Un homme aux traits tirés et aux allures de mélancolie est affalé dans un canapé. Tout à l’air neuf dans cette pièce, tout sauf le canapé, il est comme le rescapé d’une vie passée.

À portée de main, une table basse, elle aussi neuve et vide, sauf cette photographie perdue. Elle sublime une femme : elle se tient debout sous un arbre avec l’homme du canapé, le soleil illumine leur visage. Il est méconnaissable, mais c’est bien lui. Perdu dans ses réminiscences, il se demande pourquoi ? Nous ne connaissons hélas pas la fin de cette question, nous sommes nous aussi en mesure de nous demander pourquoi.

La femme n’est pas très grande, elle a les yeux en amande, ils ne sont pas bridés mais on y devine un petit quelque chose d’exotique. Elle est très belle.

En suivant sur le regard l’homme affalé, nous tombons sur une horloge clouée au mur, elle égrène le temps qui passe, elle rapproche et éloigne les êtres entre eux. Il est affiché onze heures moins de quart. Notre point de vue ne nous permet pas de savoir s’il s’agit de onze heures du matin ou onze heures du soir.

Depuis combien de temps attend-t-il ? Attend-t-il le retour de cette femme ? Encore combien de temps va-t-il regarder cette horloge ?

Le pauvre est prisonnier du temps et ne sait pas comment s’en sortir.