Chapitre 34 : la forme céleste
Monsieur Adam était pétrifié par la peur, incapable de prononcer le moindre mot. La bête s’avança et il recula. Alors, le dragon ouvrit les mâchoires. Ses cornes se mirent à luire et une lumière se forma au creux de sa gorge. Un sifflement toujours plus intense se fit entendre. Alors, au moment de lui donner le coup de grâce, Junker envoya la tête en arrière et cracha son faisceau blanc. Monsieur Adam le regarda, un instant interloqué. Le biomech se redressa, le surplombant davantage.
-Eh bien ? Qu’est-ce que tu attends pour en finir ? Tues-moi !
L’humanoïde cligna des yeux.
-Je ne tue pas les Hommes. Mais…
Il l’attrapa par le cou et le souleva. L’individu peinait à respirer et se débattait.
-Sachez ceci : Si je ne tue pas vos semblables, je m’assure qu’ils ne commettent pas deux fois la même erreur.
Sa voix était plus grave qu’avant mais aucune colère n’y transparaissait malgré son ton insistant.
-Je consent à vous laisser partir indemne à cette condition : laissez Quentin tranquille et ne l’approchez plus jamais. Cela faisait un moment que l’on était suivi mais je n’y prêtait pas attention. Une erreur que je reproduirai pas deux fois. Si vous approchez, alors je serai contrains d’agir pour protéger celui que j’aime, est-ce bien claire ?
Monsieur Adam luttait pour pouvoir respirer.
-O… Oui !
Aussitôt, il fut libéré. Monsieur Adam s'enfuit aussitôt. Junker s’avança vers la table d’opération. Il attrapa le bras articulé et l’arracha sans peine avant de trancher les sangles de cuir.
-Junker… tu es venu, dit Quentin en se redressant.
- Jamais je n’aurai pu t’abandonner. Et maintenant, partons, tu veux bien ?
Le jeune homme esquissa un sourire.
-Avec plaisir !
Junker eut un air adouci et passa en position quadrupède. Le jeune homme monta sur son dos et le dragon s’élança vers là où il était entré. Une fois arrivé dehors, il bondit et s’envola.
-Waouh !
Ils prirent de l’altitude et se mirent à survoler le ghetto. La bête battait l’air de ses quatre puissantes ailes qui n'en formèrent bientôt plus que deux. Quentin leva les yeux vers la lune. Il la trouvait effectivement magnifique. Elle semblait plus ronde et plus grosse.
-Mais ! Junker, tu voles !
La bête s’en rendit alors compte. Elle poussa un rugissement et fit une vrille.
-Houlà ! Vas-y doucement !
Le dragon rugit et Quentin se mit à rire. Junker se sentait plus libre que jamais. Alors, son museau se changea un instant en visage et il prononça ces mots :
-Accroches-toi !
Puis il prit de la hauteur. Quentin s’agrippa à ses cornes. Junker s’arrêta à une certaine hauteur en vol stationnaire. Ses ailes se dédoublèrent et ils avisèrent ensemble le ciel étoilé et la ville avec ses lumières.
-Waouh…
La bête émit un petit rugissement. Alors, son museau redevint un visage.
-C’est beau, dit le biomech.
- Oui. Dis, c’est quoi cette nouvelle apparence ? Tu as évolué ?
- Je ne sais pas trop. Mais je sais que c’est lié à la pleine lune.
- Il n’y a pas que ça, pas vrai ?
- C’est aussi grâce à toi. En un sens, ta détresse m’a permis d’acquérir ces nouveaux pouvoirs.
Quentin eut un sourire et se laissa aller sur le dos de l’humanoïde ailé.
-Et si on redescendait ?
- J’aimerai continuer à profiter de mes ailes, si ça ne te dérange pas.
- Bien sûr, je comprends. Fais-toi plaisir !
Aussitôt, le visage de Junker redevint un museau et il plongea. Quentin poussa un cri et son compagnon redressa son vol au-dessus des immeubles. Le jeune homme se pencha en avant et ne tarda pas à s’habituer aux mouvements. Il semblait avoir chevauché la bête toute sa vie.
Diamounder était sortie et cherchait à présent son congénère. Elle tournait autour du ghetto en espérant le trouver.
-Grand frère…
Soudain, un puissant rugissement retentie et une créature gigantesque jaillie devant elle en prenant de l’altitude. La petite biomech s’arrêta net. C’était un véritable monstre qui commença à lui tourner autour. Diamounder prit son apparence bestiale et suivit le colosse du regard. Celui-ci vint s’arrêter au-dessus d’elle. Ses ailes se dédoublèrent. Diamounder reconnue aussitôt le museau. Elle poussa un petit rugissement auquel répondit son congénère.
-Grand frère ?! S’exclama-t-elle en reprenant sa forme initiale.
Junker changea son museau en visage.
-J’ai acquis cette forme céleste en protégeant Quentin.
-Je confirme ! Dit le jeune homme sur son dos.
- Waouh ! Tu voles maintenant !
Le grand biomech esquissa un sourire. Son vol stationnaire était bien plus stable que celui de Diamounder.
-Et si on se posait ? Proposa Quentin.
Son compagnon semblait d’accord et ils vinrent se mettre au sommet d’un immeuble. Quand Junker se redressa face à Diamounder, celle-ci se senti minuscule, tout comme le jeune métis sûrement.
-La vache…, dit la petite humanoïde. Tu es gigantesque grand frère !
- Oui.
Quentin enroula ses bras autour de la taille de son compagnon.
-Tu es tout pelucheux ! S’exclama-t-il.
Diamounder se joignit à lui pour faire un câlin à son congénère. Celui-ci les enlaça tendrement. Alors, un gros nuage vint cacher la lune. Presque aussitôt, le corps de Junker devint lumineux et il retrouva sa forme originale.
-Eh bien, dit Quentin. Impressionnant.
Le biomech orange regarda sa main.
-On dirait que cela ne fonctionne que lorsque je suis irradié par les rayons lunaires.
- C’est dommage, dit Diamounder. Voler avec toi aurait été super cool !
- Ce sera le mois prochain, la rassura Quentin. Allez, rentrons.
Ils descendirent au sol et partirent vers Goei. Junker, lui, réfléchissait. Il doutait que le processus soit aussi simple. Sinon, cela se serait produit avant. Il se souvenait avoir déjà senti cette étrange attraction qui provoquait une partie de la métamorphose. La forme évolutive, quant à elle, était sûrement dû à sa volonté de protéger Quentin. Oui, c’était forcément cela, l’élément déclencheur. Car sur l’instant, il n’avait pensé à rien d’autre.
Les exploits de Junker durant la nuit furent rapidement connus de l’ensemble de l’organisation. Gin fut agréablement surpris de savoir que le biomech était capable de déployer une telle puissance. Il voulut s’entretenir personnellement avec lui à ce sujet.
-Junker, ce qui se raconte est assez étonnant, et j’aimerai en savoir plus, si tu le veux bien.
- Je suis désolé mais je ne sais pas grand-chose. Cette forme céleste n’est accessible que durant la pleine lune. Celle-ci provoque une légère transformation, mais c’est un autre facteur qui est responsable de l’évolution physique. Hier, c’était ma volonté de protéger Quentin.
-J’aurai aimé voir ça.
- Malheureusement, cela nécessite que je sois irradié par les rayons lunaires. Si la lune est cachée je retrouve aussitôt ma forme initiale.
- Effectivement, ce sont des sacrés contraintes. J’avais également autre chose à te dire, ou plutôt, dont je souhaitais t’informer. Eko a analysé les données biométriques recueillies lors de notre passage sur l’Hajiro. Pour l’instant, il est incapable de te concevoir un nouveau gouvernail aussi sophistiqué que le reste de ton organisme, mais il m’a parlé de la possibilité de te créer un jet-pack pour te permettre de voler.
- Vraiment ?
- Oui. Seulement, tu devras retourner sur l’Hajiro.
- J’imagine que cette proposition n’est pas anodine, n’est-ce pas ? Il y a une raison.
Gin eut un petit soupire. Le biomech était d’une grande perspicacité.
-L’un des satellites de Kuran est endommagé. Et il faut quelqu’un pour le réparer. Et tu sembles être la personne toute désignée pour cette mission, de par ta nature et tes facultés.
- Très bien. Mais Quentin restera sur Terre.
- Je n’en attendais pas moins de toi. L’hélicoptère viendra vous chercher ici-même dans deux jours.
Junker acquiesça et il fut libéré. Il retourna dans la chambre et entreprit de raconter son entretient. Si dans un premier temps Quentin était ravis, la raison de la mise au point du jetpack le froidit presque aussitôt, surtout quand son compagnon l’informa de son souhait. Le jeune homme refusait tout simplement de le laisser partir seul à des milliers de kilomètres au-dessus du sol.
-Quentin, dit Junker en lui prenant la main. Moi non plus cela ne me plait pas, mais je pense avant tout à ta sécurité.
- Et moi ? Demanda Diamounder.
- Tu resteras avec Quentin et tu auras pour rôle de le protéger.
- Mais !
Elle prit un air renfrogné pour montrer son mécontentement. Quentin avisa son compagnon, a présent bien plus grand que lui.
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