Préambule
Je commence ce texte un peu par désoeuvrement, comme un soldat sans guerre irait au club de tir (tiens, c'est un alexandrin, j'ai pas fait exprès j'le jure). Je n'ai pas d'autre intention que de donner un emploi à mes moyens, quelque chose comme un de ces "bullshit jobs" dont on parle aujourd'hui. "Alors, ton boulot ça sera de raconter ta vie, tu peux te répandre sur tous les détails les plus insignifiants, formuler les considérations les plus baroques, l'important c'est que tu ne cherches surtout pas à intéresser le lecteur." Me trouvant confronté à la vanité de toutes choses - c'est au moins le point où j'en suis arrivé de mon "cheminement intellectuel et spirituel" (je précise ici que je me réserve le droit de dire d'énormes conneries) - excepté l'inaction, qui n'est ni vaine ni utile, mais seulement dangereuse, le contraire d'une aubaine pour moi qui n'aspirait qu'à elle ; j'ai décidé de m'adonner à la gesticulation littéraire. Vous allez donc me lire élucubrant comme le joyeux drille que je n'ai jamais été. Au moins ces élucubrations seront quelque chose, et moi qui avais l'ambition de réaliser une Œuvre immortelle, j'aurai la consolation de présenter au lecteur un miroir plaisant (la moindre petite chose cohérente est un miroir) dans lequel il aura la joie de voir réfléchie sa condition primitive de bouffon. Je veux dire que ce texte est un objet dont l'objet sera tous les autres objets, et non lui-même.
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