Carte postale

de Image de profil de NINA BOUINNINA BOUIN

Avec le soutien de  billetcognitif, Agapé, Jean-Michel Palacios 
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Carte postale

Aujourd’hui, j’ai mis un panneau virtuel sur la porte de la location ainsi que sur mon téléphone. Il est inscrit d’une écriture rapide : Je suis au bureau !

Oui ! Vous avez bien lu, et non je ne suis pas démente ! Je n’ai pas oublié, même en vacances, que j’étais en retraite. Je confirme, je suis bien installée sur la plage du Bureau, c’est son nom ! Cet endroit est en plein centre d’une petite ville proche de Royan.

J’y suis revenue, comme je me l’étais promis l’an passé, au même endroit, dans la même location estivale pour deux semaines cette fois-ci. Je traverse la petite rue en sens unique, je descends une quinzaine de marche et me voilà les pieds dans le sable, le regard sur l’estuaire de la Gironde. Nous sommes tout juste avant la haute saison, ce qui me permet de savourer le calme de la plage, pas de cris intempestifs. Juste des incorruptibles qui se baignent malgré l’interdiction du jour, et des vacanciers ou locaux, qui lézardent au soleil, soit sur leur propre transat, soit celui de fortune comme le petit tronc d’arbre sur lequel est adossée ma voisine, se reposant ou ramassant des coquillages laissés à marée basse. D’autres ont apporté une lecture, un livret de mots croisés ou des sudokus, voire même un carnet à dessins, et croque l’horizon et ses belles couleurs.

Je lève le nez de mon carnet attirée par ce bois flotté à deux mètres de moi qui a des allures de gigantesque serpent à la queue comportant des plumes séchées de paons. Sa tête très fine me donne l’illusion qu’elle bouge par moment et m’observe avec insistance.

Le temps est au beau. L’orage et la pluie ont fait place à la quiétude. Le ciel reste légèrement couvert, la preuve en est, je ne distingue pas complètement les grues appelées également girafes ici, qui jonchent le port de la pointe du Verdon.

J’ai retrouvé le marché, encore un peu clairsemé. Le bar à huitres ouvert l’an passé ne sera accessible qu’en fin de semaine. Les boutiques de souvenirs du pays royannais et les tenues balnéaires se sont multipliées comme des petits pains absorbant au passage la seule Maison de la presse de la ville. Je voulais y acheter un livre sur l’écriture de Martin Winckler c’est loupé. Je me souviens y avoir rencontré une autrice qui dédicaçait ses livres et avec qui j’ai eu un agréable échange sur sa façon d’écrire, de la confiance en soi à cultiver. Il devrait être interdit de fermer les librairies ou autres coins presses. Le quota des magasins de vêtements made in China à l’inverse serait limité.

Vive la seconde main ou seconde vie. Et voilà que je ressors le drapeau militant, que je ne peux pas m’empêcher d’emporter, avec moi, dans mes bagages.

Je n’ai pas oublié mon ordinateur, mes notes de brouillons écrites sur mon téléphone ou sur mes différents carnets pour tout remettre en ordre et au propre.

Je suis heureuse de pouvoir consacrer mon temps de vacances à mes personnages. Les retrouver, vivre avec eux au quotidien ou du moins leur donner vie sous ma plume. Leurs attribuer des qualités que je ne possède pas, des activités qui me sont inconnues et /ou que j’aurais aimé développer. Je les connais bien tous mes personnages. Louise, Mamouna, Gilles, un peu moins François, personnage qui ne va pas tarder faire son apparition et que je dois forger, imaginer, calquer peut-être. Mais voilà que je dévoile trop mes écrits présents et futurs.

Je dois également mettre au propre un texte sur l’échec. C’est un devoir de vacances. Je l’ai écrit hier, d’un trait sur le papier après avoir lu le magnifique récit d’une collègue d’atelier d’écriture en ligne, surnommé le club des six. La consigne est de l’écrire sous forme de conte, en démarrant par : « il était une fois… Sauf que je ne suis pas contente du résultat. Pour moi, je les ai surmontés, transformés. Certains ont laissés des traces, voire des cicatrices, je n’ai plus envie de m’arrêter dessus. Sauf que si je ne l’envoie pas, l’échec sera bien là, de ne terminer un travail et je n’aime pas ça, pour moi, ça c’est bel et bien l’échec. Si j’envoie mon texte, j’indiquerais que mon message s’autodétruira après lecture.

Mais il est tard, je reviendrais demain. La plage, le bruit des vagues, la musique sous mon casque me détendent et me délient la plume.

Je reviendrais pour et avec François. A force d’observation je vais finir par le rencontrer, pourquoi pas !

Bien à vous

PS : Je vous envoie un bon bol d'air

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Carte PostaleChapitre6 messages | 1 an

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