2. La ruelle
Il marche vite et me devance de plusieurs mètres. Bien que j’accélère la cadence pour ne pas le perdre de vue, je prends également garde à ne pas me tordre une cheville sur la chaussée inégale de la ruelle.
Le soleil s’est couché, et les ombres envahissent peu à peu mon chemin, comme pour m’avertir que je suis en train de m’égarer en suivant cet homme. Quelle folie m’habite ? Il a disparu à un tournant, je ne le vois plus. La ruelle est vide. Seul le claquement de mes talons fait écho à mon cœur inquiet.
Soudain, à hauteur d’une porte cochère, on me saisit par le bras pour m’entraîner sous la voute. Je me retrouve plaquée contre un corps inconnu, derrière une immense porte en bois massif, à l’entrée d’une cour pavée que la lumière du crépuscule fuit à chaque seconde qui s’écoule. Surprise et choquée par ce geste, ma gorge est restée tétanisée et je n’ai pas pu crier. J’ose à peine respirer lorsque je lève les yeux pour m’assurer que cet homme est bien mon inconnu.
Il me dévisage calmement, un sourire espiègle sur les lèvres. J’esquisse un sourire à mon tour. J’ai rêvé cette proximité sans jamais oser vraiment l’appréhender. Jusqu’à ce jour. Je suis happée par l’intensité de ses yeux verts qui expriment à la fois de la bienveillance à mon égard, et quelque chose de plus… sombre. Quelque chose qui suggère la prédation. Je pensais être chasseuse, et voici soudain que face à lui, c’est moi qui me sens proie. Je ne dois pas le laisser mener totalement le jeu. Mais quelle attitude adopter désormais ?
L’endroit est désert, propice aux douces folies qui se profilent dans mon esprit. Il hausse un sourcil, l’air à la fois bluffé et amusé, alors que je glisse mes mains sous mon manteau et sous ma jupe pour tirer sur ma lingerie et la faire glisser le long de mes jambes. Lorsque j’enjambe ma culotte pour la retirer complètement, je perds l’équilibre et me rattrape maladroitement à lui. J’ai peur qu’il se moque de moi, mais il me fixe désormais sans sourire. Un pli sérieux entre les yeux, il attend la suite.
Je lui tends en tremblant le morceau de tissu bordé de dentelle. Sa main effleure la mienne lorsqu’il accepte l’offrande. Mes lèvres s’entrouvrent, mais je retiens mes mots. Son regard, dans lequel je plante le mien, est comme une injonction. « Dis-le ! », semble-t-il me dire.
— Touchez-moi, soufflé-je.
Les jeux sont faits. C’est à croire qu’il n’attendait que ces mots pour poser ses mains sur moi. Mon cœur bat à tout rompre. Avec des gestes fermes et délicats, il entreprend de me débarrasser de mon manteau qu’il laisse tomber à terre…
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