En ce dernier mois de l’année, la neige tombait tranquillement dans la région est du Royaume de la Croisée. Les maisons d'un des villages étaient couvertes de poudreuse et la route qui y menait était vierge de tout passage.

Soudain, à quelques kilomètres de là, un sabot se posa sur le chemin. Il y resta quelques instants avant de repartir devant lui, révélant ainsi la terre sous la trace du fer à cheval. À quelques centimètres, un autre s’abattit puis repartit, puis deux autres. Quelques secondes plus tard, quatre autres encore foulèrent la neige, puis huit autres. Au total, pas moins de quarante sabots tâchèrent la neige de terre froide. Les chevaux avançaient lentement le long du chemin, leurs cavaliers ne semblant pas pressés et prenaient tous leurs temps.

Lorsqu’ils virent le village au loin entre les flocons de neige, ils s'arrêtèrent tous un instant. L’endroit semblait si paisible qu'il semblait ignorer tout danger potentiel. Le cavalier qui était en tête leva son bras drapé de noir avant de le baisser brusquement en direction des habitations. Tous les autres cavalières derrière lui poussèrent de puissants cris bestiaux et chargèrent à toute allure droits devant eux. Les sabots frappaient la terre, soulevant des myriades de gouttes d’eau qui étaient quelques instants plus tôt de simple flocon de neige. Les chevaux projetés à toutes vitesse crachaient une épaisse vapeur tandis que leurs yeux brillaient d’une lumière rouge sombre.

À quelques centaines de mètres de là, un villageois passa devant une maison. Il tourna la tête vers les cavaliers en les entendant. Il fronça les sourcils pour mieux voir, mais lorsqu’il les vit sortir épées, arcs, haches et lances, son sang se glaça instantanément. Il resta pétrifié un instant en voyant la robe noire comme les ténèbres des chevaux. Lentement ils se tourna vers le village pour prévenir du danger. Il eut à peine le temps de crier que déjà les premiers assaillants étaient là. Il vit les deux premiers le dépasser à toute allure. Au moment où le troisième passa, il sentit sa vision se tourner sur elle-même et s’estomper en même temps qu’une sensation glacial au niveau de son cou.

Le villageois s’effondrer au sol, raccourcis de sa tête qui roula au sol, son sang souillant la neige.

Les habitants du village qui assistèrent à la scène poussèrent des cris terrorisés, mais il était déjà trop tard. Les assaillants déboulèrent dans les rues, sillonnant entre les bâtiments tel des coups de vents destructeurs. Chaque fois que l’un d’entre eux croisait un villageois, celui-ci se faisait instantanément renverser, trancher ou transpercer. Ils n’avaient aucun moyen de se défendre, car la force des attaques passaient aisément à travers le cuir et le bois. Quant à la fuite, elle n’était une solution que pour quelques secondes seulement, avant que la mort ne vienne frapper par derrière.

La population du hameau avait déjà diminué de moitié lorsque le premier cavalier, qui était resté en retrait, arriva. D’un coup d'œil circulaire il observa la situation : des dizaines de cadavres mutilés gisant au sol, quelques pans de bâtiments avaient été détruits, une maison commençait à flamber et dans les rues ses hommes continuaient de répandre la mort. Satisfait, il descendit de son cheval et s’approcha de la bâtisse en face de lui qui semblait être le centre du village.

Soudain, il entendit derrière lui un cri de rage. Un homme, seulement armé d’une épée, fonçait droit sur lui. Le cavalier, totalement impassible devant cet assaut, se retourna lentement. Le villageois arriva à sa hauteur et abattit son arme. Tel un prédateur bondissant hors des ombres, le bras du cavalier sortit d’entre les plis de son grand manteau noir et vint attraper la lame. Celle-ci s'arrêta net sous la résistance des doigts recouverts d’un gantelet fait en acier sombre. Le cavalier serra un peu plus sa main et l’épée vola en éclat faisant tomber le villageois à la renverse sous le coup de la surprise. Ce dernier encore stupéfait, regarda son ennemi se détourner de lui et tendre la main vers le bâtiment. Il voulut se relever pour tenter autre chose mais quelque chose l’en empêcha, quelque chose de maléfique, comme une aura qui se dégageait du cavalier. Cette sensation le cloua au sol sous le coup de la terreur. Il ne put qu’observer, impuissant, la main se rapprocher de plus en plus de la bâtisse. Quelque chose se matérialisa soudain entre : une légère flammèche suspendue en l’air. Celle-ci avait une couleur très sombre, presque noir, au point qu’elle semblait absorber toute luminosité autours d’elle. Elle grossissait à vue d’œil, si bien qu’en quelques secondes elle commençait à lécher les planches en bois du mur et à s’étendre pour rapidement enflammer tout le bâtiment. Ce dernier n'était plus que brasier, mais il n’était pas le seul. Tous les autres bâtiments du village dégageaient d’épais nuages de fumés causés par les flammes qui les enveloppaient.

Progressivement, tous les cavaliers rejoignirent leur chef. Celui-ci se retourna et passa devant le villageois, toujours tétanisé, et rejoignit son cheval. Après s’être remis en selle, il regarda ses compagnons qui étaient tous présent et qui attendait ses ordres. D’un cri fort et net, il sonna leur départ et tous les cavaliers talonnèrent leurs chevaux pour quitter le village et se diriger vers d’autres contrés.

Aucun d'entre eux n’avaient besoin de se retourner, car ils savaient tous ce qu’ils laissaient derrière eux. Une heure après leur passage, il ne resterait du village plus que des ruines sous formes de poutres calcinées et des tas de cendres. Parmi la centaine d’habitants qui avaient vécu ici, seul une poignée de survivants pourront raconter comment un groupe de terrifiants cavaliers de Karnakral avaient dévasté leurs terres.