Chapitre 2
Ecrit en écoutant notamment : Vortek's - Don't Wanna Go To This Party [Hardstyle]
Quelques minutes plus tard, sans le faire exprès, il cliqua sur un lien qui l’amena sur un site assez étrange : il semblait que ce n’étaient que des garçons, ici. Rémi avait bien entendu parler des manifestations pour ou contre le ‘mariage pour tous’, il avait bien surpris sa mère au téléphone à s’étonner que le frère d’une de ses amies soit ‘homosexuel’ ; pourtant, tout ce raffut lui avait toujours semblé bien lointain, c’était plus un débat de grandes personnes destiné à combler des discussions en paraissant intelligent et engagé. Rémi n’avait même jamais pensé à y réfléchir lui-même.
Par curiosité, il lança un film au hasard : à défaut d’être aussi excitant que ce qu’il avait vu précédemment, cela possédait le mérite d’être plutôt différent et novateur. Il commençait à comprendre que deux garçons qui font l’amour ensemble puisse être source de discussions survoltées, mais se demanda tout de même pourquoi une telle minorité pouvait autant faire parler d’elle. Découvrir qu’environ 5% de la population était ainsi lui procura quelques sueurs froides, d’autant plus que ces images ne l’avaient pas forcément beaucoup dérangé ! Perplexe, il se rassura en se rappelant que comme c’étaient des questions d’adultes, tout cela ne s’appliquait pas à lui. Il retourna en arrière, et son excitation revint rapidement quand il relança la scène avec la jolie brune qui enlevait ses sous-vêtements déjà bien courts. Désormais, il se sentirait simplement plus cultivé quand on débatterait encore de ce fichu mariage !
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Le lendemain, alors que Rémi était déjà au lycée avec Julian et Félix, Côme débarqua bien plus jovial qu’à son habitude, satisfait d’avoir rempli sa mission et d’avoir joué un rôle important dans le groupe :
— Mes parents sont d’accord ! La semaine du 13 au 20 juillet, ça vous va ?
— Bien joué, le marmot ! Enfin notre merveilleux Côme, excusez-moi ! fit Rémi en dévisageant Julian avec un sourire goguenard. En tout cas, c’est ok pour moi.
— De même, ajouta Félix, c’est toujours la première semaine de juillet que je dois aller aider mes grands-parents pour leurs travaux estivaux.
Julian sembla réfléchir un instant, mais ne tarda pas à hocher également la tête.
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13 juillet
Rémi retrouva ses compères à la gare à sept heures, chacun muni de son vélo : ça serait bien pratique pour se promener dans le village et sur la côte. Le train régional n’était pas parti depuis une demi-heure que le téléphone de Côme sonna. Il s’empressa de le sortir et de décrocher, ayant visiblement affaire à sa mère.
— Oui, j’ai bien pris la crème solaire ! … Oui, j’en mettrai… … C’est promis, on rentrera toujours avant dix heures du soir pour ne pas avoir d’ennui… Je t’appellerai tous les soirs, d’accord.
Rémi ne put se retenir d’éclater de rire, et avant que Félix et Julian n’aient pu l’en empêcher, il se rapprocha du téléphone :
— Côme, tu as pensé à prendre la bouteille de Cognac de tes parents ? On en a besoin pour se faire un petit cocktail. Entre deux joints, ça sera l’idéal.
L’intéressé rougit instantanément, n’osant ni raccrocher, ni poursuivre la discussion avec ses parents. Félix, pragmatique, se saisit du téléphone :
— Mme. De Ginestière ? C’est Félix à l’appareil. Ne vous inquiétez pas, vous connaissez Rémi, il a tendance à raconter beaucoup de bêtises… …Non, on ne compte pas faire de jeu d’alcool… termina-t-il en dodelinant de la tête pour signifier qu’il comptait pour sa part se laisser tenter. Bonne semaine, Madame ! On vous donnera de nos nouvelles !
Julian applaudit brièvement : Félix savait toujours être sérieux et efficace quand il le fallait.
Après deux bonnes heures de voyage, le train s’arrêta enfin. Sorti de la gare, Rémi repéra rapidement un petit magasin Carrefour de l’autre côté de la rue :
— Parfait les gars, venez, on va rapidement acheter quelques trucs pour les prochains jours.
— Euh… d’habitude, on va plutôt à l’épicerie traditionnelle Ty Glenn, sur la Grand’ Rue du village, répliqua Côme. Mes parents disent que les produits locaux sont toujours meilleurs.
— Tu veux nous ruiner dès le premier jour ? Allez, en avant au Carrouf' ! Félix, je suis sûr que tu pourrais réussir à acheter deux packs de bière sans qu’on te pose trop de questions, avança-t-il, en assortissant sa demande d’un clin d’œil.
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— Bon, quel est le programme de l’après-midi ? lança Julian une fois qu’ils eurent tous finis de ranger leurs affaires.
— Je propose qu’on commence par la plage, annonça Félix, on peut se faire un beach soccer si vous voulez.
L’idée fut approuvée à l’unanimité, d’autant plus que le soleil rayonnait fort. Sur la route, ils remarquèrent de nombreuses affiches présentant les festivités liées à la fête nationale. Rémi convainquit sans difficulté ses amis d’y assister « c’est le moment ou jamais pour faire des rencontres ! ». Ils parvinrent sur une falaise qui surplombait le port, et décidèrent d’attacher leurs vélos ici avant de poursuivre à pied. Un sentier de terre étroit bordé de fougères serpentait sur la falaise pendant quelques centaines de mètres jusqu’à l’accès à la plage. Malgré le beau temps, peu de touristes étaient installés sur la large bande de sable qui s’étendait au loin. Ils retirèrent chacun leur t-shirt pour pouvoir former deux buts sur une zone qui n’était pas trop en pente, puis constituèrent les équipes : Félix et Côme contre Rémi et Julian, cela semblait équilibré.
Rapidement recouverts d’un mélange de sable fin et de sueur, ils gagnèrent l’eau fraîche après que Rémi eut marqué le cinquième but de son équipe et scellé leur victoire. Comme d’habitude, il s’était donné à fond : il n’aurait pas supporté perdre ce match, aussi insignifiant que celui-ci pût être. La mer bretonne de mi-juillet était encore d’un froid mordant, ce qui contrastait avec l’impression de chaleur qu’on ressentait sur la plage. Ils ressortirent frigorifiés après une vingtaine de minutes, avant de s’allonger au soleil pour tenter de parfaire leur bronzage.
Même Rémi était captivé par le paysage : l’eau devenait de plus en plus foncée à mesure que la profondeur de celle-ci augmentait, et une île aux longues pointes rocheuses émergeait des flots à un bon kilomètre au large, telle une immense mâchoire de crocodile. On entendait les mats des voiliers cliqueter au vent et les mouettes se moquer des vacanciers. Le soleil étincelait… et une jeune fille de l’âge de Rémi passa subitement devant lui. Il baissa ses lunettes de soleil tel un mafioso et la suivit du regard jusqu’à ce qu’elle disparaisse de sa vue. Il espérait que ce soit le signe de vacances réussies ! En tout cas, il y avait matière à faire.
Ils rentrèrent vers six heures et demie afin de se mettre sur leur trente-et-un. Selon le programme annoncé, on aurait droit à un discours du maire avant la finale du tournoi de pétanque qui avait démarré dans l’après-midi, puis un bal populaire avec loterie, barbecue et spécialités bretonnes se tiendrait jusqu’à deux heures du matin, seulement interrompu par un tir de feux d’artifices vers minuit.
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