Prologue - Une journée ensoleillée, la plage de sable blanc, baiser volé
Confortablement allongée sur le sable blanc, j'autorise le soleil à me brunir légèrement ma peau laiteuse. Je ne sors que très rarement. Aujourd'hui est une exception. C'est uniquement pour lui faire plaisir. D'ordinaire, on essaie de se cacher du mieux possible. Car nous ne pouvons être vus. Les autres ne pourraient comprendre. Ils diraient que nous sommes dégueulasses. Je le connais bien, le monde.
« Cordelia ! »
A l'annonce de mon prénom, je rouvre les yeux. Le soleil me brûle la rétine, aussi suis-je obligée de cacher mes yeux avec mon bras. C'est une voix d'homme qui m'appelle.
Ma vue recommençant à se faire à l'éclat du jour, je détaille celui qui s'avance vers moi. Pas très grand. Cheveux bruns virant légèrement sur le gris. Des yeux bleus - mon Dieu ses yeux ! Deux vraies perles rares ! - La quarantaine... Un homme mature et absolument charmant.
Il se pose sur le sable juste à côté de moi avant de me donner un coup d'épaule amical.
« Allez, viens avec moi... ! me supplie-t-il.
‑ Pas envie."
Je le vois faire la moue. Il n'est pas en colère. Cet homme aime juste me taquiner. Je porte pourtant mon maillot de bain sous mes vêtements. Mais je suis bien trop pudique pour dévoiler ainsi mon corps. Même avec lui. Mais cela ne semblait pas le déranger. Du moins jusqu'à maintenant.
Il se place alors à genoux derrière moi. Je soupire. Qu'a-t-il prévu encore ? L'adulte place ses mains sur mes épaules et commence à me faire un massage. Je dois dire que j'en ai grandement besoin ! Après toute cette pression due à ma semaine d'examens blancs... Il déplace tous mes cheveux sur mon épaule droite et commence à remplir ma nuque de baisers.
« Allez, viens ! Je te jure que l'eau est bonne. »
Cette voix. A la fois si douce et sensuelle. Je pourrais facilement me laisse tenter.
Je me tourne vers lui pour planter mon regard dans le sien. De tels yeux bleus... C'est inhumain ! Ils sont tellement... tellement ... envoûtants ! Je n'arrive pas à m'en détacher. Ces deux yeux cristallins m'ont totalement coupée du monde. Je ne pense plus à rien. Mes examens, mes parents, le monde. Tout est parti en fumée. Il n'y a plus que lui et moi, sur cette plage de sable blanc. Loin des regards. Loin des rageux. Lui. Moi. Personne d'autre.
« L'eau n'est pas le problème » je lui réponds.
Il hausse les épaules. Signe qu'il ne comprend pas.
A force de le côtoyer, j'ai fini par comprendre tous ses petits mouvements du corps et leur signification. En partie le haussement d'épaules. Mais celui qui reste de loin le plus mignon, c'est lorsqu'il penche la tête sur le côté et qu'il te regarde intensément. Celui-ci, c'est celui qui veut dire : « Fais-moi plaisir ! ». Absolument adorable.
« On va employer les grands moyens alors… »
Il me fait son fameux sourire taquin. Très charmant. Vraiment. Le pire reste à venir.
Il s'accroupit en face de moi et m'empoigne par la taille. Je proteste, lui hurle de me lâcher, mais au lieu de cela, il me balance sur son épaule. Il court ensuite vers la mer. Une fois dans l'eau, il me lâche. Je tombe. Je suffoque. L'eau entre dans ma bouche. Je bois la tasse. Je sors difficilement la tête hors de l'eau. Je tousse. L'air a du mal à se frayer un passage jusqu'à mes poumons. Je respire calmement. Le souffle me revient.
Lui rigole. Ce rire, comment ne pas l'aimer ? Il rit fort. Aux éclats. Sincèrement. Avec le cœur.
Je me jette dans ses bras. Je pleure. Ma pression redescend. J'en avais juste besoin. Un peu.
« Eh, Mat... »
Mat, c'est son diminutif. Tout comme le mien est Délia.
« Tu crois qu'on restera ensemble, même si mes parents... »
Il m'embrasse. Ca, ça signifie : « Ne t'inquiète pas. Je t'aime. » C'est sa manière à lui de me le dire. Je lui renvoi son baiser.
L'amour n'a pas d'âge.
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