Cela fait huit huit ans maintenant que je suis « la sorcière ». Hogar n’est jamais venu réclamer ma main et il n’est pas devenu chef du village… A notre retour du royaume des titans, il avait perdu tout droit au titre de chef… il n’était plus tout à fait un homme.

— Maman, maman ! Trois-bras s’est arrêtée !

— Alors remets-là en route, si tu peux.

Mon fils Prométhée me fait penser à Brenda au même âge. Il pose toujours des questions sur tout… mais il a plus de chance, car nous pouvons lui répondre. Il a la chance d’être le fils d’un grand sorcier et d’une femme intelligente – c’est son père qui le dit – et j’avoue que ça m’a un peu surpris, car j’ai toujours cru que les titans de sang-pur devaient forcément être plus malins que les hommes des tribus. Mais mon époux m’a assuré que ce n’était pas le cas. Lorsque le sang ne se mélange pas, les enfants des générations suivantes sont de plus en plus sots, jusqu’à ce qu’ils soient incapables d’utiliser les inventions de leurs ancêtres. Et c’est alors que je repense à ce gamin mongolien qui n’a survécu que quelques mois en dehors du repaire des titans.

Le roulement caractéristique du gnome de fer me tire de mes réflexions… le petit robot se dirige vers l’éolienne à trois bras et entreprend l’escalade sous la direction de Prométhée qui me regarde fièrement. Ce petit bonhomme est le dernier du sang des titans, mais il est surtout l’avenir des hommes des tribus.