La noyée
Non ! Ne t'aventure pas dans ces eaux !
Il y a cent ans, ce sont elles qui ont gelé ses os !
Elle demeure là-bas, emprisonée pour l'Eternité,
Elle demeure là-bas : on l'appelle "La Noyée".
Qui sait combien d'imprudents elle a tiré à elle ?
Des yeux océan, des renoncules d'eau dans les cheveux : elle est tellement belle.
Elle te chantera des airs, telle une sirène,
Te charmera avec sa cheveulure, couleur d'obsidienne.
Sa robe jadis blanche est maintenant défraichie,
A cause des vagues et des années, le cady a jauni.
Elle n'est plus qu'un fantôme, un spectre, une revenante,
Ne la regarde pas : sa beauté aveuglante
Sera la raison pour laquelle, de ta barque, tu tomberas,
Et au fond de ces eaux algides, elle t'emmenera.
Elle est la Noyée, la morte, l'inconsolable,
Elle n'est pas qu'une légende, elle n'est pas qu'une fable.
Ne la regarde pas, ou le sort que tu subiras
Sera le même qu'elle, il y a cent ans, déjà.
Qui sait combien de gens elle a emporté avec elle ?
Charmés par sa vénusté surnaturelle,
Ils ont sauté de leurs barques, pour la retrouver,
Et, au fond du lac, elle les a emportés.
Elle est la Noyée, le fantôme d'une âme,
Qui, quand elle était en vie, était une bien jolie dame,
Mais son coeur ne bat plus, et elle n'est plus en vie,
Mais sa robe jaunie est la seule qui a veilli,
Son visage est le même qu'il y a cent années,
Quand, dans ces eaux algides, un jour, elle est tombée.
Elle est la Noyée, et si oses lui rendre visite,
Dans ce lac sombre, elle te précipite,
Et à ton tour, tu hanteras ces eaux algides,
Empreintes de légendes, et pourtant, si placides.
Non ! Ne t'aventure pas dans ces eaux.
Comme la Noyée, elles géleront tes os...
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