Marionnettes
Les ténèbres l'entourent. Épaisses et suffocantes. Elle hait ces sensations qui la rendent trop vivante. Elle veut mourir, disparaître. Vite... Maintenant. Pitié ! Elle souffre, subit, piégée en son propre corps. Un rai de lumière perce la noirceur de la scène. Sa chaleur la saisit. L’extase balaye la crainte. Bientôt ! Oui, bientôt, ce sera la fin !
Un pas lourd résonne.
Tap. Tap. Tap.
Puis, le bruit d’une corde que l’on tire. Les éclairages l’éblouissent. Elle ne cille pas. Elle ne peut plus le faire. Il l’en a privé depuis de longues heures – ou des minutes ? comment le saurait-elle ? Le blanc cru l’aveugle. Il ne lui accorde pas le temps de s’en accoutumer, la rejoint de sa démarche pesante. Une main saisit ses boucles, les tire en arrière.
Elle ne réagit pas. Bouche cousue, langue coupée, articulations brisées. Voilà ce que les journalistes écriront sur son cadavre, le jour où quelqu’un le trouvera. Une odeur de terre et de chien mouillé agresse ses narines, figées par un produit.
Il enroule un lien autour de sa tête, le passe sous son menton et le serre sur son crâne. Il s’écarte, fredonne. Oui, dans quelques instants, ce sera fini. Elle l’a vu faire avec les autres. Elle ne doute pas que sa future marionnette assiste à son spectacle.
Ses bras s’élèvent, mains ballantes. Puis, le reste de son corps suit. Elle monte, monte, monte tellement haut. Une de ses « ficelles » lâche. Puis une autre. Et encore une autre. Il ne reste plus que celle qui maintient sa tête. Les pieds dans le vide, elle se sent enfin sereine. Une seconde plus tard, ils s’écrasent sur le plancher de bois.
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