Minuit, je suis seule.
Minuit, je suis seule.
Madame Guerr m’a proposé de rester et j’ai choisi de rester dormir dans la chambre de service.
Oui, cette journée a été épuisante : j’ai vraiment sommeil.
Je suis sous la couette, nue, entièrement nue : j’aime le contact du tissu contre mon corps. Julie m’a dit un jour « Emma, je n’ai jamais vu une fille plus sensuelle que toi ! ». J’avais adoré ce compliment, les garçons n’en font pas d’aussi doux.
Julie, ô Julie, je t’ai revue aujourd’hui. Mes rendez-vous amoureux les plus intenses ne sont rien, à côté de ce que j’ai ressenti, en te retrouvant ce matin ma princesse.
Tu es toujours aussi douce, gentille et plus belle que jamais !
Parler de tout et de rien, rire, médire de « Frau GRRR ! »(qui, tu le reconnais a, en réalité, le cœur sur la main) : j’avais oublié combien toutes ces choses futiles pouvaient faire du bien !
Je repense à cette petite belge, si extravagante, totalement fascinée par toi, Julie (et fort jolie, je peux l’admettre maintenant!). Jalouse, oui pourquoi me le cacher, j’étais jalouse d’elle, de son désir qui semblait te faire plaisir.
Mais mon doux baiser m’a bien vengé. Quand je pense que la cheffe m’a remerciée, parce que je t’avais sauvée, en te faisant du bouche à bouche !
Cela valait bien ton baiser sur les fesses de ce joli garçon : là j’avoue en être restée bouche bée !
Il s’est passé tant de choses drôles aujourd’hui, mais aussi tant de choses surprenantes, voire inquiétantes.
Julie, comment as-tu pu voir des personnes qui n’existent pas ? Et si ta mère avait raison, et si tu étais vraiment folle ?
Mais moi, suis-je vraiment normale ? D’où sont venues ces visions soudaines de l’avenir, ne s’agit-il que de délires intérieurs ?
Je préfère les oublier, car ce que je vois, pour toi, Julie, c’est de la souffrance, beaucoup de souffrance.
Mais je vois aussi des choses plus agréables. Tu me confieras : « Tu sais mon frère Jules, il adore quand les filles lui font des avances ! ».
Il y aura ce dîner, où je mettrai ce conseil à l’épreuve de la réalité.
Je sortirai mon pied de cette chaussure dorée, que nous aurons choisie ensemble.
Ton frère partira dans un grand discours : « Le désir est l’essence de l’homme ».
Alors mon pied remontera lentement sous la table.
Il partira de ses jambes, il continuera sur ses cuisses et s’aventurera longuement sur son entrecuisse.
Et la bosse de son pantalon durcira, et son discours titubera, et il sera à moi pour la vie entière, et je te verrai tous les jours, Julie, ma future belle-sœur !
Lentement, je refais le trajet de mon pied droit sur la table.
J’ai chaud et ma main gauche s’égare sur mon sein.
Ma main droite torture mon clitoris, et trois doigts explorent mon intimité.
J’ai crié !
J’espère que personne ne m’a entendue ?
Lentement, mes yeux se ferment.
Oui, cette journée a été épuisante : j’ai vraiment sommeil.
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