Chapitre Douze : Contrebandage écrit par Damian Mis
Réponse au défi-projet lancé par Florian Pierrel Officiel : écrire le douzième chapitre de l'ouvrage collaboratif Le Prisme, où une pierre magique se fiche dans le coeur de l'innocente Noémie. Désormais capable de voir les couleurs, elle est pourchassée par un dictateur envieux. Dans sa fuite, elle se découvre le don d'intuition et de téléportation. Après avoir fait fortune dans le casino d'un aéroport, elle embarque avec un homme-papillon nommé Papyon qui lui révèle qu'elle voyagera dans le temps, viendra lui rendre visite dans le passé, pour l'intimer de lui dire plus tard de suivre un cerf rouge. Perdue dans le souk de la planète Teint, elle croit voir passer ledit cerf, mais est arrêtée net par un homme-chat, que la Noémie du futur aurait également chargé d'une mission : la guider jusqu'à l'aérodrome des contrebandiers.
Chapitre Douze : Contrebandage. écrit par Damian Mis
Noémie, menton croquevillé sur les seins, se laissa conduire à travers les étals compacts du souk. L'inconnu aussi demeurait grave, affairé à les frayer dans la tourbe de badauds, flanquant de temps à autre une talonnade aux gamins dont les paluches rôdaient trop près des poches. Ils progressaient parmi les emplacements les moins chers du marché, un tertre dur et bossueux où les camelotiers blanchissaient les recettes des mercenaires, recelleurs et proxénètes.
Un dealer huileux tendit ses drogues à Noémie : c'étaient d'étranges capsules chargées de poudre multicolore. Derrière lui, des junkies râlaient bouche-bée, écroulés les uns sur les autres. Noémie s'arrêta, intriguée par la substance : le halo diapré qu'elle émettait lui rappelait celui de son prisme, quand elle l'avait ramassé, il y a quelques jours à peine, sur un rebord de cuvette de toilette.
Quelles circonstances merdique, songea-t-elle. On passe des années, des années de sa vie, de sa vie unique, à curer les chiottes des riches pour se louer une mansarde insalubre ; on croit avoir une famille, des amis, des goûts, tous ces rites quotidiens qui forgent une identité, puis voilà qu'une breloque chourée par hasard nous sort de tout ce qui fait nous, nous exile dans les replis d'une aventure insensée. Au final, on n'est plus bonne qu'à passer de Pierre à Paul, chacun sachant mieux que nous qui on est et où on doit se rendre. Noémie soupire : elle aimerait au moins vouloir quelque chose par elle-même, saisir une queue ou une tête dans ce voyage sans l'une ni l'autre.
Elle demanda au dealer ce que c'était qu'il dealait : de l'aérodaube, ricana-t-il, de la pelure d'arc-en-ciel qui vous éparpille aux quatre vents, et vous fait même voir les couleurs. Les couleurs ? L'ailleurs ? Noémie fronça le nez : les symptomes du prisme. Et comment est-ce qu'on la fabrique, l'aérochose ? s'enquit-elle encore.
Mais l'inconnu, qui avait remarqué qu'elle ne le suivait plus, avait fait demi-tour pour la tirer par le bras. On arrivait bientôt à l'aérodrome, souffla-t-il. Le guide bouscula un pouilleux affalé dans un coin, ôta son tapis de sol et ouvrit la trappe dissimulée en-dessous. Noémie pouffa : elle s'imaginait bêtement que l'aérodrome des contrebandiers ne pouvait pas être sous-terrain, puisqu'on y faisait décoller des avions et tout le trululu... Mais ça n'aurait pas été une contrebanderie très discrète, et l'aérodrome devait plutôt devoir son nom à l'aérodaube trafiquée dans ses environs. Dans ce cas, pas étonnant qu'elle se soit fait emmener là-bas : cette substance lui avait l'air tout à fait liée à ses problèmes prismatiques.
Elle s'enfonça par la trappe dans la chair glaise du tertre, dans le creux troglodyte de la planète. Les strates argileuses segmentaient un nuancier de bruns tendres. Teint. Quel drôle de nom d'astre. Coloris. Quelle serait la prochaine encore ? Pigment ? Non, non, c'était trop ridicule. Pourquoi tant s'exciter pour des histoires de couleurs ? Surtout pour qui ne peut même pas les voir, quel intérêt de se ruiner le bonheur au nom d'un sens oublié, enterré ? On s'acharnait à chasser des chimères, on s'inventait des graals lointains pour se noyer dans des quêtes, fuir son foyer et mourir loin des siens. Noémie n'avait jamais eu besoin de couleurs ; elle aimait la lumière toute nue. Le blanc dévorant du soleil qu'on regarde en face. Le reste est fioritures.
L'inconnu déverrouilla un sas qui donnait sur un immense hall rocailleux, où sommeillaient divans et ronflaient machines. Une ambiance hybride de boudoir-manufacture. Vaqués part et d'autre zonaient les contrebandiers. Au premier coup de sifflet, quinze paire d'yeux fusèrent vers l'intruse, quinze sourires éclorent : une ruée de filous. Chacun voulait lui serrer la main. Ah, Noémie ! Oh, Noémie ! On la bousculait de siège en siège, s'assurait du confort du voyage jusqu'ici. Et Papyon, tu l'as déjà rencontré, Papyon ? Oui, oui. Ouh, Noémie ! Uh, Noémie ! Assommée par les questions cascadées sur son crâne, Noémie opta soudain pour un mutisme têtu : elle ne dirait pas un mot qu'on ait cessé de lui tirer la chemise.
Vrai, quoi ! Il ne lui semblait pas avoir croisé une seule personne qui n'en sache pas déjà plus sur elle qu'elle-même.
Les contrebandiers poursuivaient leurs assauts. Un borgne bouscula les autres en gueulant :
« Tu avais raison, tu m'as dit de ne pas toucher au poivre luisant, au risque de perdre un oeil, j'ai désobéi, et me voilà ! »
Il se roulait par terre, se confondait en excuses, tandis qu'un trouple de siamois le piétinait :
« Que nous sommes heureux de te retrouver ! Tout est dans le sac.
- Nous avons correctement soudoyé le banjoïste gaucher au bordel de Gouache.
- Et voilà les trois litres de gaz frisant. Oh, et tu prendras bien garde à prendre la deuxième sortie au rond-point de Fard-à-Paupière ; et n'oublie surtout pas de saluer l'ours polaire avec deux doigts, pas trois, comme te le conseillera à tort l'huissier du phare d'Aquarelle.
- Ce satané centaure.
- Là-bas, romps le pain par le bout cornu, sans rabattre l'annulaire.
- Mauvaise augure.
- Et quand tu nous rencontreras pour la première fois, mets un coup dans mon oreille gauche, et traite moi de mord-moi-le-noeud. Je comprendrai. Mais le flibustier cul-de-jatte comprendra aussi, interpèle-le avant qu'il sorte de la morgue.
- Le numéro de téléphone de Chniy sera 06 53…
- Et pas de tuiles au caramel avant de se coucher, ça te ferait rêver du sorcier Rigodon…
- 93…
- Et avec le sorcier Rigodon, on rigole pas.
- Dès qu'on rêve de lui... Foutu !
- 00 41…
- Pas de pruneaux non plus.
- Ah non ! Les pruneaux, c'est la mort !
- 82…
- Si quelqu'un hurle "Poivron !" au milieu du meeting politique du président Bridot, saute sous une table et hurle "Passereau !". Ainsi, tu seras épargnée.
- 97 32 10…
- Oh, et ne couche pas avec Gristophe, même si ce sera tentant, c'est beaucoup trop risqué.
- Rapport aux infections.
- Enfin, tu verras toi-même, dès que la membrane est atteinte, c'est très voyant.
- Ah mais suis-je bête, tu ne sauras pas encore qu'il s'appelle Gristophe ; il t'aura donné un faux nom.
- Qu'est-ce que ç'aura été, déjà ?
- 73 28…
- Ah oui : Bartin.
- Bartin ? T'es sûr ? C'est pas le fils du maire de Pastel ?
- Bah alors ce serait qui ?
- Batrick ?
- Batrick.
- Oui, hein ?
- Oui, Batrick. Batrick sonne juste.
- 01…
- Sans compter sur la tante du soupier ninja... »
Ça n'arrêtait pas. Noémie passa les bras autour des oreilles pour se protéger des cris de ses connaissances inconnues. Elle s'élança à l'aveugle, traversa le hall d'un bout à l'autre sans jamais semer la foule d'hystériques. Elle tenta de tourner les poignées des portes attenantes : toutes verrouillées ! La panique la serra, elle se retourna trop vite, trop fort, et percuta un barreau. Elle tâtonnait, sonnée, vue trouble, bosse au front, quand une voix claire ordonna aux contrebandiers de s'écarter. Dispersion. Silence. Des talons hauts sonnèrent jusqu'à hauteur de Noémie. Elle releva la tête. Une femme était penchée sur elle. Ses traits lui semblaient familiers, mais trop flous encore pour l'identifier. Noémie sourit : enfin, enfin une figure connue dans l'amplitude de ce foutoir ! La femme l'aida à se relever. Noémie se frotta les yeux, s'apprêta à remercier, mais resta coite en reconnaissant pour de bon sa sauveuse : c'était elle-même, ni plus ni moins.
Noémie se laissa trainer jusqu'à la salle voisine, toujours hébétée. L'autre l'installa dans un luxueux fauteuil. Salon tamisé tapissé de livres, chaleur de lampe à huile. Tout en frottant sa bosse, la Noémie que nous suivons depuis le premier chapitre bégaya :
« Qui... es-tu ?
- N'est-ce pas évident ? gloussa son clone, puis poursuivit comme si de rien. Je te prie de m'excuser pour les collègues, ils sont un peu sur les nerfs dernièrement. Ils sont tous persuadés de nous avoir rencontrée dans le passé, ils ont toutes ces commissions à transmettre, ces objets à remettre.
- Ils inventent ?
- Oh non, aucun ne ment ; nous les avons vus et commandés, tous et chacun. Dans un futur passé plus ou moins lointain. A dire le vrai, je ne saurais pas précisément duquel de nos multiples futurs il s'agit.
- Multiples ?
- C'en fait des questions !
- C'est qu'il en faut des réponses. On n'entourbe pas son auditoire dans le mystère comme ça sans lui promettre au moins un brin de clarté.
- Ç't assez clair au demeurant : une Noémie il y a on ne sait combien de fois maintenant nous a piégée dans une boucle, sans doute dans l'impasse où elle était de ne pas parvenir à percer le mystère du prisme. Elle a écrit un journal qui retrace le détail de ses recherches, et l'a laissé dans le passé à l'attention d'elle-même, qu'ainsi informée elle ne refasse plus les mêmes erreurs. Cette simple manipulation temporelle a généré une suite continue de Noémie, chacune rajoutant un volume à la bibliothèque de l'aérodrome, point d'origine de tous les fractionnements temporels.
- Et toi ?
- Moi ? Je suis la première déçue. Quand je suis arrivée, j'ai lu les journaux de toutes les Noémies qui m'ont précédée, depuis la première Noémère. J'y ai tout lu, avide de découvrir ce qui me restait à vivre, quelles aventures avaient été laissées vierges. Pas de chance, je suis arrivée juste après celle qui a rompu le dernier secret du monde. N'écarquille pas les yeux : un secret résiduel parmi tant d’autre, après les quatorze secrets primitifs répertoriés par les quatorze Noémerveilles qui ont parsemé notre généalogie. Après les six secrets monstrueux découverts par les six Noémonstres qui sont venues avant nous. A moi ne restait rien, j'étais condamnée à être une Noémerde comme toutes les autres qui n'ont jamais découvert aucun secret. A nous ne reste rien. Tu viens après moi, le gâteau reste mangé entier, à toi ne reste rien. Tu vas pouvoir apprendre tout d'un trait qui tu es, d'où tu viens, tous ceux que tu aurais jamais pu rencontrer. Chacun des hommes et des femmes qui partageraient ta vie, si tu avais encore à les rencontrer. Les enfants que tu aurais portés si d'autres toi-même avant ne les avaient pas accouchés. Tout ça est là-dedans, avec ton écriture, tes mots. Prends, l'histoire est déjà écrite. »
Noémerde tendit un volume à Noémie. Corné, lu mille fois, le premier de tous les volumes. La nouvelle venue s'en empara doucement, caressa la couverture, dédicacée de sa main pour ses yeux. Découvrir ce qu'elle sera, mille fois autre, mille ailleurs informes coulés sur le papier. Une curiosité rageuse lui tordit les doigts. Elle voulait savoir. Elle voulait lire. Pourtant, quelque chose l'en empêchait avec autant de force. Un sourd sentiment de c'est trop facile, de c'est pas comme ça qu'il faut que ça se passe. Les lueurs de la lampe à pétrole dansaient sur sa face indécise.
« Mais toi ? lança-t-elle. Qu'est-ce que tu fais toujours là ? Je veux dire, pourquoi te terrer chez les contrebandiers si le dernier des secrets, si petit soit-il, a déjà été dévoilé ?
- Qui serait là pour te dire tout ce que je t'ai dit si je n'avais pas été ici pour être qui je suis.
- La boucle ne s'est donc pas arrêtée une fois la quête arrivée à son terme ?
- Oh non, cingla Noémerde avec un léger sourire. La boucle ne s'est pas arrêtée. Les comme toi arrivent et lisent et savent et repartent érudies, édifiées sur toutes les elles-mêmes qui courent les soubassements du monde. Ce qu'elles font ensuite, ça ne regarde qu'elles ; elles se trouve une autre quête, hors de celle épuisée des Noémies d'antan. Elles s'égarent, recoupent, comme les lambdas jamais nommés pleurent le soir où plus rien ne tend nulle part. Tout confus, tout fatraque par terre à pas se définir par une grande cause aveugle. Elles vivent.
- Oui, mais toi ? renchérit Noémie. Puisque le tableau est déjà peint, quand partiras-tu vivre dans la douceur des jours oisifs et la lumière nue ?
- Attends d'avoir tout lu avant de parler, postillonna l'autre. J'ai trouvé ma place, aussi cruelle soit-elle, j'ai créé un domaine par dessus les cendres d'un aérodrome inutile, consommé ! Quand la première Noémère est venue ici, dans cette chambre, il n'y avait que des braises et des murs calcinés. J'ai construit l'aérodrome, brique à brique je l'ai élevé des ruines. Il faut être quelque chose quelque part et mener son affaire là où on creuse son trou.
- Tu as donc renoncé à jouer quelque rôle que ce soit dans l'histoire des Noémies ? Seulement la bibliothécaire de la vie des autres ?
- Alors quoi ?
- Tu espères encore, non ? Tu restes ici parce que tu espères trouver l'indice que toutes les autres n'ont pas saisi entre les pages. »
Noémie s'approcha d'un rayon de la bibliothèque, en tira un vieil ouvrage : l'écriture n'était pas la sienne.
« Vois : il n'y a pas que des registres ici. Tu enquêtes. Tu fouines, tu creuses jusqu'à savoir ce qu'aucune autre n'a su. Mais comment faire ? Dans une boucle, rien ne peut se produire qui n'ait déjà été. Le mystère n'est pas épuisable : il se régénère. Comme les Noémies se régénèrent et reviennent sans cesse. A moins que... à moins qu'elles soient bloquées, entravées dans l'accomplissement de leur destin, taries à la source…
- Où veux-tu en venir ?
- Les Noémies ne peuvent pas sortir d'ici vivre une vie paisible. Elles ne peuvent pas devenir autre chose que ce qu'elles sont. La bibliothèque de l'aérodrome ne les accomplit pas. Elle les détourne d'elles-mêmes, mais c'est impossible, puisqu'elles ont fait ce qu'elles ont fait, elles doivent poursuivre leur quête pour que la bibliothèque ait pu exister. L'histoire est déjà écrite. Mais il faut aussi qu'elle reste à lire. »
Noémie rangea le volume. Son double la toisait avec effroi et mépris.
« Tu es comme les autres, cracha-t-elle. Tu ne comprends rien. Je suis désolée d'en arriver à de pareilles extrémités »
Deux contrebandiers cliquetèrent en fond de salle. Noémie se retourna, et vit qu'ils portaient des lames-grappin. Des arrache-coeurs. Alors, tout s'éclaira : les dorures sur son siège, le rire dans la gorge du dealer, la boucle sabotée dans l'oeuf.
« Tu voles les prismes dans le cœur des Noémies ! s'exclama-t-elle. Tu les broies pour en faire l'aérodaube dont tu empoisonnes Teint.
- Il faut bien financer ses recherches.
- Ce n'est pas en trafiquant qu'on devient l'héroïne ; c'est avec l'héroïne qu'on devient trafiquant.
- Merci de cette bonne parole. »
Les contrebandiers s'aérojetèrent sur Noémie, qui bondit par-dessus le fauteuil. La première lame s’échoua sur le moleton. La deuxième brute, plus vive, voulut prendre sa cible à revers, mais par chance, l’arracheur achoppa contre le contenu de la poche de sa victime. Il avait brochette la pyramide de pierre sombre, cadeau de Papyon, transpercée part et d’autre. Toqué, il manda de l’aide à son compère, qui tira dru l’artefact. La pyramide explosa, des deux sbires ne restaient que tronçons de jambes raides ; le reste s’était évanoui en confettis multicolores.
Leur commanditaire voulut appeler du renfort, mais Noémie l’anticipa : elle avait ramassé une arme, fondu comme faucon, poignardé l’œil en plein le blanc. Le globe roula docile hors de l’orbite. Noémerde sanglotait larmes et sang. Un souffle de terreur la retint d’hurler. Elle fixait Noémie, saliva entre la morve :
« C’est toi. La première de nous toutes, l’instigatrice du cycle. Noémère. »
Noémie secoua la tête, vertigineuse. Elle tourna les talons, mais les mains voraces de son usurpatrice la retinrent aux mollets.
« N’y va pas, par pitié, ne fais pas ça. Lis ton histoire. Tu ne voudras pas de ton futur quand tu le connaîtras ! Fuis ce sort vain et funeste ! Tu ignores les tours pervers du prisme. Tu ignores les desseins du dictateur. Tu crois vraiment avoir jamais quitté son palais ? Tu penses véritablement...
- Je ne laisserai personne spoiler mon destin. »
Elle l’uppercuta sec. La doublure temporelle s’écroula inconsciente sur la lampe à huile, d’où giclèrent de larges flammes. Ça commençait à lécher les feuillets, rogner les reliures. Tout brûlerait. Noémie sortit de la pièce, lentement, en glissant la main le long du mur. Dans le hall, les contrebandiers lui lancèrent un regard entendu. Ils la prenaient pour l’autre.
Noémie tremblait. Tout doux, elle se laissa tomber contre une paroi. Ses mains n’en voulaient pas décoller. Bientôt, des hurlements, des hurlements atroces de bûcher résonnèrent depuis la bibliothèque. Les bandits accoururent secourir leur cheffe rôtissante, sans succès, pétrifiés par l’épaisse fumée ardente. Noémie ne put retenir un rire. Elle palpait délicate la roche brune de l’aérodrome.
Ça lui courait sous les doigts comme la lisseur froide de la tôle des conduits d’aération du palais du dictateur.
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