Chapitre 26 : le bateau

7 minutes de lecture

La nuit du Nouvel An fut magique pour Quentin et Junker. On était à présent en l’an deux-mille cent-quarante. Le lendemain, Gin les convoqua pour exposer les évènements futur. L’équipe d’escorte serait plus réduite que la dernière fois, étant donnée la présence des deux humanoïdes.

-Vous passerez cinq jours en mer pour effectuer la traversée. Une fois là-bas, un véhicule affrété vous emmènera à Washington. Ce sera le véritable début de votre mission. Vous devrez protéger le président Decker à tout prix. Une fois arrivés au Congo, soyez prudent. La situation n’a guère changé depuis le siècle dernier.

- Nous y veillerons, dit Junker.

- Je le sais. Votre mission consistera à assurer sa sécurité tout du long du séjour, y compris au retour. Ce sera une longue opération, j’en ai conscience, mais je pense que vous en êtes capables.

Quentin acquiesça. Il regarda son compagnon. Diamounder, quant à elle, brûlait d’envie de poser une question.

-Cela va durer combien de temps ?

- Eh bien… le président américain restera une bonne semaine sur place. Maintenant, ouste. Allez vous préparer. Le bateau part demain à l’aube, ce qui veut dire que le voyage commence maintenant.

Le trio le salua et ils s’en allèrent, partant préparer leurs affaires. Quentin faisait le tri dans ses pantalons.

-Junker, quand on s’est rencontrés je portais celui-là. Tu en penses quoi ?

- Voilà une drôle de question. Il te va bien.

- T’es sûr qu’il n’est pas trop… Serré ? Je suis sûr qu’il fait ressortir mes fesses.

Son compagnon secoua la tête. Il le rangea donc dans la valise avec quelques affaires. Junker, lui, n’emportait que des tenues de camouflages ainsi qu’un nouveau gouvernail. Bien qu’Eko lui en fournirait un toutes les trois semaines, il préférait être prévoyant. Quentin assura que le beige de celui-ci allait très bien avec ses cornes. Même s’il savait que l’être orange ne se préoccupait que très peu de l’esthétique.

Puis l’équipe partie. Cette fois-ci, Gabriel et Jérôme les accompagnaient. L’homme à la stature imposante était ravis de partir avec sa petite protégée. Le voyage dura quelques heures pour atteindre le port. Le camion vint s’arrêter aux côtés d’un immense bateau blanc avec de grandes baies-vitrées sur la coque.

-Waouh…, dit Diamounder en sortant. Il est énorme !

-L’une des rares machines assez récentes que Goei a pu s’offrir, déclara Jérôme. Les cargos du vingt-et-unième siècle sont trop polluants et couteux en énergie. Celui-là fonctionne à l’énergie solaire. Mais il n’est pas vraiment plus rapide…

Ils firent monter le camion à bord et le bateau parti une bonne heure plus tard. Sur le pont, Diamounder courrait en tous sens pour découvrir tout ce qui se trouvait à bord. Quant à Junker et Quentin, ils étaient accoudés à la barrière, regardant l’horizon. L’océan avait beau être une grande étendue bleue, il n’était jamais le même d’une seconde à l’autre. L’humanoïde orange aperçu un groupe de dauphins, ne manquant pas de le faire remarquer au jeune métis. Celui-ci parvint difficilement à les voir, parce que trop loin pour lui.

Un membre de l’équipage les mena à leurs cabines. Junker, Quentin et Diamounder partageaient la même chambre et il en était de même pour Jérôme et Gabriel. Le biomech aux yeux bleus s’approcha de la grande baie vitrée. La cabine était plutôt spacieuse. Son compagnon s’approcha et passa une main derrière son cou. Il ne fallut pas longtemps pour que Diamounder se joigne à eux. Alors, Jérôme ouvrit la porte.

-Les gamins ? On va commencer à établir un plan. Vous venez ?

- Oui.

Ils le rejoignirent et le groupe se retrouva dans un bureau. De nouvelles informations venaient d’être donnés. Le président Decker quitterait Washington en hélicoptère pour se rendre à l’aéroport de New-York.

-Cela raccourcira un peu la mission, dit Gabriel. Nous n’entrerons en action qu’une fois arrivés au Congo. Le président aura deux gardes avec lui. Notre objectif sera donc d’intervenir au moindre signe de menace.

- Autrement dit, on ne fera pas grand-chose, se plaignit Diamounder. Ce que je veux, c’est taper des méchants humains, pas jouer les nounous !

- Diamounder, intervint sèchement Junker. La moindre négligence ne peut être permise. Je te conseilles de changer d’attitude.

- Désolée, grand frère…

- Ce n’est rien. On a tous des moments d’égarement.

- Dans l’avion, le président ne sera pas vraiment en danger.

- Mais alors, pourquoi le rejoindre à New-York ? Demanda Quentin. Le réceptionner au Congo aurait été plus simple et moins couteux, non ?

- C’est ce qu’il a demandé. Le client est roi, après tout.

Quentin regarda Junker. Il supposait qu’une fois à New York, il faudrait que Diamounder et lui se camouflent. Heureusement, pour l’occasion, Gin avait fait faire des tenues spéciales. Une fois le briefing terminé, ils furent libérés.

Le jeune homme se laissa aller sur le lit. La couverture était noire avec de beaux motifs rouges. Junker s’installa à ses côtés et ils regardèrent le plafond. Quentin soupira.

-Tu te rend compte ? On part enfin découvrir le monde !

- Oui. J’ai un peu de mal à y croire et pourtant.

Le jeune métis prit la main de son compagnon et le regarda. Quelle douceur dans ses yeux. Ce simple contact visuel était à la fois apaisant et excitant, de par la sensualité qu’il y déchiffrait. Diamounder décida de les laisser tranquille, préférant aller jouer avec sa poupée.

Pris d’une envie soudaine, Quentin attrapa Junker et le fit rouler sur lui.

-Je ne t’écrase pas ? Demanda l’humanoïde en se redressant légèrement.

- Pas du tout.

Le biomech se rallongea, tentant de trouver une position pour ne pas le gêner avec ses cornes. Quentin passa une main dans sa chevelure bleue et ferma les yeux. Il la sentait toujours. Cette légère odeur agréable que dégageait l’être de métal. Ils passèrent un long moment allongés de la sorte sans prononcer le moindre mot. De temps en temps, ils échangeaient un regard.

-Junker ? Tu la vois comment notre famille ? Demanda finalement Quentin.

- Notre famille ? Eh bien… je nous vois tous les deux. On habiterait une maison simple dans un endroit un peu isolé. Si nous avons des enfants, ils iront à l’école et nous leur transmettrons notre soif de découvert.

Le jeune homme ne dit rien, se contentant de lui caresser les chevelure.

-Ça ne te plait pas ?

- Si, répondit-il finalement. C’est un projet génial.

- Quentin ? Et si je vivais plus longtemps que toi ?

Celui-ci n’y avait jamais pensé. En tant qu’extraterrestre de métal, Junker avait peut-être une longévité de plusieurs centaines d’années. Mais l’idée de l’avait jamais traversée.

-Je n’ai pas envie de continuer à vivre sans toi. L’idée de te voir vieillir sans que je prenne une ride me serre le cœur. Je sens… comme une douleur.

-Je sais ce que tu ressens.

Junker passa ses mains sous le dos du jeune homme et le serra. Il colla sa tête sur son torse. Celui-ci fit surpris du geste.

-Je ne veux pas te perdre, Quentin.

-Nous n’en sommes pas encore là. Profitons de cette vie, et de tout ce qu’elle nous offre. Et quand viendra le temps…

L’humanoïde releva la tête. Le jeune homme le regarda.

-Tu chérira les temps qu’on a passé ensemble.

- Je ne peux pas l’imaginer. J’y arrive pas.

Quentin eut un sourire attendri. Malgré ses airs insensibles, Junker pouvait se montrer très sentimental. Un petit côté adorable qu’il adorait chez lui.

-Toi alors… t’es plus sensible que je l’aurai cru.

Junker acquiesça.

-Comment je pourrai m’imaginer sans toi ? Cela signifierai retrouver ma vie de solitaire. Tous ceux qui me sont cher finirons par s’éteindre alors que moi…

- Nous n’en savons rien.

L’humanoïde ne bougea pas pendant un moment, sans desserrer son emprise. Mais Quentin ne s’en plaignit pas. Il imita même son compagnon et l’entoura de ses bras.

-Moi aussi j’ai un peu peur, tu sais. J’ai peur de te laisser seul un jour. Mais peut-être que je reviendrai. Tu connais le mythe de la réincarnation ?

- Non.

- Ce mythe raconte qu’à notre mort, nous renaissons sous une autre forme pour continuer notre vie. Et si c’est le cas…

- Tu reviendras, pas vrai ?

- Apparemment, quand on aime suffisamment, même la mort ne peut nous séparer. On raconte que certains sont restés ensemble plus d’une vie. Si je reviens, sois sûr que ce sera vers toi que je courrai.

Junker esquissa un sourire et se redressa. Quentin vint lui saisir le visage de ses mains et ils se regardèrent sans un mot, les yeux dans les yeux. Doucement, le jeune homme le tira à lui. Leurs lèvres se touchèrent sans qu’ils ne s’embrassent pour autant. L’humanoïde passa ses pouces sur les joues de Quentin. Il avait la peau si douce. Il avait sous les yeux le plus bel humain qu’il n’aurait pu jamais imaginer. Ses iris étaient aussi rouges qu’un rubis flamboyant.

-Tu deviens de plus en plus beau, murmura le jeune homme.

Junker sourit et il l’embrassa. Quentin en avait oublié l’excitation manifestée par son entrejambe, entièrement aux prises avec l’amour ardant qu’il partageait avec l’être orange. Il pourrait rester des heures à le regarder dans les yeux.

-A mon tour, de te faire une promesse, dit Quentin.

- Laquelle ?

- Un jour, nous auront notre propre maison à la montagne.

Junker acquiesça.

Annotations

Versions

Ce chapitre compte 2 versions.

Vous aimez lire SachaDu05 ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0