Galilée
Galilée n’était pas beau. On pouvait dire qu’il était laid, le gars. Gay, il l’est. En Gaule aussi, il l’est, mais sans l’avoir, ni la voir, la gaule. Ou du moins il l’était. Pas seulement l’été. Il l’était tout l’été, mais l’était aussi l’hiver. Il était sur son lit vert. Oui, car Galilée avait divers lits verts. Non pas qu’il était plein de vers, ni qu’il lisait Gulliver, simplement que les draps étaient verts. Certains disaient que c’était la couleur de l’espoir, le vert. Mais les poires, Galilée détestait cela, et l’espoir, il l’avait perdu le jour où il s’était brisé sur son plafond de verre.
Un matin donc, alors que Galilée promenait son mâtin le long des champs et lisait, non pardon, le long des Champs-Élysées, l’animal aboya à l’adresse d’un passant. Impatient de passer le dangereux basset, l’inconnu trébucha sur un cône nu et s’étala sur le pavé. Pavé de bonnes intentions, Galilée se porta à pas pressés au secours de l’infortuné passant tandis que son touffu toutou tournait tout autour. « Lâchez-moi » lâcha le lâche Lacanien étalé sur le sol, refusant l’aide de notre héros à l’air hautain et au teint à l’air haut du tintamarre.
La chute du corps du malheureux donna des idées à Galilée. Car tout corps, d’où qu’il choie, obéi à des lois. Et s’il est de bon aloi pour le chuteur de tomber sur un fessier doux qu’il choye, d’où qu’il soit, il tombera selon les mêmes lois que le 58 du jeu de l’oie. Dans cet élan soudain de création (et non dans l’élan sous le daim qui crée l’action, parce que ça ne veut rien dire), notre ami rentra chez lui. Son âme mit autant de temps à le rejoindre, et le basset aussi. La chaleur du foyer réchauffa Galilée qui répara son foie, noyant sa bile dans une tisane de fleurs de noyer. Sa bile, habile, se dilua dans le breuvage. Parvenu jusqu’au brave âge de soixante-dix ans, Galilée, se-disant génie en soi, n’était pas gêné de devoir boire cela. L’ami de De Bussy, assis, but six tasses dans sa clepsydre, telle une hydre à thé, pour s’hydrater, et retourna à sa paillasse. Il saisit son parchemin sans y aller par quatre chemins, et planta le décor de la loi de la chute des corps.
Penché sur le bureau il remonta sa bure, haut sur ses genoux, et je nous épargne l’image de ses frêles cannes qu’Anne frôlait du doigt il y a encore peu.
Il massa ses rotules, apaisant ses maux et écrivit ces mots :
La vitesse d’un corps ne dépend de sa masse
L’air caresse le corps, ralentissant sa chute
La vie teste nos corps se fondant dans la masse,
L’oracle, pris de paresse, râle en tissant sa chute
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