26. S'étirer
Un homme avec un bandage à la jambe, sur le perron d’une maison de village, regarde droit devant lui l’horizon, un horizon qui semble s’étirer jusqu’à l’infini, jusqu’à ce que la vue ne puisse plus dire où se trouve la limite entre la terre et le ciel, entre les nuages et les montagnes, entre la neige et la brume d’une saison hivernale qui redescend et d’un printemps qui se prépare.
Dans sa main gauche, une pomme verte, trésor conservé de l’automne au fond une cave profonde, grand garde-manger du foyer ; dans sa main gauche une pomme sûrement volée, car le village semble désert, il n’y a plus âme qui vive, ou du moins nous ne décelons aucun mouvements, aucun geste ; dans sa main gauche une pomme qui va être son petit-déjeuner.
Nous supposons que l’homme, dans sa quête de voyage vers une destination précise, s’est arrêté dans cette maison abandonnée de ce village déserté pour se reposer, s’étirer, dormir, se laver, manger, reprendre des forces et repartir.
Sur le bord du chemin, un petit panneau indique fièrement la présence d’une grande ville au-delà des montagnes : à côté des caractères, formant le nom de la ville, se trouvent des icônes que nous comprenons par « centre commercial », « hôpital », « musées », « laboratoires », « temples » et « écoles ».
Le soleil levant étire les ombres à l’extrême, et ses premiers rayons éclairent les montagnes au nord, comme pour dire à l’homme, j’approuve ton chemin, suit la route que j’illumine pour toi ; sauf que tout cela ne sera plus vrai à midi.
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