui dessiner un sourire sur son visage avec son cran d’arrêt. Le voyou s’avance vers lui, sachant que ses camarades le couvrent au cas où une mauvaise surprise l’attendrait. Une fois arrivé à la hauteur de Shawn, il le fixe d’un regard dur, s’attendant à faire fondre la vantardise du mystérieux gêneur. Mais ce dernier ne baisse pas les yeux, le fixant longuement, sans ciller.

Le voyou finit par lui dire, d’une voix emplie de mépris :

- Tu te crois malin !

- Je dois avouer que oui ! s’exclame Shawn, d’une voix chantante

Le délinquant sent son sang monté au cerveau, il pousse un grognement animal, avant d’attraper Shawn par le col de sa veste et de le pousser sans ménagement contre un mur. Le jeune sauveur ne fait rien pour se protéger ou se défendre, il se laisse brutaliser. Toute personne normalement constituée aurait poussé un cri de douleur lorsque son dos percute violemment le mur. Mais Shawn étonne tout le monde en éclatant de rire. Son agresseur est le plus surpris. Il secoue la tête, en se disant qu’il n’a plus aucun doute sur la santé psychologique de l’individu masqué. Il lève le poing, prêt à l’abattre sur le visage de sa proie, bien décidé à lui faire perdre de sa superbe.

- Tu sais que t’es un vrai danger toi !

- Tu n’as pas idée à quel point dit Shawn, d’une voix menaçante.

Shawn se contente de poser les paumes de ces mains au niveau du torse de son agresseur. Le délinquant regarde les mains de son adversaire, ne comprenant pas où il veut en venir. Il éclate de rire avant de se tourner vers ses camarades en secouant la tête pour leur faire comprendre qu’ils n’ont rien à craindre de ce malade. Il regarde à nouveau Shawn et se promet que dès qu’il lui aura mis une bonne correction. Il lui enlèvera son masque et le lui fera manger.

- Espèce de crétin, tu comptes me faire quoi là ?

- Juste ça !

L’instant d’après, sans qu’il puisse comprendre ce qui lui arrive, le délinquant fait un vol plané en arrière d’au moins trois mètres. Il a juste le temps d’écarquiller les yeux et de pousser un cri sous la panique, avant de s’écrouler et de perdre connaissance, lorsque sa tête heurte le sol.

Shawn sourit derrière son masque. Il a réussi une nouvelle expérience tout en sachant qu’il aurait d’abord dû la tester, à l’abri de tout regard. Même si son adversaire mérite ce qu’il vient de lui arriver, le jeune français ne veut pas avoir sa mort sur la conscience. Il a déjà suffisamment de sang sur les mains, pas besoin de rajouter celui d’un délinquant stupide. Lorsque ce dernier s’est écroulé au sol, il a entendu un craquement bien significatif. Shawn est sûr que son agresseur s’est brisé le bras dans sa chute. L’idée que le jeune homme souffrira affreusement en se réveillant, apporte un peu de réconfort au fils de Satan.

Shawn a pu reproduire la même réaction que lorsqu’il utilise son pouvoir pour créer des boules de feu. Le gaz qui se dégage de ses paumes et qui dans une réaction chimique créent les boules de feu ou lui permet également de voler dans les airs, peut aussi lui servir d’une autre manière. Comme il vient de le prouver en s’en servant comme d’un champ de force. Il a encore beaucoup à apprendre sur les forces insinuées en lui.

Par contre, les camarades du délinquant ne semblent pas apprécier son tour de magie. Ils se regardent entre eux, se demandant comment ce malade a pu réaliser une telle prouesse. L’un d’eux sort un revolver accroché à sa ceinture, il s’agit d’un magnum 357. Une arme assez impressionnante par sa taille et par le diamètre de son canon. Shawn en a vu beaucoup dans les films policiers, surtout ceux avec Clint Eastwood. Il sait que cette arme peut faire de gros dommages. Sans plus de cérémonie, le délinquant ouvre le feu dans sa direction.

Annotations

Versions

Ce chapitre compte 1 versions.

Vous aimez lire Tewfik Alimoussa ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0