Découverte de la musique
C'est fou, je n'ai jamais ressenti ça ! Pourtant, j'ai grandi dans une maison où la musique était partout ! Si ce n'était pas la radio c'était le juke-box, si ce n'était pas le juke-box c'étaient les CD et, tout le temps, papa et maman qui chantaient. C'est sûr que d'entendre AC/DC dans le salon et Brel dans la cuisine ça peut perturber, mais jamais la maison n'est restée silencieuse. Pour autant, même si j'écoutais la musique, je ne la comprenais pas.
Je chantais, je dansais, mais je ne ressentais pas. Jusqu'au jour où mon père m'a offert un CD de musique classique avec le Canon en D de Pachelbel. Dès la première note, j'ai été transportée dans un autre monde. Ce n'était pourtant pas le premier morceau dit "classique" que j'écoutais, mais il m'a touchée plus qu'aucun autre. C'était comme ententre pour la première fois. Mes cinq sens se sont comme réveillés. Je pouvais voir les notes, toucher les instruments, sentir le parfum du monde qui s'endort le soir, paisible, entendre le chant des oiseaux volant de croche en croche et goûter la saveur des mélodies.
J'étais allongée dans mon lit, la fenêtre ouverte sur la nuit, les yeux rivés sur les étoiles qui jouaient à cache-cache avec les nuages, la lune baignant ma chambre de sa douce lumière et c'était pour moi comme si le temps était suspendu. J'ai écouté en boucle cette composition, rêvé éveillée sur chaque variation et ai fini par m'endormir doucement, bercée par les variations. Je n'ai jamais fait de songes plus doux que cette nuit-là.
Depuis, je prends le temps de comprendre les musiques que j'écoute, des nuances apportées par les silences aux paroles parfois à double sens. Quand je chante, je le fais avec le coeur et plus seulement avec la tête, par automatisme. Les harmonies plus ou moins rythmées continuent d'accompagner mes journées et le Canon de Pachelbel sera à jamais gravé dans mon âme, comme si il faisait désormais partie de moi.
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