Chapitre 37 : soeur Junker
Ce fut le soleil qui réveilla Quentin. Le jeune métis ouvrit les yeux mais les referma aussitôt, aveuglé par l’astre levant se reflétant sur l’eau. Il lui fallut quelques secondes pour s’y habituer, papillonnant des yeux. Il sentait quelque chose contre lui. Un corps métallique qu’il reconnaissait. Ou du moins, qu’il croyait reconnaitre. Quelque chose était différent, ce matin. Quentin se retourna doucement. Il poussa alors un cri qui réveilla le biomech orange. Celui-ci bondit en arrière et prit sa forme bestiale, crocs dévoilés et en position d’attaque.
-Junker ?...
La créature laissa retomber son agressivité et s’assit, le regardant de ses grands yeux bleus. Son compagnon avait un air hébété au visage. Alors, Diamounder entra, elle-aussi prête à se battre. Elle regarda Quentin puit son congénère. Celui-ci se redressa.
-Euh…, dit l’humanoïde bleue.
- Pourquoi tu as hurlé comme ça ? demanda Junker.
- C’est…, répondit Quentin avec hésitation. Tu devrais te regarder dans un miroir.
Le biomech regarda Diamounder qui semblait tout aussi perturbée. Junker se rendit donc dans la salle de bain et poussa un cri de surprise. Un cri plus aigu qu’il ne l’aurait cru. Il porta ses doigts au visages, peinant à y croire. Il les laissa glisser sur sa jugulaire jusqu’à sa poitrine. Celle-ci était plus volumineuse que pour Diamounder et son physique était bien différent.
-Je suis… une femme !
Son apparence avait effectivement pris les traits du sexe opposé. Junker avait à présent des courbes gracieuses et élégantes. Tout son corps s’était affiné et sa chevelure, qu’il n’avait pas retaillée, tombait presque sur ses épaules. Il soupesa son poitrail et se demandait bien comment une telle chose était possible. Surtout qu’à présent, ses seins étaient dotés de sortes de mamelons bleus, comme ses lèvres. De nouvelles striures étaient apparues sur son corps et ses cornes s’étaient légèrement arrondies et avaient rétrécies. Sa queue se balançait. Même sa voix était différente, plus aigüe et féminine.
-Quentin… qu’est-ce qui m’arrive ?
Celui-ci s’approcha et Junker se tourna. Son regard exprimait toute l’incompréhension du monde.
-Alors là, ne me demande pas. Diamounder, tu… tu as une idée ?
La biomech bleue secoua la tête.
-Bon…, dit Junker en tentant de se reprendre. Tout d’abord, il faut…
- Eh.
Le métis posa une main sur son épaule. Junker le regarda dans les yeux. Quentin eut aussitôt du mal à contenir son excitation. Le regard de son compagnon était plus expressif et vivant que jamais.
-Tout va bien, ok ?
- Facile à dire.
- Euh… grande sœur, je crois que ta transformation t’a ajouté autre chose…
Junker ne compris pas. Mais en voyant le regard de Diamounder, tout s’éclairci. Il fit descendre lentement descendre sa main jusqu’à son entrejambe. Ses yeux s’écarquillèrent.
-Merde.
- Quoi ? demanda Quentin.
L’humanoïde ne trouvait pas les mots. Et le jeune homme ne tarda pas à comprendre, devenant rapidement rouge.
-Oh bordel…
- Comme tu dis.
Junker rétracta sa queue. Jamais il n’aurai cru qu’une telle transformation était possible. Jamais il n’aurait pensé un jour pouvoir devenir femme. Et pourtant, il était devant le fait accompli.
-Du coup… t’es femelle maintenant ?
- On dirait bien.
Junker retourna dans la chambre et fouilla l’armoire pour trouver un quelconque vêtement pour elle.
-Pourquoi tu cherches ? demanda Diamounder.
- Mon corps est plus développé que le tien, avec des éléments propre à l’intimité humaine. Je dois donc m’habiller comme une humaine, par souci de pudeur.
- Voilà qui ne te ressembles pas, Junker, dit Quentin. Tu ne t’en ai jamais soucié.
- Pas plus tard qu’hier soir, je n’avais ni seins, ni tétons, ni organe sexuel.
- Effectivement, vu sous cet angle.
- Ah !
L’humanoïde orange trouva une grande robe de cérémonie. Les manches étaient suffisamment larges et la tenue ressemblait à ce qu’elle avait porté lors de l’intégration à Kuran. Junker l’enfila sans attendre. Elle trouva aussi des chaussures qu’elle réussit à mettre.
-J’ai l’air de quoi ?
- Tu es… ravissante, la rassura Quentin. Attend, un dernier détaille…
La biomech s’agenouilla et le jeune homme eut tôt fait de coiffer ses cheveux. A présent, l’être qui se tenait devant lui était plus beau que jamais, et Quentin se fichait pas mal de son sexe.
-Ça ne te gêne pas que je sois une ?...
- Non, Junker. Ce que j’aime chez toi, c’est avant tout ton âme. Que tu sois homme, femme, dragon, robot ou autre, je t’aime tout autant. Même si tu étais un grille-pain.
Comme preuve, il se mit sur la pointe des pieds et l’embrassa. Junker papillonna des yeux. Elle avait à présent des cils bleutés légèrement scintillants. Son visage était plus fin et ses expressions plus purs que jamais.
-Allez, allons voir Eko.
- Oui.
Quentin s’habilla d’abord et ils quittèrent la chambre. Diamounder semblait ravie.
-J’ai une grande sœur ! J’ai une grande sœur ! chantait-elle en sautillant.
Les deux compagnons se regardèrent et échangèrent un sourire. Sur leur passage, certains regardaient la biomech orange avec un air interrogateur et curieux. Ils croisèrent un groupe d’homme. Sur leur passage, Junker reçu une tape sur la fesse non couverte par son gouvernail, faisant rire les individus. La biomech s’arrêta net et tourna la tête, les regardant d’un air peu sympathique.
-Eh, les pervers.
Les hommes firent volteface.
-Ce n’est pas très gentleman ça.
Ils ricanèrent. Quentin prit la main de sa compagne. D’un regard, il lui fit comprendre qu’il était inutile de s’attarder. Ils repartirent donc.
-Voilà qui ne te ressembles pas non plus, dit le garçon.
- Effectivement, c’est bizarre. Je me sens… différent.
Le trio arriva à l’entrepôt.
-Monsieur Eko ?
L’homme arriva. Il s’arrêta net en voyant la biomech orange qui eut un air gêné.
-C’est une longue histoire… En fait non.
Eko regarda Junker, sidéré. L’humanoïde tenta d’expliquer la situation.
-Eh bien… fascinant, en effet. Junker, puis-je prendre tes mensurations ?
- Tes mesures, souffla Quentin.
- Oui. Il faudrait que tu te déshabille.
La biomech orange détourna le regard.
-Je ne peux pas.
- Pourquoi ? demanda Eko, étonné.
- Je ne suis plus… asexué.
L’homme faillit en tomber à la renverse.
-Effectivement, ça va poser problème. En plus, on ne sait pas combien de temps tu vas rester ainsi. Bon… je vais essayer de te trouver des sous-vêtements…
Et il parti fouiller les allées. Junker s’assit.
-Et si je restais ainsi pour toujours ?
- Mais non, la rassura Quentin. Peut-être est-ce… une nouvelle apparence, comme la Forme Céleste ?
La biomech semblait peu convaincu. Eko revint alors avec un ceintre sur lequel se trouvaient un soutient-gorge et une culote.
-Tu n’auras aucun mal à enfiler le haut. Le reste… et malchance, c’est un string !
Cela le fit rigoler un instant. Junker soupira et lui arracha le ceintre des mains pour s’éloigner. Elle revint quelques instants plus tard, habillée de son sous-vêtement un peu maigre qui ne cachait que le strict minimum. La biomech détourna le regard.
-Bah ma vieille, c’est un sacré bordel que tu nous fais, dit Eko. J’te jure…
Quant à Quentin, il compatissait à la gêne de Junker. Néanmoins, il ne pouvait s’empêcher d’avoir le béguin pour son air gêné absolument craquant. Une facette que son compagnon ne montrait que rarement et qui était accentuée par son nouveau physique et ses expressions nouvelles. Il prit alors une grosse veste et vint la poser sur les épaules de l’humanoïde orange.
-Merci Quentin.
- A ton service.
Il déposa un petit baisé au coin de ses lèvres. Junker le lui rendit. Il senti alors quelque chose enserrer sa taille par derrière, juste au-dessus du bassin. Presque aussitôt, sa queue se déploya et frappa. Eko tomba au sol et lâcha son mètre.
-Désolé !
Junker l’aida à se relever tout en s’excusant. Cela fit légèrement sourire Quentin.
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