Tu t'avançais vers la porte. Ta main moite dans la mienne ne tremblait pas. Tu avais un petit rictus au coin de tes lèvres. Quand tu te saisis de la poignée, tu plongeais tes yeux dans les miens. J'essayai de te sourire. Tu ouvris la porte et je pris conscience que notre relation était sur le point de prendre un nouvel envol.

Je me sentais observé. J'entendais quelques ricanements et même des moqueries. Je lançais des regards vers toi pour retrouver du réconfort, tu semblais plus à l'aise que moi. Pourtant j'observais sur ton visage une certaine appréhension, tu avais l'air de regretter notre choix, de pressentir quelque chose. J'étais terrifié, moi d'ordinaire si timide, réservé et sensible, ce genre d'exercice me donnait envie de fuir en courant. J'y songeais, mais pour rien au monde je ne voulais te laisser tomber. La pression du regard des autres me pesait énormément, et pourtant ta présence m'était importante.

Le froid glacial de cette soirée de réveillon me coupait l'envie de garder ma main dans la tienne. Mais c'était notre défi, je ne voulais pas te décevoir. On n'avait plus envie de devoir nous cacher. Nous voulions assumer qui on était réellement. Mais ce n'était pas sans risques, à tout moment tout pouvait basculer.

Un client assidu du PMU du coin de la rue, nous avait repérés.

— Hey regardez-moi ces pédales ! Hey ! Sales pédés !

Je sentais ta main se serrer de plus en plus fort. Notre marche s'était accélérée.

Nous atteignions rapidement le pont enjambant la Loire. Les décorations lumineuses se réfléchissaient sur l'eau et même dans tes yeux. C'était magnifique. La brume qui se dégageait à chacune de nos respirations donnait un côté féérique à notre promenade. Tu me regardais droit dans les yeux, tu me demandais si je voulais arrêter.

— Non, on continue, on est amoureux et on l'assume, les autres, on s'en fiche !

Tu retirais ta main de la mienne pour me prendre dans tes bras.

— Je t'aime Sébastien.

— Moi aussi Fabien.