Chapitre 41 : Un départ mouvementé
Junker se redressa, libérant Quentin de ses ailes. Diamounder vint déposer Mikaëla au sol. Tous les quatre avaient survécus de justesse. La jeune révolutionnaire ne prononça pas le moindre mot. Ses vêtements étaient un peu brûlés mais grâce à la petite biomech, elle s’en sortait indemne, comme Junker. Celui-ci tourna la tête et avisa son gouvernail. Il ne restait plus que les parties métalliques. Le tissu avait brûlé, tout comme une grande partie de ses vêtements. Il tourna la tête et regarda Quentin. Celui-ci était indemne, et c’était bien ça le plus important. L’humanoïde ôta sa prothèse et reprit son apparence semi-humaine.
-Et maintenant ? demanda le jeune métis. Atteindre Paris sera beaucoup plus difficile.
- Nous allons demander de l’aide, répondit Junker avec calme. Diamounder, tu as le téléphone que monsieur Gin t’avais confié ?
- Bien sûr !
Elle le sortie de sa poche et le tendit à son congénère qui appela aussitôt.
-Oui, monsieur Gin ? Nous avons été victime d’une tentative d’attentat. Oui, la cliente va bien. Malheureusement, les pilotes sont morts. Pouvez-vous nous envoyer l’hélicoptère, s’il vous plait ? Je vous remercie, monsieur.
Il raccrocha et annonça qu’ils allaient bientôt être récupérés grâce aux coordonnées de l’appel. Il n’y avait plus qu’à attendre.
-Mademoiselle Von Aïna ? s’enquit Quentin en la voyant chancelante. Tout va bien ?
- Oui, c’est juste la pression qui retombe.
Elle s’assit sur un rocher et soupira. Ce voyage commençait très mal. Et elle craignait que de telles tentatives ne soient réitérées. Elle leva les yeux sur Junker, occupé à ausculter Quentin qui se laissait faire avec un petit sourire. L’humanoïde, très soucieux, lui demandait s’il avait mal lorsqu’il effectuait des pressions avec ses doigts et lui demandait d’effectuer des mouvements. Quant à Diamounder, elle scrutait les cieux afin de prévenir l’arrivée de l’hélicoptère. Mikaëla eut un petit sourire attendri en voyant ces trois enfants si débrouillards.
-Je vous remercie, tous les trois, dit-elle. Sans vous, je serai morte.
- Nous le serions tous sans Junker, affirma Quentin. Son instinct de protection lui permet presque toujours de nous éviter les dangers.
- Presque ? s’insurgea le biomech avec un sourire.
- Disons que parfois, tu as quelques ratés. Mais tu sais, personne n’est parfait.
Quentin lui saisit délicatement le visage et ils se regardèrent dans les yeux. Junker était toujours magnifique et le jeune homme ne voyait pas comment il pourrait un jour se lasser de cette beauté. D’ailleurs, cette idée ne lui traversa même pas l’esprit. Car si c’étaient les yeux du biomech qui l’avait d’abord attiré, ce qui avait fait fondre le cœur de Quentin était bien l’âme de son compagnon.
-Personne, répéta-t-il. Pas même toi.
Sur ce, il l’embrassa. Junker ferma les yeux et savoura ce plaisir. L’arrivée de l’hélicoptère mit malheureusement fin à cela. Le grand MI-26 se posa et une porte latérale s’ouvrit.
-Allez, dit le biomech en se retirant. Tout le monde à bord.
Diamounder sauta à l’intérieur et son congénère aida Quentin et Mikaëla à monter. L’hélicoptère décolla aussitôt. La jeune femme resta ébahie devant le luxe qui équipait l’engin.
-Impressionnant, dit-elle.
- L’hélicoptère nous déposera à Paris, annonça Junker. Suite à cela, il faudra se débrouiller.
Il se dirigea vers un grand dressing, accompagné de Quentin.
-Alors ? Que dois-je prendre ?
- Hum… Ah, je sais. Le costar cravate, c’est trop tape-à-l’œil, ça attire l’attention, alors on va partir sur ça.
Quentin lui trouva un grand ensemble sportif avec un sweet à capuche. Junker l’enfila.
-Magnifique, dit le jeune homme. On dirait un homme tout ce qu’il y a de plus ordinaire. Très discret mais d’autant plus impressionnant. Un vrai caïd !
- Et… pour ma forme secondaire ? Au cas où j’ai besoin de m’en servir.
Quentin prit un air gêné et se mis à fouiller la partie du dressing réservé aux dames.
-Essai ça…
Il lui fit enfiler un soutien-gorge sous sa forme sexuée. Cela était impeccable. Il le mis donc dans un petit sac de voyage avec quelques autres affaires. Mikaëla fut la suivante à essayer des tenues, en compagnie de Diamounder. Elle opta pour une grande robe blanche avec des détails rouges. La petite Biomech, elle, put essayer des jupes et des robes. A croire que Goei avait envisagée la présence d’une jeune fille dans ses rangs.
Durant le reste du voyage, le groupe s’occupa comme il le pouvait. Mikaëla lisait les notes de Junker, celui-ci s’occupait de Quentin et Diamounder, roulée en boule à proximité du duo sous sa forme draconique, semblait s’être octroyé une sieste.
-Junker ? Demanda Mikaëla. Je ne parviens pas à comprendre… tu dis avoir trouvé une femme qui a… tué son enfant et dont le mari l’a… cuisiné ?
L’humanoïde ne prononce pas le moindre mot. Quentin tourna la tête pour le regarder. Un silence pesant tomba. Même Diamounder redressa la tête, intriguée par l’atmosphère lourde qui régnait.
-Eh bien… oui, dit finalement le biomech. En désespoir de cause, et pour sûrement subvenir à leurs besoins, ce couple s’est résolu a…
- Je vois.
- Le traumatisme a été tel qu’il a fait une attaque, ajouta Quentin d’un air grave. J’ai bien cru que j’allais le perdre.
- Je suis désolée pour vous, annonça Mikaëla.
- Enfin, c’est derrière nous.
-Dis-moi, Junker. Quel est… ce secret que tu possèdes ?
- Eh bien… disons qu’au-delà de cette apparence partiellement humaine, je possède désormais… une forme sexuée.
Les yeux de Mikaëla s’arrondirent sous l’effet de la surprise. Quentin expliqua que le biomech pouvait à présent prendre les traits d’une femme, et qu’il avait désormais tout un système reproductif. La révolutionnaire avait bien du mal à y croire, jusqu’à ce que Junker lui prouve la vérité. Devant elle, il acquit son apparence féminine. Elle vit notamment sa poitrine se développer, son visage changer légèrement et ses mains s’affiner. Ses cornes avaient presque disparues.
-Waouh, dit-elle après quelques secondes.
Junker repris sa forme initiale. Mikaëla chercha à en apprendre plus mais ni les deux biomechs, ni le jeune homme ne furent en mesure de satisfaire sa curiosité.
Ce fut en fin d’après-midi que l’hélicoptère se posa à l’aéroport de Paris. Une limousine attendait le groupe qui ne fut pas long à s’installer à l’intérieur. Le véhicule parti aussitôt en direction du centre-ville. Au grand désarroi de Mikaëla, les lieux ne furent pas aussi splendide qu’elle ne l’aurait cru. Cela ressemblait presque aux périphéries dont elle s’évertuait à défendre la situation. La voiture s’arrêta devant un grand hôtel avec un tapis rouge. Les quatre individus y pénétrèrent et on les mena jusqu’à deux chambres. Mikaëla passerait la nuit avec Diamounder. La jeune révolutionnaire proposa d’aller faire une ballade avant de se coucher.
Junker monta sur le toit d’un bâtiment avec agilité. Il observa la ville autour de lui. Là-bas, il apercevait la célèbre Tour Eiffel illuminée. Il avisa la lune, bientôt pleine. Le biomech baissa les yeux et avisa Quentin, Diamounder et Mikaëla. Alors, il bondit et freina sa chute en plantant ses griffes dans un mur de briques.
-Alors ? demanda son compagnon à la peau sombre.
- Rien d’anormal.
Ils continuèrent à marcher dans les grandes avenues éclairées. Il y avait de belles boutiques dans lesquelles Mikaëla aurait aimé s’arrêter. Diamounder, elle, rêvait de vêtements de son âge. Quentin envisageait de son côté d’acheter une tenue complète. Celui-ci s’approcha alors du biomech orange, dont la tête était couverte par la capuche du vêtement gris.
-Junker ? Ça ne te dirais pas, une balade au claire de lune ?
- Nous verrons cela demain, Quentin. Pour l’heure, il est tard.
- Oui, tu as raison.
Le petit groupe regagna l’hôtel ainsi que les chambres attitrées. Junker ne fit aucun commentaire sur le couple lesbien qui s’adonnait à de torrides ébats trois étages au-dessus. Néanmoins, Quentin compris à la mine de Diamounder et la sienne que quelque chose les perturbait. Heureusement, lui non plus ne prononça pas le moindre mot à ce sujet.
Les deux compagnons étaient au lit. Junker avais repris son apparence originale et était à présent sous sa forme bestiale, se laissant caresser par Quentin. Le dragon prenait une place conséquente dans le lit.
-Et dire qu’il y a peu, tu n’étais guère plus grand que moi.
Le biomech reprit son apparence humanoïde et se retourna sur le dos. Il avisa le jeune homme de ses yeux bleus scintillants. Il vint poser ses doigts sur la joue de Quentin qui eut un sourire. Soudain, le regard de Junker changea. Il posa un doigt sur les lèvres de son compagnon qui ne compris pas. Sans un bruit, le biomech se leva et s’approcha de la fenêtre. D’un geste, il fit comprendre à Quentin qu’il devait être silencieux. Celui-ci était soudainement inquiet. Quelques instants s’écoulèrent avant que Junker ne prononce ces mots :
-Il est parti.
- Quoi donc ?
- Un…
Le biomech laissa sa phrase en suspens. Il fit venir Diamounder et demanda à ce que Quentin reste avec Mikaëla. Le jeune homme ne s’y opposa pas. Les deux biomechs changèrent de forme et dialoguèrent sous leur forme dragon. Même Diamounder fut surprise d’une telle décision de la part de son grand frère. La petite humanoïde ne tarda pas à quitter l’hôtel discrètement pour prendre la voie des aires. Quant à Junker, tous ses sens étaient en alerte. Il rejoignit Quentin et Mikaëla et ne prononça guère plus que quelques mots. Le jeune homme comprit de ce fait qu’un danger les guettait sûrement. La journée du lendemain allait être rude pour le trio de Goei.
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