chapitre 35 : LE RETOUR DU PRODIGE PARTIE 2

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Appartement de Sarah Buttler. La jeune femme lutte pour ouvrir les yeux, après que l’alarme de son réveil l’ait sorti de ses songes. Elle l’éteint du plat de sa main en poussant un soupir, avant de se réfugier sous les couvertures. Elle n’a aucune envie de se lever, mais plutôt de flemmarder au lit. Elle s’est couchée assez tard, après s’être rendu compte qu’elle piquait du nez devant ses révisions. Elle a compris qu’il était inutile de persister, elle n’était plus en mesure de mémoriser quoique ce soit.

Sarah tend son bras vers la gauche, habituée depuis peu à sentir le corps chaud de son amoureux. Sauf que cette nuit, l’autre coté du lit est resté vide. Personne avec qui partager sa couchette. D’habitude cela ne l’embêterait pas outre mesure, aimant son indépendance. Elle n’apprécie pas le fait de dépendre de quelqu’un. Durant ses anciennes relations, elle avait toujours mis un point d’honneur à ce que chacun garde son indépendance. Sarah a eu son long de prétendants collants et elle ne veut plus se sentir étouffée par quelqu’un.

Mais malgré toutes ses convictions, elle doit avouer que le jeune français lui a terriblement manqué cette nuit. Sarah aurait donné cher pour se sentir en sécurité dans ses bras et se réveiller à ses côtés. La jeune amoureuse sent comme un vide dans sa poitrine, un manque et elle doit reconnaître que c’est une sensation très désagréable. Elle a l’impression de ne plus avoir de souffle et qu’elle a besoin de Shawn pour pouvoir respirer normalement. Elle n’avait jamais ressenti cela pour personne, elle se sent vulnérable. Un sentiment nouveau pour elle.

La jeune américaine se dit que c’est sans doute ce que les personnes ressentent lorsqu’elles sont profondément amoureuses. Si un jour, on lui avait dit qu’elle connaitrait le véritable amour. Elle aurait éclaté de rire, cela remonte à longtemps qu’elle ne croit plus au prince charmant. Comme quoi la vie réserve toujours son lot de surprises et s’amuse à faire voler nos certitudes. Finalement, les contes de fée existent.

Au moment où elle sent la douce sensation de succomber à nouveau au sommeil, Jamie tambourine fortement à sa porte, avant de lui crier de se lever. C’est son deuxième réveil ! Sarah pousse un grognement pour lui faire comprendre qu’elle a compris le message. La jeune femme n’est pas du tout une personne matinale, elle aime les grasses matinées…crapuleuses si possibles. Mais l’université ne l’entend pas de cette oreille. La jeune fille a de grosses difficultés à sortir de son lit le matin. Ils ont donc mis au point une méthode, lorsqu’elle et Jamie commencent les cours en même temps. Il doit la réveiller, quitte à la bousculer. Ce qui est déjà arrivé par le passé.

Sarah sort de sa chambre après avoir rapidement enfilé un peignoir. Elle se dirige vers la salle de bains, mais Jamie occupe déjà les lieux. Sarah lui a déjà fait remarquer qu’il peut parfois être plus long qu’une femme pour se préparer. Jamie aime bien prendre son temps pour se faire beau et séduire la gente féminine. Même si le résultat n’est pas souvent à la hauteur de ses espérances. Sarah pousse un soupir, n’ayant aucune envie d’attendre que son colocataire ait fini de se pomponner.

- Tu n’es vraiment pas un gentleman ! On ne t’a jamais appris qu’il faut toujours laisser passer les filles en premier.

- J’y penserai la prochaine fois dit Jamie, avant d’éclater de rire.

- Oh, je te jure, t’es irrécupérable !

- Shawn n’est pas venu finalement ?

- Non ! s’exclame t’elle en faisant la moue.

N’ayant aucune envie de faire le pied de grue devant la salle de bains, Sarah se dirige vers la cuisine. Décidée à se préparer un petit déjeuner. Lorsque des coups sont frappés à la porte d’entrée. Elle fronce les sourcils, n’attendant aucune visite, surtout à une heure aussi matinale. Elle ne peut s’empêcher d’être surprise, lorsqu’elle découvre son cher et tendre sur le palier. Ce dernier sourit et tient entre ses mains, une boite en carton, d’où se dégage une délicieuse odeur de pâtisserie. Sarah oublie sa tristesse et saute au cou de son amoureux, avant de l’embrasser passionnément. Shawn aimerait la serrer contre lui mais il est gêné par la boite qu’il tient.

- Qu’est ce que tu fais là ? Tu n’as pas cours ce matin ? demande Sarah.

- Non, je ne commence qu’à 13h, mais je voulais m’excuser pour hier. Je voulais vraiment venir, mais ça c’est finit trop tard.

- Tu n’avais pas besoin de faire tout ça ! En plus je sors tout juste du lit, je dois être affreuse dit elle, en baissant la tête, avant de la couvrir de ces mains.

- Arrête ! Tu es magnifique et je peux t’assurer que j’en avais vraiment envie, je ne me suis pas du tout forcé dit Shawn, tout en lui relevant le menton, avant de déposer un doux baiser sur son front.

Sarah le fait entrer et se dirige vers la cuisine pour se préparer un bon chocolat chaud. C’est fou comment le fait de voir son amoureux la rend si légère, si radieuse. Son sourire sur les lèvres ne veut pas disparaître et elle se sent d’excellente humeur. Shawn la suit et pose son achat sur la table en bois. Il ouvre la boite, à l’intérieur trône six donuts frais, tout juste sortis de chez « Dunkin Donuts » (il s’agit d’une chaîne de donuts et de bagels très connue et très appréciée aux états unis). Sarah sourit en reconnaissant son parfum préféré « le donuts à la crème », Shawn pense vraiment à tout. Elle se tourne vers lui et l’enlace tendrement avant de l’embrasser pour un long baiser passionné. Auquel Shawn peut enfin répondre avec vigueur.

- Tu as passé une bonne soirée ? demande Sarah, une fois que leurs lèvres se sont séparées.

- Assez bonne, je dois dire dit Shawn, repensant à la raclée que les délinquants ont subie.

Jamie sort de la salle de bains, habillé et les rejoint dans la cuisine. Il salive d’un air gourmand, après avoir aperçu les pâtisseries apportées par son camarade.

- Quelle surprise ! En tout cas, tu as mon accord pour refaire ça quand tu veux dit Jamie, en attrapant le premier donuts qu’il voit sous les yeux.

- On te fera un double des clefs, ce sera plus simple pour l’avenir. Tu pourras venir, peu importe l’heure.

Shawn regarde Sarah, les yeux grands ouverts. Il ne s’attendait pas du tout à une telle proposition. Il n’a pas eu beaucoup de relations amoureuses, mais il sait que lorsqu’en arrive à l’échange des trousseaux de clefs. Cela signifie que les deux personnes ont atteint un nouveau stade dans leurs relations. Sarah s’en rend compte en voyant la tête de Shawn et s’empresse de dire :

- Mais peut être que c’est encore un peu tôt !

- Oh non ! J’adorerai avoir un double des clefs. C’est juste que je ne m’y attendais pas c’est tout.

Jamie s’empare d’un deuxième beignet avant de retourner dans sa chambre, voulant laisser les deux tourtereaux discuter en privé. Une fois seuls, Sarah se tourne vers Shawn, lui prend les mains et le regarde droit dans les yeux, en souriant, avant de dire :

- J’ai confiance en toi et je t’aime. C’est tout ce que j’ai besoin de savoir.

- Je t’aime comme un fou.

- Mais moi, je t’aime plus dit Sarah, d’un sourire malicieux.

- Je ne crois pas non.

- Tu veux mettre mon amour à l’essai ? demande Sarah, sur un ton de défi.

- Ce serait dur de pouvoir juger un degré d’amour. Je ne suis pas assez fort en maths pour ça.

- Petit joueur !

Shawn enlace sa dulcinée, avant de l’embrasser tendrement dans le cou, ce qui a le don d’éveiller les désirs de sa partenaire. Elle se tourne vers lui, avec un sourire complice sur les lèvres.

- Tu as de la chance que j’aie cours, sinon, je me serai occupé de ton cas !

- J’adore quand tu t’occupes de moi. En tout cas, merci pour les clefs, ça me touche beaucoup et tu ne le regretteras pas.

- Pas besoin de me le dire, je le sais déjà ! s’exclame t’elle, en lui jetant un clin d’œil complice.

Après avoir fini de se préparer, les trois amis se rendent ensemble sur le campus universitaire. Jamie abandonne les deux tourtereaux, ayant cours dans un autre bâtiment. Shawn accompagne Sarah, jusque devant sa salle de cours. Ils ont du mal à se séparer, ayant un besoin constant de sentir le contact de l’autre. Ils ne font plus qu’un et ce n’est pas eux qui trouveront quelque chose à redire sur le sujet.

- Tu aurais pu rester chez toi à dormir, au lieu de te lever si tôt, rien que pour moi.

- Pour toi et pour les donuts dit Shawn, en souriant.

- Ah oui, les donuts ! Il ne faut pas les oublier ceux là.

- Je vais aller me recoucher, mais je voulais te voir dès que possible. J’en avais besoin.

- Tu es vraiment trop mignon. C’est ok, je te garde comme petit ami.

- C’est trop gentil. J’avais peur de ne pas passer la période d’essai rétorque Shawn, rentrant dans le jeu de son amie.

Ils s’embrassent une dernière fois avant que Shawn la laisse malgré lui, pénétrer dans sa salle de cours. Il se dirige ensuite vers la sortie. Lorsqu’il tourne dans un couloir, il percute de plein fouet un homme, qui arrivait de la droite. Sous le choc, l’individu fait tomber son sac sur le sol. Shawn s’excuse avant de ramasser le sac et de le donner à la personne, qui n’est autre que Constantine. Ce dernier vient tout juste de prendre ses fonctions.

- Je suis vraiment désolé, je ne vous avais pas vu arriver s’excuse Shawn.

- Pas de soucis, j’avais la tête ailleurs. C’est de ma faute répond Constantine.

Le détective espère que l’appareil qui est dans son sac, n’a pas souffert du choc et qu’il est encore opérationnel.

- Vous pourriez m’indiquer la salle des professeurs, je viens d’arriver et je dois avouer que je ne connais pas encore les lieux. Je sais que ça craint en temps que surveillant.

- Ne vous en faites pas, il m’a fallu plusieurs semaines avant de pouvoir m’y retrouver. Vous prenez l’escalier sur la droite, c’est au deuxième étage, troisième porte à gauche explique Shawn.

- Merci. C’est gentil à vous.

- De rien répond Shawn, avant de prendre congé.

Constantine le regarde partir et s’en veut de ne pas avoir été plus vigilant. Il vient à peine d’arriver et se fait déjà remarquer. Pas vraiment ce qu’on peut appeler faire profil bas. Il secoue la tête, se disant qu’avant, cela ne serait jamais arrivé. Il était beaucoup plus prudent et alerte. Constantine se demande si avec l’âge, il ne serait pas devenu moins vigilant. Cross junior se serait bien moqué de lui s’il l’avait vu.

Il s’assure que personne ne se trouve dans les couloirs, avant d’ouvrir son sac. L’appareil remit par Thompson pour repérer ses proies semble intacte. Constantine pousse un soupir de soulagement et s’empresse de reprendre sa route.

Le nouveau surveillant a menti à Shawn. Il ne cherche pas du tout la salle des professeurs. Constantine fait un tour de repérage afin de localiser les portes de sortie au cas où il devrait évacuer d’urgence le campus. Le plan remis par Peterson a été d’une grande utilité. Il préfère ne pas se fier entièrement à celui-ci, mais voir les accès de ses propres yeux. Il s’engouffre dans un couloir désert, tout en sifflotant.

Durant la pause déjeunée, Jamie sort d’un bâtiment, sentant le besoin de prendre un bol d’air frais. L’étudiant a cru qu’il allait s’endormir en amphithéâtre, tellement le cours auquel il a assisté, était soporifique. Il était en train de se diriger vers le self-service afin de retrouver quelques camarades, lorsqu’il remarque Scarlett. Cette dernière est debout contre un poteau, et fume une cigarette. Il hésite quelques secondes avant de finalement avancer vers elle. Jamie ne saurait l’expliquer mais depuis quelques temps, il se sent attiré par cette fille. Pourtant elle est tout le contraire des personnes qui lui plaisent normalement. Jamie aime les filles blondes à forte poitrine naïves et romantiques. Ce qui ne correspond aucunement au profil de la jeune gothique.

Elle est froide, le teint pâle et le regard sévère. Mais en même temps, il se dégage quelque chose d’elle, une sorte d’aura qui la rend attirante. Jamie ne se fait pas d’illusions, il sait qu’il n’a aucune chance de la conquérir. Mais ce n’est pas ce qui l’arrêtera. Lorsqu’il arrive à sa hauteur, il attire son attention en lui faisant un signe de la main. Scarlett sort à contrecoeur de ses rêveries et se tourne dans sa direction. Mais elle n’a pas l’air d’avoir envie de faire la conversation. Cela se lit sur son visage.

- Hé, salut ! Comment ça va ?

- Hum ! se contente de dire Scarlett, en le saluant d’un signe de la tête.

- Je ne sais pas si tu te rappelles de moi, je suis un ami de ton voisin Shawn.

- Je ne souffre pas encore d’Alzheimer à ce que je sache répond Scarlett, sur un ton sec.

Jamie ne sait pas s’il doit s’excuser ou se sentir outré. Finalement il se contente d’ébaucher un petit sourire au coin des lèvres. Jamie se demande s’il n’est un peu maso de vouloir engager la conversation avec elle. Il se ridiculisera moins en faisant tout de suite demi-tour. Elle ne fait aucun effort pour alimenter la conversation, ce qui l’oblige à continuellement relancer la discussion. Soudain, Jamie remarque les affiches que la jeune fille tient dans sa main.

- C’est pour quoi ? Qu’est ce tu prépares ?

Scarlett hésite quelques secondes, n’ayant pas très envie de se confier, mais finit par dire :

- Ce sont des affiches faites avec mon groupe de rock. Je vais essayer de les accrocher dans des bars et voir si on peut jouer quelque part.

- C’est vrai ! s’exclame Jamie, trouvant l’idée excellente.

- Oui, pourquoi ? Tu penses que c’est une idée stupide ? demande Scarlett, sur un ton agressif.

- Au contraire, je trouve ça géniale. Je vois que tu es toujours en mode défensive !

Scarlett ne répond pas, mais se détend quelque peu. La jeune gothique sait qu’elle n’a pas un caractère facile. Mais en même temps, si les personnes n’aiment pas sa façon de se comporter, cela ne va pas l’empêcher de dormir. Elle vit la vie qu’elle veut mener et le reste, elle s’en fiche. Scarlett aimerait parfois être moins agressive mais elle a tellement été déçue dans le passé, qu’elle se protège comme elle peut. Elle agit ainsi depuis tellement d’années, qu’elle ne saurait plus se comporter différemment.

- Tu sais, où tu vas aller ?

- Pas vraiment, je vais faire la tournée des bars du centre ville.

- Si tu veux, je peux en parler à Sarah. Elle travaille dans un bar et le propriétaire est un bon ami. Je suis sûr qu’il serait d’accord pour vous laisser jouer.

- Je ne veux pas de traitement de faveur dit Scarlett, en secouant négativement la tête.

- Tu ne veux surtout pas te sentir redevable. Mais rassures toi, je ne te demanderai rien en échange dit Jamie, qui a compris comment raisonne la jeune gothique.

- C’est vrai ça ? demande la jeune fille, en le fixant longuement, cherchant le piège.

- Ok, j’avoue juste une chose. Si tu pouvais sourire de temps en temps, j’en serai le premier heureux.

- Je crois que je peux y arriver dit Scarlett, se déridant un peu.

Jamie sourit, content de sa petite victoire. Il est sûr que Sarah ne verrait aucun inconvénient à ce que Scarlett colle des affiches au bar. Il est même prêt à s’occuper des corvées à l’appartement si cela peut jouer en sa faveur. C’est pour dire à quel point, il veut que Scarlett le traite avec un peu plus de sympathie. Jamie se dit que ce serait un bon début et qui sait ce que la suite pourrait donner. Son esprit commence à fantasmer à des situations érotiques.

Après une discussion de quelques minutes, la jeune fille le quitte afin de retourner dans sa chambre d’étudiante. Jamie aurait aimé la suivre, prétextant qu’il doit rendre visite à Shawn. Mais il ne veut surtout pas qu’elle le considère comme un gars lourd ou collant. Il la regarde partir et pousse un soupir amoureux. Il préférait ne pas éprouver ses sentiments pour elle, sa vie en serait plus simple. Il est sûr que ce serait plus facile de monter au sommet du mont Rushmore à mains nues que de réussir à attirer la gothique dans ses bras. Mais Jamie se console en se disant que des miracles arrivent tous les jours… alors pourquoi pas pour lui.

Il a aussi le droit de connaître l’amour. Mais pour le moment, il en est encore très loin. Jamie va devoir y aller étape par étape. Tout en sachant que le moindre faux pas sera rédhibitoire. Scarlett n’est pas le genre de femme à laisser une deuxième chance à qui que ce soit. Il regarde sa montre, il lui reste 45 minutes avant de devoir retourner en cours. Il se dirige vers le self-service. L’effort que lui a demandé cette discussion lui a ouvert l’appétit.

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