Poème
27 Juin 1952.
Ange, cet hommage est pour toi.
Ce poème, un jour, me rendra poètesse
Je l'ai écris pour qu'on se souvienne de moi
Je composerai ces vers avec délicatesse.
Oh, Ange, tu es partie
En me laissant toute seule
Dans cette triste vie
Et te voilà dans ton linceul
Oh, Ange, un jour, je serai
Comme Hugo, Sand, Du Bellay
Lue, aimée, acclammée, je le sais
Je serai une poétesse dont on se souviendra à jamais
Oh, Ange, mais tant de rêves meurent
Sans qu'on les ai vécu
Ange, je pleure et j'ai peur
De la douleur d'être déçue
Oh, Ange, tu es partie, et j'ai mal
La vie passe si vite, sans qu'on la vive vraiment
Et comme dans un poème, quand vient le point final
On reste là, regrettant certains évenements
Qu'on aurait pu écrire
Ou encore, éviter
Quand viendra mon heure de partir
Qu'aurai-je à regretter ?
Oh, Ange, rien, j'espère
On lira mes poèmes ; des recueils tristes et beaux
Lorsque je serai 6 pieds sous terre
Allongée sous le marbre d'un tombeau
Oh, Ange, un jour
Je serai poétesse
On s'arrachera mes poèmes, on en parlera toujours
On évoquera mon nom comme celui d'une princesse
Je laisserai ce poème
Dans une malle neuve
Achetée chez Madame Dufrème
Tu sais, la pauvre veuve
Un jour, on trouvera cette malle
Oh ! Bientôt, j'espère
Avec ce poème où je dis que j'ai mal
Et que je désespère
Alors, on parlera de moi
Cette feuille à peine froissée deviendra un trésor
Ce poème, que j'aurai rédigé pour toi
Un jour vaudra sûrement de l'or
Oh ! Mais tant de rêves prennent fin
Sans qu'on les réalise
Peut-être écris-je en vain
Peut-être ne trouvera-t-on jamais cette valise
Mais, Ange, oh, j'ai rêvé
Et c'est la plus belle des choses
J'ai vécu, j'ai écris, j'ai aimé
Et je laisserai ce poème dans cette malle rose, afin qu'il s'y repose...
Annotations
Versions