L'Autruche
Je suis en train de déjeuner,
Un bon café, un croissant chaud,
Plus une orang’ par moi pressée
Et ce matin il fera beau
Dit la télé juste allumée.
Puis on passe aux informations
Et là, je reste bouche bée
Devant l’horrible situation
De tous ces gens persécutés
A cause de leur religion
Ou même parfois enfermés
Pour divergence d’opinion
Ceux qui fuient pour un’ terr’ d’asile
Qui ne leur f’ra pas de cadeaux
Chez nous la vie est difficile
Pour qui s’intègr’ pas au troupeau
~~~~~~
A treize heur’, j’finis mon repas,
Un steak tartare, une salade,
Du fromage et une poire rocha
Mais la télé me rend malade
Montrant là-bas au Sud Soudan
Comment gaiement on extermin’,
Les vieux les femmes et les enfants
Qui survivaient à la famine,
Comment en mer on interdit
L’accès au port à ces navires
Chargés de malheureux, hardis,
Fuyant misère ou guerre et pire.
~~~~~~
Vingt heures, j’termine mon dîner,
Tomat’ concombres et crustacés,
Arrosés d’un p’tit muscadet,
Quand m’interrompa la télé
Avec ses histoires de viols,
D’accidents, de délits de fuite
Pas un’ nouvelle qui me console,
Qui me rassure, car la faillite
De notre monde me tétanise.
A mon niveau, pékin lambda,
Que puis-je faire ? Je réalise
Que, même au sommet, notre roi
Ne peut agir même s’il voulait,
Ce qui n’est pas encore prouvé.
Alors, moi qui n’suis pas parfait,
Je vais devoir solutionner.
~~~~~~
Je vais donc fermer la télé
Jusqu’à la prochain’ coup’ du monde
Et ainsi pouvoir digérer
Sans plus m’en faire le moins du monde.
Comme l'autruche la têt' dans l'sable
Pas de remords ni conscience,
Car nous ne sommes pas coupables
Si ! Mais alors d'indifférence.
Annotations