Carnaval abandonné
Émilie rit, saute, danse et chante. La musique entraînante de la troupe accompagnant la procession des villageois lui donne envie de virevolter dans les airs. Elle réajuste son masque, sourit à ses amies déguisées. Les couleurs chatoyantes habillent même le plus modeste d’entre eux.
Aujourd’hui, elle n’est plus Émilie la bergère mais une noble aux vêtements délicats. Des rubans parent ses cheveux. Un parfum floral ne délaisse pas son cou gracile. Ses grands yeux se posent sur un homme. Jean… Elle s’approche de lui, encouragée par l’euphorie du moment.
D’une voix hésitante, elle l’appelle. Quelqu’un lance des confettis entre eux, puis la prend dans ses bras. Il l’entraîne dans une valse, puis un autre danseur lui cède la place. Elle tourne entre eux, perd le fil de sa pensée. Une femme lui tend une flûte. Émilie n’hésite pas : elle saisit l’instrument, ajuste ses doigts et débute une mélodie pleine d’entrain.
La nuit l’inspire. Elle joue pour la lune et les carnavaliers. Les déguisements d’animaux, de personnages historiques, d’autres cultures se mélangent autour d’Émilie. Un enfant s’approche d’elle et lui jette des cotillons.
Émilie plisse des yeux face au soleil. Elle se réveille, une sensation légère animant son corps. Dans le salon, sa mère parle avec sa tante :
« De nos jours, les carnavals sont abandonnés par les jeunes… »
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