Une arrivée mouvementée

3 minutes de lecture

Départ : Bordeaux
Arrivée: Bayonne
22 mai 2019
Eric, Peugeot 307 grise, code : WKF9M

 Ils sont bientôt arrivés, il fait chaud dans la voiture, le soleil de mars tape sur la vitre depuis le péage. Ils écoutent tranquillement la musique, la radio saute d’une pop acidulée au rock basque. Ainhoa a les yeux à demi-fermés, la tête appuyée sur la fenêtre. C’est vendredi soir. Fin d’une semaine chargée, elle vient de finir ses partiels. Ils ont parlé un peu au début, c’était sympa, il travaille dans une agence de design sur Talence, il rentre passer le week-end chez ses parents. Comme elle, mais avec dix ans de plus. Ça l’a fait un peu flipper de penser que dans dix ans elle ferait encore ce trajet. Si ça se trouve, elle trimbalera un étudiant pour payer l’essence. Mieux vaut ne pas y penser. Ils sortent de l’autoroute, prennent le rond-point, elle s’étire un peu et range son téléphone dans son sac. Elle cherche des yeux la voiture de sa mère. Elle a encore dû se garer toute seule au fond du parking pour ne pas avoir à manœuvrer.

 La douleur lui coupe le souffle, sa tête a heurté le bord du vide-poche.

— Hey ! C’est quoi ça ?

  Ainhoa relève la tête, écarte ses cheveux, le gars est à moitié tourné vers l’arrière. Elle regarde et aperçoit une voiture collée à eux. Le deuxième choc est encore plus fort, elle se retient comme elle peut et écrase son téléphone avec le pied. Elle hurle aussi et se cache la tête dans les bras. C’est un peu comme dans les auto-tamponneuses, mais en vrai, sans la bande de caoutchouc qui amortit le choc. Après un dernier plissement de métal, les voitures s’arrêtent. Il n’y a plus de bruit. Juste un moment de silence. Leurs souffles résonnent et se répondent. Quand elle se redresse un peu, un cri lui échappe. Là, contre la fenêtre, le nez écrasé sur la vitre, une jeune femme blonde la fixe et lui fait un fuck. Ainhoa cherche de la main l’attache de la ceinture et se recule. Le gars souffle :

— Putain, elle me fait chier.

— Tu la connais ?

— C’est mon ex. Elle est folle.

 L’ex est maintenant assise sur le capot de la voiture. Elle ne dit rien, elle a l’air calme et elle fixe Ainhoa.

— Pourquoi elle me regarde à moi ?

— Salope ! Putasse! Je vais te faire ta fête.

 En furie, l’invitée du capot commence à tordre les essuies glaces, elle sort une de ses bottes et cogne le pare brise avec le talon.

— Tu ne peux rien faire là?

— ...

— OK, on attend quoi, exactement ?

 Il commence à pleuvoir. Le rythme de la botte ralentit.

— Toi, t’es morte ma belle !

— Pourquoi elle me gueule dessus ?

— Elle est jalouse. T’es blonde.

— De moi ? On ne se connaît pas, faut lui dire.

— Moi je ne sors pas. Elle ne m’écoutera pas. Elle est jalouse.

— Ça, j’ai compris, mais c’est complètement idiot.

 Le téléphone d’Ainhoa sonne.

— Oui, maman, on est presque arrivés, il y a un peu de monde... devant la voiture. Mais on arrive bientôt.

— T’appelle pas les flics?

— Non, c’est mon Ex.

— Oui, mais elle va carrément mal et elle ruine ta voiture. Et elle me menace de mort.

— Je suis désolé. C’est compliqué. T’inquiète, c’est pas contre toi, elle ne se rappellera pas ta tête.

Sur le capot, la blonde commence à pleurer. Elle se lève et va s’asseoir contre un arbre. Il redémarre la voiture, fait le tour du rond-point et se gare. Il a les yeux fixés sur le volant. Il pleure un peu.

— Désolé.

— Désolée pour toi. Et pour elle.

Votre avis sur votre voyage avec Eric :
Bon conducteur, discussion intéressante, si vous êtes blonde, portez un bonnet. Et un casque.

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