Et alors maintenant ? Quoi qu’on fait ? Je l’ai retrouvé et puis ? Est-ce qu’on a une vie ou une histoire en commun ? Un avenir est-il possible sur ce passé plus que dégoûtant, d’abandon, d’abus sexuel, d’inceste et j’en passe de ces erreurs de comportement et de vie. Celle que je maintiens pour mes enfants. Celle que je cache pour jouir avec Natacha. Et Eric par-dessus le marché ? Que même aujourd’hui je ne peux pas garder. Même si je l’aime, surtout que je l’aime, de la mauvaise façon. Parce qu’il ressemble, parce qu’il est mon amour de jeunesse. Un amour abandonné. Un amour avorté. C’est quoi la suite ? Il n’y en a aucune. On reste de simples connaissances. On sait juste que :

• On existe dans une vérité qui ne compte pas. Toi. Moi. Nous. Tu retournes chez tes parents. Tu vas être heureux avec Coralie. Je retourne dans ma petite vie. Mais tu vois, je ne regrette rien, je n’ai honte de rien. Je suis même heureuse d’avoir vécu tout ça avec toi. Mon bien le plus précieux, c’est la mémoire de ces instants passés avec toi, au plus près de notre intimité, tu m’as retrouvée, tu es rentré chez toi, tu es rentré en moi, tellement, si tu savais.
• Je sais ma… Nathalie, je sais. Natacha m’a raconté, l’avortement, pour m’éloigner de toi, parce qu’elle t’aime et qu’elle te veux.

Tout est mal qui finit mal. C’est la fin. Non ? Il plonge la main dans sa poche et en sort un préservatif. Alors nous voilà dans cette sombre chambre d’hôtel sordide, debout et nus l’un contre l’autre à se sentir, à se caresser, à se goûter, à s’écrouler sur le lit de nos vices pour s’aimer, en pleine conscience de nos actes et de qui nous sommes, s’aimer de toutes les façons pour rattraper tout l’amour qu’on ne s’est pas donnés, que je nous ai interdit, l’amour dans tous les sens du terme. Me voilà coincée dans le triangle d’une triple vie, la première en famille avec mes enfants et à tricher avec mes deux autres vies secrètes. La vie avec Éric. La vie avec Natacha. Je suis encore plus vicieuse qu’elle. Il n’y en a pas une pour rattraper l’autre. Je parais pourtant si normale à la maison à cajoler ma fille, à éduquer mon fils, ou au lycée à enseigner à mes élèves. Je suis madame Nathalie Sinquin, doublement déviante, pas vue, pas prise. Et quand je regarde autour de moi, je suis sûre et certaine de ne pas être la seule à évoluer au-delà des lignes que la morale nous a tracées. Arrêter c'est perdre tout ça. Continuer c'est tout perdre aussi. En fait, quelle que soit la solution, on perd toujours à cette vie qui n’est faite que de problèmes. Alors je continue pour faire durer le plus longtemps possible cet équilibre instable prêt à exploser.