31. Tranche
Nous voyons, assis sur les décombres d'un grand bâtiment de béton, un homme portant un bandage à la jambe. Le bandage est tellement déchiré qu'il ne protège de plus rien. Les plaques de bétons brisées en plus ou moins gros morceaux recouvrent tout notre champ de vision. La poussière termine tranquillement de retomber.
L'homme assis tient un couteau à la main. Il tente de mettre fin à ses jours. Il tranche ses bras en long, en large, et à travers, mais rien ne se passe, le sang coule à peine, les chairs se refont.
Il tranche mais ne peut plus mourir.
Nous imaginons cet homme, qui s'est laissé entraîner dans quelque chose, qui a peut-être sauvé le monde en sacrifiant une grande ville aux pieds des montagnes, vivre à jamais alors qu'il veut mourir, avec en tête des centaines de souvenirs affreux qu'il souhaiterait oublier.
Dans ce tableau, entre deux anciens murs tombés l'un sur l'autre, nous distinguons une faible lueur, mince mais perceptible. Nous pouvons supposer que des reliques immémoriales comme l'épée et l'armure n'ont pas périclité pendant la chute de la ville.
Nous espérons qu'elles ne tomberont plus entre de mauvaises mains.
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