PARTIE I - Onzième chapitre

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Harry s'était engouffré dans le couloir en colère contre Eglantine de se mêler de ce qui ne la regardait pas. De plus, il était aussi énervé contre Niall parce que Niall ne lui en avait pas relater les détails et que s'il l'avait fait, il lui aurait surement passé un savon. C'est pourquoi il enrageait de plus en plus quand Eglantine lui criait dans son dos lui demandant des réponses. Il ne les avait pas et il était en droit d'être plus excédé qu'elle. 

Puis il prit le chemin qui lui permettait de rentrer chez lui et elle s'entêta à la suivre.

_Qu'est-ce que tu fais ? s'énerva-t-il.

_ Tant que je n'aurais pas de réponses, je ne partirai pas Harry donc si tu veux que je te laisse tranquille, réponds-moi. Lâcha-t-elle en croisant les bras contre sa poitrine.

_ J'en sais rien Eglantine. Tu ne veux pas juste me lâcher. Souffla-t-il exténué.

Eglantine eut un mouvement de recul, troublé par l'état d'Harry. Ses cernes se creusaient davantage qu'il s'enfonçait dans le froid de l'hiver. Cependant la jeune femme avait du temps. Il était vendredi et elle dormait chez ses grands parents. Elles pouvaient rentrer pour manger, ils ne s'inquiéteraient pas, ni ne séviraient tant qu'elle avertissait. Ce n'était pas leur genre. Elle était tout à fait disposé à découvrir ce qu'il en était de Niall et Juliette par la tactique de faire parler Harry. Oui, manifestement il y avait quelque chose qui clochait chez lui. Elle en était certaine. D'ailleurs elle ne savait pas comment elle pouvait en être si certaine étant donné qu'elle ne lui avait pas prêté plus d'attention que ça depuis qu'elle le connaissait. Il faut croire que son inconscient lui, l'avait surveillé. Elle se sentait prise au dépourvu de son état émotionnel ne sachant pas vraiment comment réagir. Elle était coincée entre deux sortes de dilemmes. Puis elle se ressaisit en se déclarant à elle-même qu'il n'était question d'aucun dilemme quand sa meilleure amie était dans le pétrin.

_ Si cet imbécile fait du mal à Juliette, tu peux lui dire qu'il le regrettera.

_ Niall, tu plaisantes ? Il ne ferait pas de mal à une fourmi. Pourquoi tu me dis ça ? Questionna-t-il crédule.

_ Harry, t'es débile ou tu le fais exprès ? Tu sais ce que c'est d'avoir des sentiments ? Fais cesser ce cirque avec Niall avant qu'elle en ait tout simplement.

_ Elle pourrait sérieusement avoir des sentiments pour Niall, tu rigoles j'espère ? dit-il horrifié.

Il se souvint tout à coup de ce qu'ils s'étaient dit dans le car. Ce jour-là Harry se contenait dépassé par ses problèmes de contrôle et de colère. Il lui avait dit que Juliette avait un penchant pour lui. Qu'il ferait mieux de foncer pour avoir un avant-gout de la vie étudiante. Pas une seule seconde, il n'avait pensé que tout cela engendrait des sentiments, des émotions. Le mal de Juliette. Jamais. Il ferma les yeux se traitant silencieusement d'imbécile et surtout regrettant son geste. Il soupira fortement. Il se sentait gêné, troublé, fautif et il ne comprenait pas pourquoi.

Il avança et accéléra le pas, parce qu'il avait honte c'était une certitude. Néanmoins, il cachait ce trouble par de la colère nettement visible sur son visage. Ce qu'Eglantine ne discernait pas. Oui, elle avait le droit d'être excédé par son comportement puisque son irascibilité n'était pas légitime.

_ Harry, qu'est ce que tu fais ? hurla-t-elle

_ Je rentre chez moi, ça ne se voit pas. Et si je ne me trompe pas, tu n'es pas vraiment dans la bonne direction pour faire de même.

_ Je te parle de Niall et Juliette. Pourquoi, tu évites la conversation ?

_ Ce sont leurs affaires. On n'a pas vraiment le droit de s'en mêler, tu sais. Rentre chez toi. Laisse-moi.

Décontenancée, elle était tout simplement ahurie par son attitude si négationniste. Ce qui l'a rendait encore plus folle.

_ Ok, très bien. Disons ça. C'est quoi ton problème ? Je vois bien que t'es à côté de la plaque aujourd'hui. Qu'est ce qui se passe ?

Il se figea, pas parce qu'il était étonnée par sa clairvoyance. Il savait qu'elle était plus intelligente qu'elle n'y paraissait. Non, il était étonné par l'exactitude de ses propos. Il était à côté de la plaque aujourd'hui. Pourquoi ? Parce que plus les jours avançaient, plus il avait l'impression de perdre son père. Et ça le mettait dans tous ses états. La relation qui en découlait, s'effritait davantage qu'il grandissait, qu'il comprenait la réalité sociale de la société. Plus il voyait son père sombrer dans le pêché de l'argent, plus Harry se rendait dingue. Parce que les valeurs de son père changeaient en même temps que sa personnalité se modifiait. Ce qu'il était, n'était plus.

Le sang affluait dans ses tempes. Il avait envie d'exploser, Harry perdait le contrôle, il en tremblait mais il ne voulait pas qu'Eglantine soit témoin de tout ça, ni qu'il lui fasse du mal alors il courut soudainement pour la semer.

Elle l'observa s'enfuir, rebroussa chemin, tracassée et inquiète par cette situation, sans savoir que ce serait pire lorsqu'elle rentrerait.

Harry appela Edgar sur le chemin parce qu'il avait peur d'être à nouveau dans ses mouvements ou plus rien n'avait d'importance et plus il courait après la vie, plus elle s'éloignait. Alors il se laissait aller.
Il s'était recroquevillé sur le mur à quelque pâté de maisons chez lui. Et il attendait. Il attendait qu'il soit compris. Il attendait que le mal être qu'il ressentait ne soit pas responsable du vide qui se manifestait en son antre.

Edgar arriva à une vitesse folle, ce qui révélait son inquiétude parce qu'il respectait toutes les limites de vitesse. Harry était dans un état second quand il s'approcha de lui, et son portable dans la main était ouvert avec un message qui venait de la part d'Eglantine.

« Crétin. T'es franchement un crétin. Ne t'enfuis pas comme ça. Je sais que quelque chose ne va pas. On peut partager ça si tu veux. Tu as vu ces choses à propos de moi. Je peux faire de même en retour. »

Eglantine s'abrutissait devant une émission de télé réalité. Elle se fichait en fait de ce qu'elle regardait. Elle désirait juste évincé ce qu'elle avait vécu quelques heures avant.  Elle avait envoyé un message à Harry parce qu'elle n'avait pas réussi à s'occuper du cas Niall et qu'il avait paru vraiment perdu. C'était plus qu'inhabituelle chez lui. Elle avait été déboussolée de cette nouvelle facette. Elle n'avait même pas l'impression que ce soit réellement Harry. Un peu comme si il était son propre fantôme. Ce qui était assez flippant.

Sa grand-mère l'appela et elle reprit ses esprits.

_ Ma chérie, ta mère a appelé. Elle veut que tu rentres à la maison ce soir, même si elle n'est pas là. Il parait que tu as cours demain, et c'est beaucoup plus loin ici, que si tu restais chez toi. Rayan et son père seront dans le coin si tu as le moindre problème. Ne t'inquiète pas. Il ne t'arrivera rien ma chérie 

« Il ne t'arrivera rien ma chérie »

Cette phrase lui revint de plein fouet en boucle comme une éloge moribonde à la douleur si puissante, qu'elle avait l'impression que ses poumons se détachaient d'elle. Oui, elle avait cours et ça n'avait posé aucun problème les semaines précédentes et quelques fois elle arrivait à en détester sa mamie de ne pas comprendre pourquoi sa mère agissait de cette manière-là. Puis elle l'embrassa sur le crâne et lui donna de l'argent de poche et ce début de colère s'atténua.

Cependant elle le regrettait presque, ce sentiment, la colère s'atténuant, parce que ça laissait largement la place à la peur qui traversait tout son corps jusqu'au bout de ses ongles. Elle était tétanisée. Elle ne voulait pas y aller. Ce qu'on lui demandait était trop dur. Elle préférait largement dormir dehors. Elle s'en fichait tant qu'elle restait loin de Rayan. Tout lui allait. La jeune femme se disait qu'elle trouverait bien quelque chose pour se permettre de l'apaiser. Un bout de verre, une lame. Elle s'en fichait. Il lui restait de quoi fumer un joint, ça ne serait pas assez pour lui permettre de survivre cette nuit.

Sur le chemin du retour. Elle reçut un message d'Harry.

« Et toi ? Tu ne m'as toujours pas dit si tu avais mal ? »

Puis, un second.

«  Je vais bien, mieux. J'étais juste un peu malade, une grippe surement »

Eglantine sourit de son mensonge

« Les gens grippés ne sont pas capable de courir comme tu l'as fait. Si on partait sur quelque chose de sincère, ça serait sympa »

« Très bien, réponds à ma question alors. Est-ce que ça fait mal ? »

Elle ne s'était même pas rendu compte qu'elle pleurait en lisant ces messages. Des larmes envahirent son visage. Elle ne pouvait même pas s'en cacher, qu'elle était en train de se moucher dans sa manche. Elle était totalement prise de des pulsions irrationnelles. Alors, elle textota, retenant son souffle, persuadée qu'il allait viser dans le mille. 

« Ça dépend de quoi tu parles ? »

Elle le regrettait déjà quand son smartphone bipa.

« Tes marques sur les bras »

Elle essuya ses larmes, elle se le devait. De répondre de la manière la plus sincère et la plus bouleversante possible. 

« Non, ça ne fait pas mal. Ton tour, qu'est ce qui se passe ? »

« Comment tu fais pour que ça ne te fasse pas de mal ? Rien, des histoires de père et fils »

« Je ne sais pas. Ça ne me fait pas mal, c'est tout. Et ce n'est pas rien, si c'est une histoire entre ton père et toi. C'est tout sauf rien »

Il ne répondit pas pendant un long moment. Elle était sous le chêne vierge de feuilles, et il faisait quelque chose comme moins cinq degrés. Elle était frigorifiée mais ces messages lui avaient permises de passer le temps sans qu'elle ne se rende compte du froid et de l'inconfort du platane sur lequel elle était accoudée.

Elle songea à rentrer chez elle, se réchauffer cinq petites minutes et récupérer quelques vêtements chauds, comme un pull en laine, ou une triple écharpe. Ce qu'elle fît, puis une fois redescendue dans la rue, elle déambula. Elle préférait s'exposer au danger des quartiers obscurcies que d'être enfermé dans un endroit qu'elle haïssait, un endroit ou elle n'arrivait même pas à respirer. Sa propre maison.

Elle tourna au coin de la rue et s'aperçut qu'elle avait bien dû effectuer cinq kilomètres. Sans s'en rendre compte, elle était dans le quartier de Pasteur, un amas de petites villas. Elle jeta un coup d'œil à son portable. 23h48. Un message d'Harry. 

« Qu'est ce que tu fais ? »

Puis elle heurta quelqu'un. 

_ Églantine ? Mais qu'est ce que tu fous là ? Tu viens piller nos maisons ? Aboya un blond au yeux bleus océans. 

_ Non, je viens pour t'arracher la tête. T'es pas censé dormir à cette heure là ? Cracha la brune. 

_ Je suis en face de ma maison, tu vois. Je fumais, j'ai fait le mur. Par contre toi, tu viens pas d'à côté. 

Elle se questionna. Est ce qu'elle devait vraiment lui arracher les boyaux ou est ce qu'elle attendait jusqu'à demain ? Elle savait que Juliette n'aurait pas aimer qu'elle se mêle de tout ça, mais elle ne pouvait pas s'en empêcher. Ce gars était un abruti et il ne la méritait pas.

_ J'arrive pas à dormir. j'ai fait pareil que toi. Je suis pas une voleuse Niall. Arrête d'être paranoïaque cinq minutes...

Il haussa les sourcils, sortit son portable et ne lui prêta plus aucune attention. Qu'est ce qu'elle pouvait bien lui dire d'autres ? 

_ Harry va croire que tu débloques complètement. 

_ Tu lui a écrit un message pour dire que j'étais là avec toi ? 

Doux Jésus. Il allait surement croire qu'elle voulait l'exterminer. Ce qui n'était pas complètement faux. 

_ Oui, Je me venge. 

Eglantine fronça les sourcils. 

_ Tu te venges de quoi ? 

Il soupira. 

_ Laisse tomber. C'est un truc entre moi et Harry. 

Son portable bipa à nouveau. 

« Pourquoi t'es avec Niall ? Je t'ai dit de rester en dehors de tout ça, ok ? Rentre chez toi, bordel. Il est minuit. Tu vas pas rester dehors toute la nuit » 

Elle s'agaçait de ses ordres qu'il lui donnait sans cesse. « Fait-ci, fait ça». Il était agaçant, autoritaire, sanguin, pénible, autocentré. Elle n'en avait que plus finir des adjectifs abjectes qu'elle pouvait lui attribuer. 

_ Bon on se regarde dans le blanc des yeux toute la nuit ou tu vas partir ? 

Elle bouillonna et son sang ne fit qu'un tour.

_ Ecoute, j'ai été sympa jusqu'à présent, mais là, tu me prends vraiment la tête donc toi, tu vas dégager de là, et tu vas te tenir éloigner de Juliette avant que tu ne le regrettes. 

Il l'observa, un frisson lui parcouru l'échine, et il se concentra à nouveau sur son portable. Eglantine lui tourna le dos pour repartir. Il décrocha son téléphone. 

_ Ok, très bien. Je lui dis. Ouais j'envoie le message habituelle à mes parents. T'inquiètes. Merci. 

Elle était fatiguée et elle espérait qu'un banc du parc fasse l'affaire. Elle ne retournerait pas chez elle. Hors de question. 

_ Hé ! Eglantine ! Attends, Harry arrive ! 

A quelle moment s'était elle retrouvé chez Harry Styles un vendredi soir ? Demain, il commençait à neuf heures. Il était une heure passée et elle ne comprenait pas comment elle avait pu se laisser embarquer comme ça. Edgar était là, elle ne voulait pas qu'il avertisse sa mère. C'était hors de question.

Elle se retrouvait maintenant dans la chambre d'Harry avec Niall et lui-même. Enfin si on pouvait appeler ça une chambre. ça ressemblait davantage à un espace de vie, Sa salle de bain privée ainsi que des commodités était aussi grand que son petit 9 m2. Elle n'osait même pas raser les murs de peur de les salir avec sa veste en laine qui avait traîné la pollution de la ville toute la semaine. 

Elle observa, le portrait d'Harry et de sa mère devant les chutes du Niagara, et elle se s'interrogea que ce que c'était réellement une relation mère-fille complice. 

Une main s'appuya sur son épaule puis descendit en une carresse dans son dos, sa peau frissonna de surprise et s'électrisa de quelque chose qu'elle n'arrivait pas à percevoir. 

_ Y'a des chambres d'amis si tu veux. Trois. Je t'aurais proposé d'être dans l'une d'entre elle, mais avec Niall. On aime bien dormir tous ici. Les deux canapés sont confortables, promis. Sinon, je peux demander à Edgar de te conduire aux autres chambres mais elles sont du côtés des appartements de ma mère et mon père. Déclara-t-il gêné.

Eglantine ne voulait pas être seule et même si cette situation était plus qu'étrange. Elle se sentait en sécurité. Elle était sereine et elle ne comprenait pas vraiment pourquoi parce qu'elle se posait un million de question. Qu'est ce que savait Harry sur elle ? Pourquoi se parlait-il autant ? Comment avait-elle pu se retrouver là ? Pourquoi Niall était-il ici aussi ? 

Elle pouvait percevoir les cernes prononcés d'Harry. Il était exténué et elle aussi. Elle s'allongea sur le canapé sans poser plus de questions. Elle était bien silencieuse parce qu'elle était consciente que si les mots pensés étaient dits, les révélations seraient terribles et jamais, ils ne pourraient revenir en arrière. Ce serait tabous, interdits et complexes. 

Demain était un autre jour. 

Et elle verrait de quoi serait fait demain dans quelques heures.  

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