Partie I - Troisième chapitre
Sans nul doute, l'Été s'en était définitivement allé ailleurs poussée par la fine pluie et l'air frais qui régnaient. Juliette semblait particulièrement déprimée. Pour cause, elle ne se retrouvait pas avec Églantine cette année et ça la contrariait, parce qu'elle n'aurait plus les même habitudes. Juliette aimait ses petits rituels, discuter en attendant le professeur dans le couloir, s'asseoir le dos collée au radiateur une fois sur deux échangeant avec sa meilleure amie, Prétexter l'infirmerie pour s'échapper des cours pendant une bonne demi heure. Elle ne pourraient plus se couvrir comme elles le faisaient avant.
Comment Églantine allait procéder si elle arrivait en retard et que Juliette n'était pas là pour interpeller le professeur ? Comment allait-elle faire lorsqu'elle dormirait sur la table et qu'il faudrait que Juliette la réveille avant qu'on ne le remarque ? Qui allait la faire rire ? Juliette était complètement abattue. Par le plus heureux des hasard. Elles se rejoignaient ensemble dans les options Sciences Politique, Sports et Langues. Juliette s'était empressée d'arracher des mains le cahier de correspondance d'Églantine et elle avait crié de joie quand elle avait fait coïncider les deux emplois du temps. Elle pourrait veiller sur Églantine. C'était tout ce qu'elles avaient fait depuis aussi longtemps qu'elles se connaissaient. Elles comptaient l'une sur l'autre.
Pour le plus grand malheur d'Églantine, son tout premier cours de l'année était une matière scientifique et elle détestait ça.
_ Dis moi, ce week-end, il y a une fête de rentrée chez Niall Horan. Je sais, enfin je veux dire. On est pas invitée tu sais mais j'aimerais vraiment y aller. C'est notre dernière année de Lycée Églantine. On ne peut pas louper ça.
Églantine s'était sentie tout d'un coup oppressée
_ Je sais mais qu'est ce que tu veux que j'y fasse ? On peut faire quelque chose toutes les deux, Samedi soir, ça fait longtemps et ça serait peut être mieux? Il va y avoir toutes les ces filles qu'on ne supportent pas tellement de première année et dernière année confondues. On ne s'amusera sûrement pas. Je suis désolée Juliette. Je ferais tout pour que tu passes une bonne soirée, c'est promis !
Églantine mentait, si il y avait une soirée quelque part, elle s'y trouvait, surtout si Liam était dans le coup. il s'agissait juste de son désir absent pour s'y rendre. Sa dernière soirée lui avait laissée un souvenir plus qu'amer, un traumatisme et elle avait peur de réitérer l'expérience. Elle se pensait ingrate parce que sa meilleure amie le voulait et elle aurait pu réaliser ce souhait mais Juliette aurait refuser d'y aller sans elle. Églantine ne pouvait pas s'y rendre, c'était beaucoup trop pour elle. La peur s'infiltra déjà dans ses veines rien qu'à cette simple pensée..
_ Et bien, je me disais que comme ton nouveau partenaire de classe est Harry. Tu pourrais faire quelque chose. Horan est son meilleur ami mais tu as raison, une soirée toute les deux, c'est géniale.
Églantine percevait le ton désabusé de Juliette dans ses paroles. Elle mentait aussi. Elle savait bien que Juliette avait un faible pour Niall Horan depuis la première année de Lycée. Elle s'évertuait à dire le contraire et à le nier mais le gris de ses yeux la trahissait à chaque fois qu'on énonçait son prénom. Ils étaient pétillants d'émotions. Églantine ne risquait pas de passer à côté de ça.
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_ Ouvrez vos livres page cent cinquante-huit, les exercices à effectuer sont les numéros vingt-deux jusqu'aux trente-et-un. Vous pouvez vous entre-aider pour la fin du cours.
Églantine soupira. Elle n'avait pas la foi d'entamer un seul de ses exercices après une heure trente de révisons sur les logarithmes. Elle se pencha sur son livre de mathématique et n'arrivait pas à se concentrer. Il faut dire que les conditions de travail n'y était pas. Elle était sollicité par ses camarades de toutes parts de la classe et surtout la table n'était pas assez grande pour Harry et elle. Il ne partageait pas un livre pour deux et les deux bouquins étaient sur le bureau prenant la moitié de la surface. Elle n'avait même plus de place pour écrire sur une feuille.
Elle s'irrita. Il allait falloir faire des compromis. Liam l'interpella à sa droite au bureau d'à côté.
_ Églantine ? Tu voudrais pas qu'on aille traîner avec la bande ce soir au parc ? J'ai ce qu'il te faut.
_ On se rejoint à la sortie ? Faut que j'attende Juliette.
_ OK.
Liam Payne avait cette image d'adolescent mystérieux, qui se cachait derrière son blouson en cuir et sa drogue pour ne pas montrer qu'il était en détresse. C'était un garçon livré à lui même. Églantine aurait pu dire qu'il incarnait son double mais Églantine se camouflait encore et toujours derrière une réalité qui n'était pas la sienne. Elle avait une famille. Ils étaient juste mal agencés, organisés, ajustés. Il suffisait qu'Églantine règle un peu son humeur, comme sa mère et son frère et tout irait mieux.
Églantine se rassura comme elle le faisait si bien chaque fois.
Elle jeta un coup d'œil à Harry. Il était silencieux. Sa concentration et sa détermination l'impressionnèrent. Il ne parlait à personne et restait focaliser sur les exercices. Il en avait déjà pratiquement terminé avec le quatrième quand elle n'en était qu'au premier. Elle s'attarda sur son écriture penchée et fluide et elle remarqua qu'il était gaucher. Une constatation qui n'avait aucune importance mais qu'elle retenue tout de même. Andréa et Clémentine gloussaient et se retournaient souvent pour observer Harry. Leurs messes basses ne laissaient peu de secret sur ce qu'elles pouvaient relater. Il était certain qu'Églantine ne faisait pas partie de leur sujet de conversation. Elles n'avaient même pas osé lui demander son aide pour les exercices. Cette astuce leur aurait permis sans doute de pouvoir lui adresser la parole. Cependant, Églantine discernait un côté inaccessible chez lui. Elle ne savait pas si c'était dû à son attitude plutôt froide, à son physique impressionnant ou tout simplement à son argent, mais elle voyait quelque chose en lui qu'elle ne percevait pas chez ses camarades. Ses pupilles racontait une histoire qui ne résonnait pas comme celle des autres
Il n'avait pas dit un mot. Deux heures qu'ils étaient assis l'un à côté de l'autre et ils n'avaient rien échangé. Cette année promettait d'être ennuyeuse.
Le reste de la journée se déroula de la même manière. Il n'adressait la parole à personne sauf à Niall qui lui jeta un regard furtif en philosophie pour la dernière heure de cours.
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Les effets du Cannabis furent immédiat sur Églantine. Elle se sentait légère. Elle flottait. Elle était dans son monde et elle vivait tout au ralenti mais c'est ce qu'elle aimait. Le joint lui permettait de vivre pleinement l'instant présent, sans se soucier de tout ce qui l'empêchait d'en profiter. Elle était avec Juliette, Liam, Zayn et Louis, tout le monde planait plus ou moins. Juliette moins. Églantine soupçonnait que Juliette ne fume seulement par conformisme et pas par réelle volonté ou besoin. D'ailleurs, elle pensa qu'il serait bien de lui en toucher deux mots.
_ Alors, Églantine comment c'est d'être à côté de Styles ? Demanda soudainement Zayn.
_ C'est calme, la plupart du temps, à part quand ces fans viennent roucouler sous son nez, qui est aussi sous le mien du coup. ça c'est un peu agaçant, mais rien de dramatique.
_ Tu m'étonnes. Elles en ont toutes après son pognon. Parce que c'est à peu près tout ce qu'il a pour lui. Cingla Liam.
Elle considéra cette remarque tout à fait gratuite, et méchante. Elle fronça les sourcils et se ravisa. Elle était trop bien pour débattre du sujet Styles. Ils n'y avait que ces trois là qui ne l'appréciaient pas. Il retenait beaucoup l'attention. Peut être était-ce pour ça qu'il se faisait détesté quelque fois. Églantine n'en savait trop rien. En fait, elle s'en était fichue pendant deux années et elle n'allait pas commencé à résoudre la problématique seulement cette année. Elle se plaisait à passer des moments avec Liam, Louis et Zayn et même si ils dealaient, ça restait son fournisseur et elle ne pouvait pas abandonner la sensation qu'elle ressentait en ce moment même. Elle aspira une autre taffe, et la fumée toxique remplit ses poumons, puis elle expira en soufflant de bien être.
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_ Comment s'est déroulé ta première journée de cours mon chéri ?
_ Comme une première journée Maman, rien à signaler. Je monte dans ma chambre. j'ai une tonne de devoirs.
C'était faux. Harry voulait se dérober. Il n'avait pas envie d'être confronter à l'interrogatoire de sa mère. Il se dirigea immédiatement à l'étage le long de l'interminable corridor qui mena à sa suite. Tout était bien trop grand ici, trop immaculé de blanc, trop impersonnel, mais Harry en avait pris l'habitude. Cette maison reflétai l'image de sa famille. Éloignée. Cette journée avait été particulièrement éprouvante pour lui. Beaucoup de monde au lycée l'estimait bien, et il avait l'habitude d'être entouré tout en étant solitaire. Il aimait être seul, et il devait se concentrer sur son but. C'était d'ailleurs ce qu'il avait fait. Il n'avait pas raté un seul exercice de ses professeurs. Il avait été très attentif et la seule personne qui était en capacité de le déranger était Niall. A la dernière heure, Niall arrivait à saturation, non pas des cours mais d'Aurore Woods. Il s'avérait qu'Aurore Woods était très intéressé par Harry. Elle se pensait comme lui. Une excellente élève, active en classe, ambitieuse, toujours très volontaire et sans nul doute plutôt jolie. Oui, mais voilà, Harry n'y voyait pas une potentiel petite amie. Seulement, une camarade de classe qui pourrait enfin le comprendre à propos de ses ambitions. Aurore Woods était une fille qui avait aussi de l'argent. Ses parents étaient chirurgiens de professions, et si elle était vraiment attiré par lui, ce n'était peut être pas pour une raison financière, enfin il espérait.
Ce qui l'avait exaspéré, c'est qu'il soit entouré de personnes qui ne l'aimaient pas. Liam était à sa gauche et Églantine, son binôme en classe était une amie de Liam, par conséquent, il en concluait qu'elle le détestait, parce que Liam ne le tenait pas dans son cœur. Puis, après tout, elle n'avait pas sollicité la conversation avec lui. Églantine n'était pas du tout timide, puisqu'il la connaissait pour ses frasques de ses deux dernières années. Elle n'était pas une bonne personne à côtoyer. L'année allait être longue, très longue.
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Vendredi arriva très vite. Églantine était en retard ce jour là. Sa mère lui avait ordonné de ranger son armoire trois minutes avant qu'elle ne doive partir. Lorsque sa mère lui donnait un ordre elle s'écrasait toujours. Sa mère l'effrayait énormément. Elle avait peur de ses limites, elle était horrifiée à l'idée que sa mère n'en eut pas. Elle resta derrière sa fille à l'observer ranger parfaitement toute son armoire pendant trente deux minutes exactement. L'armoire d'Églantine était en réalité dans un état plutôt correct mais elle pensa que si sa mère lui exigeait de replier ses affaires c'était pour son bien.
_ Tu es en retard Églantine. Si tu te fais virer de classe, tu l'auras mérité. Dépêche toi.
Églantine avait parfois l'impression de devenir schizophrène. Comment ne pas l'être ? Sa mère procédait toujours de la même manière. Elle lui reprochait un fait, qu'elle tentait tant bien que mal de corriger pour qu'au final le reproche soit toujours et encore là. C'était fatiguant. La journée promettait d'être difficile.
Elle avait cours d'Economie ce jour là, et elle savait qu'elle pouvait essayer de passer la porte sans mot de retard, et par conséquent sans passer par la case "retard"
_ Églantine, déjà en retard, la première semaine. Dépêchez vous de vous asseoir.
_ Oui. navrée. j'ai malheureusement croisé le mauvais réveil en route Monsieur Dit elle tout sourire.
Elle fonctionnait toujours de cette manière. Ce qu'il s'était passé n'était qu'une illusion. Elle n'avait pas vraiment vécu ce passage avec sa mère. Elle niait ses émotions alors qu'elle s'était effondrée sur le chemin et reprit cette façade qu'elle adoptait, cette muraille qui dissimulait ses sentiments meurtris et laissait place à une fille pleine de malice, qui aimait provoquer son entourage. Il n'y avait que Juliette pour savoir à quel point tout était incohérent entre sa vraie personnalité et celle qu'elle se donnait en cours.
Elle s'assit au fond de la classe, Liam lui lança un petit rictus, qu'elle lui rendu. Tout le monde pensait qu'elle l'avait fait exprès et c'est ce qu'elle souhaitait mais ce matin, ça n'allait juste pas du tout. Alors elle se recroquevilla sur sa table juste après avoir sortie ses cours. Elle avait tellement besoin de dormir et de cannabis. La drogue l'aidait beaucoup à dormir et c'est pour ça qu'elle aimait cette substance illicite.
Harry s'agaça quand il la vit se vautrer sur le bureau. Elle n'était déjà pas foutue d'arriver à l'heure, il fallait également qu'elle en rajoute une couche. Il soupira de mécontentement à l'intérieur. Il devait être le meilleur cette année et elle ne l'aidait pas à travailler dans de bonnes conditions. Il l'ignora et se concentra sur le chapitre du mois : La productivité. Il en connaissait déjà tout les tenants et les aboutissants. Il avait étudié cet été, et tout ça lui parlait beaucoup. Il se disait qu'aujourd'hui, il serait performant, et il était motivé à braver cet atmosphère de perdant au fond de la classe. Il participa pendant deux heures sans interruption.
Au moment de la sonnerie. Églantine émergea et pour ne pas faire face à tout le monde, elle se tourna du côté droit pour essuyer les traces de mascara que ces larmes avaient dû faire couler, tout ça en attrapant un mouchoir. Personne ne devait voir, ça. Cependant lorsqu'elle releva la tête, les iris d'Harry Styles était planté dans les siens et elle n'osa plus bouger parce qu'il avait vu, ce que seule Juliette avait remarqué. Elle examina son visage. Aucune émotion ne le traversa et avant qu'elle n'ai eu le temps de dire quoi que ce soit, il s'était déjà volatilisé.
_ Églantine, tu viens. Juliette nous attends dehors.
L'air était comprimé dans sa poitrine. Elle avait un mal de chien. Elle ne savait plus comment respirer. Elle avait l'impression que son cœur allait lui être arrachée et elle détestait être vulnérable à ce point au lycée. Elle tenta de sauver les apparences, et dans un coin reculée du lycée pendant la récréation, Zayn lui donna ce dont elle avait besoin. Elle se délecta de la substance qui traversait son cœur, et tout allait soudainement mieux.
En remontant les escaliers pour parvenir à sa salle, toujours la dernière, Elle remarqua un porte feuille qui traînait par terre complètement ouvert. Elle se pencha et pu apercevoir le nom de Niall Horan inscrit sur la carte d'identité. Elle ramassa le bien, songea cinq seconde à lui voler son argent, parce que sa mère ne lui donnait rien mais se ravisa. Elle n'était pas une voleuse et parce qu'elle fumait, elle n'allait pas donner raisons aux donneurs de préjugés. Elle ramassa le porte feuille de Niall et rentra en classe.
Assise à côté d'Harry à qui elle n'avait jamais encore parlé. Elle lui tendit, le porte feuille.
_ Tiens, ton pote a dû le faire tomber avant d'entrer en classe. je l'ai trouvé par terre dans le couloir.
Il leva un sourcil perplexe.
_ Pourquoi, tu ne lui as pas rendu directement, ce n'est pas mon porte feuille.
Églantine le trouva dur, et elle s'énerva malgré les effets de la substance qui embrumaient son esprit.
_ Mais, c'est celui de ton ami. Alors tu vas le lui donner, et si il manque quelque chose et bien tu lui diras que ce n'est pas de ma faute, OK ? Je crois qu'on va s'en tenir au discussions de politesse seulement...
Églantine se pencha pour sortir ses affaires et n'adressa plus la parole à Harry. La fin de la journée se présenta à la dérobée de la nuit et Églantine se dépêcha de sortir, descendit les escaliers et attendit Juliette au portail d'entrée.
Elle aperçu Harry accompagné de Niall Horan, ce dernier afficha un magnifique sourire lorsqu'il arriva à la hauteur d'Églantine.
_ Je tenais à te remercier pour m'avoir rendue ça. C'est vraiment sympa.
Elle afficha une mine dubitative. Niall était toujours extrêmement joyeux et ça l'agaçait beaucoup.
_ Je t'en prie, Rien ne manquait, j'espère ? lança t-elle avec une moue entendue à Harry.
_ Non, absolument rien ! Merci ! On ne se connait pas assez Églantine, je trouve. Tu sais je fais une fête chez moi, Samedi soir. Viens si tu veux. Tu peux emmener ton amie, Juliette, c'est ça ? Mais rien ne t'y oblige, c'est pour te remercier.
Et il s'en alla comme il venait d'arriver. Elle s'étonna de son invitation mais ne s'attarda pas non plus. Rien ne l'obligeait à y aller comme lui même l'avait énoncé et encore moins à tenir au courant Juliette de cette interlude.
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