Chapitre 16
En apprenant que les enfants royaux se trouvait dans son royaume, le roi Salmon X avait demandé à leur parler. Laurent et Iris furent donc amené dans la salle du trône. Il était agenouillé au centre de la pièce, les fers toujours aux poignets. Un garde se tenait debout derrière chacun des deux enfants. Le roi n’était pas encore présent. Ils l’attendirent pendant ce qui, pour Laurent, sembla durer plusieurs heures. A côté de lui, Iris commençait à s’agiter. Tout comme lui, elle devait avoir mal aux genoux. Il lui prit la main et la serra pour lui donner du courage. Au même moment, Salmon X entra, vêtu de ses habits de cérémonie bordeaux.
— Désolé pour l’attente, dit-il, j’avais des choses importants à régler.
Sans prêter la moindre attention aux deux prisonniers, il se dirigea vers son trône, faisant voler sa cape dorée à chacun de ses pas. Il s’assit et regarda lourdement les deux enfants. Le prince serra plus fort la main de sa sœur. Cette fois, c’était lui qui avait besoins de réconfort.
— Qu’êtes-vous venu chercher dans ma bibliothèque ? demanda-t-il après un long silence pesant.
— Votre bibliothèque ? répondit Laurent. Nous n’avons pas mis les pieds dans votre bibliothèque.
— Ne me prenez pas pour un idiot ! s’énerva le roi. Une jeune fille est récemment venue me demandez un laissez-passer pour cinq personnes et mes soldats vont ont vu en sa compagnie.
— Peut-être mais ça ne veut pas dire que nous soyons entrés dans la bibliothèque.
Laurent commença à dégager son épaule. Voyant le prince bouger, le soldat situé derrière lui, mit la main sur la garde de son épée. Le jeune garçon ralentit alors son mouvement. Avec douceur, il fit tomber la manche de sa tunique pour dévoiler sa marque.
— J’imagine que je n’ai pas besoin de vous rappeler ce que cette marque représente ?
Le roi secoua négativement la tête
— Bien je n’ai donc pas besoin de vous préciser que nous n’avons nul besoin de laissez-passer, continua le prince. Alors expliquer moi pourquoi j’aurais envoyé une fille en demander un.
Salmon X ne semblait pas du tout convaincu par les dire du prince, mais il n’en dit rien.
— Bon admettons, mais dans ce cas, qu’êtes-vous venu faire dans mon royaume ?
Laurent chercha une excuse crédible mais n’en trouva pas. Il aurait pu lui dire la vérité mais pour la sécurité du roi il était plus prudent de se taire. Il préféra donc ne rien dire. Le soldat derrière lui, lui donna un petit coup de pied dans le dos.
— Le roi t’a posé une question.
— Inutile d’être violent, intervint Salmon X, il a tout à fait le droit de se taire. Néanmoins, je serais en droit de penser que vous êtes venu pour fomenter un coup d’état à l’encontre de ma personne.
Laurent se taisait toujours.
— Bien je vais prendre ce silence pour un aveu.
Iris regarda son frère avec incompréhension. Elle brulait d’envie d’hurler que tout était faux mais Laurent l’en empêcha d’une simple pression sur sa main. Son regard lui fit comprendre qu’elle avait comprit et qu’elle lui faisait confiance. Il en fut soulagé.
— Bien je n’ai plus de question à leur poser, reprit le roi. Vous pouvez les emmener.
Les deux gardes les forcèrent à se lever et les ramenèrent dans leur cellule dans les geôles du château. Ils y avaient été incarcérés en attendant d’être reconduit au royaume d’Abésia. Tessa et Crystal étaient également enfermées avec eux. Les deux hommes leur enlevèrent les fers avant de refermer la porte derrière eux. Les deux enfants s’assirent côte à côte sur la banquette en bois en face de celle de Tessa. Il se taisait ne voulant pas déranger la jeune femme qui fredonnait une berceuse pour aider sa fille à s’endormir qu’elle tenait sur ses genoux.
— C’est une très jolie chanson, dit Iris quand Tessa se fut tue.
— Merci, répondit-elle dans un sourire, elle me vient de ma mère.
— Vous êtes née au royaume d’Erabitsa n’est-ce pas ? demanda Laurent à brule pour point.
Tessa eu l’air surprise l’espace d’un instant.
— Oui en effet, finit-elle par répondre. Mais comment connaissez-vous l’existence d’Erabitsa ? Ce royaume est censé être tombé dans l’oubli.
— J’ai lu le nom dans un document dans ma bibliothèque. Nous sommes venus à Gitral pour trouver plus d’information. Mais nous n’aurions pas dû. Lord Phorus a profité de notre absence, à moi et à Iris pour prendre le pouvoir.
Laurent s’en voulait énormément, s’il n’avait pas été aussi curieux, il aurait pu prévenir sa mère des plans de Lord Phorus et Tessa et Crystal serait toujours en liberté. Accablé par la culpabilité, il ne put empêcher les larmes de couler le long de ses joues. Tessa tendit une main dans sa direction et l’invita à s’assoir près d’elle. Quand il fut installé, elle passa son bras autour de ses épaules, l’attira tout contre elle et dit d’une voix remplie de tendresse :
— Dans mon pays nous avons coutume de dire que rien n’arrive pour rien. Et selon moi, ta curiosité aura au moins permis une chose : me redonner espoir qu’un jour Erabitsa renaitra de ces cendres et resplendira de nouveau aux yeux de tous.
— C’était un beau pays si je comprends bien ? demanda Iris
— Le plus magnifique de tous.
Tessa leur décrivit son royaume dans les moindres détails. Elle parla des immenses prairies où pâturait les moutons, des falaises le long desquelles elle aimait se promener et observer les vagues qui venait s’écraser à leur pied et des forêts qui lorsque le vent, passant entre les branches des arbres, donnait l’impression qu’elles étaient enchantées. Mais elle insista surtout sur la beauté du château avec ses jardins remplis de fleurs de toutes les couleurs. Les gens venaient de tous les pays pour le visiter. Laurent l’écoutait sans l’interrompre. Il tentait d’imaginer tous ces fabuleux endroits. À force d’évoquer ses souvenirs, les yeux de la jeune femme se mirent à briller et sa voix se fit plus mélancolique. Même s’il comprenait sa tristesse, Le prince ne pouvait qu’effleurer ce qu’elle ressentait au fond d’elle. Cette femme avait tout perdu, sa famille, ses amis, ses racines et maintenant sa liberté mais malgré tout elle gardait espoirs et réussissait à le réconforter Elle avait une force, qu’il admirait au plus haut point.
— Je ne peux m’empêcher de me demander comment un royaume peut disparaitre sans laisser la moindre trace, même dans la mémoire des gens ? dit Laurent quand Tessa eu finit ses explications.
— Je n’en ai pas la moindre idée, répondit-elle après avoir essuyer une larme qui commençait à couler sur sa joue. Il a comme imploser et toutes les personnes que j’ai interrogées m’ont répondue qu’elle n’avait jamais entendu parler d’Erabitsa.
— Mais comment avez-vous survécu ? la questionna Iris qui venait de s’assoir à la droite de la jeune femme.
— Eh bien tout simplement parce que je ne m’y trouvais pas à ce moment-là. Je suppose que j’ai eu de la chance.
Iris posa sa tête sur l’épaule de la jeune femme. De l’autre côté Laurent se pelotonna un peu plus contre elle. Avec amour Tessa déposa un baiser sur le front des deux enfants et se remit à chanter. La chaleur de ses lèvres rappela au prince les bisous de sa mère. En pensant à elle il se demanda si elle allait bien maintenant que Lord Phorus était au pouvoir. Bercé par la douce mélodie, ils finirent par s’endormir.
Des bruits de pas se firent entendre, réveillant le prince. Il faisait si sombre dans les geôles qu’il en déduisit que la nuit devait être tombée depuis un moment déjà. Une faible lumière éclairait une silhouette.
— Je suis désolé de vous avoir réveillé votre altesse mais nous devons rentrer à Abésia.
En reconnaissant la voix du capitaine de sa garde, Laurent se leva.
— Il n’y a pas de mal capitaine, dit-il en s’étirant
Il réveilla ensuite les autres, pendant que l’homme sortait une clé de sa poche et ouvrait la cellule. Alors qu’il entrait, d’autre soldats arrivaient derrière lui. Il s’approcha de Crystal, toujours sur les genoux de sa mère et s’accroupit. La fillette se resserra contre Tessa.
— N’ai pas peur, lui dit-il d’une voix calme. Je n’ai pas l’intention de te séparer de ta maman en revanche, je vais devoir te remettre ces méchants bracelets qui font mal.
Pour toute réponse, Crystal lui tira la langue, ce qui fit beaucoup rire le capitaine. Il fit signe à un des soldats de lui apporter les fers qu’il mit ensuite aux poignets de la fillette. Les autres gardes s’occupèrent d’Iris Tessa et Laurent. Quand tous furent menotté, ils sortirent des geôles, le capitaine devant et ses hommes entourant les prisonniers. Ils quittèrent ainsi le château et se dirigèrent vers le camp de l’armée d’Abésia situé à l’extérieur de la ville. Comme Laurent l’avait deviné, il faisait nuit noire. Les rues étaient seulement éclairées par les torches que tenaient les soldats.
Une fois arrivé au camp, on les installa, tous les quatre, dans un grand chariot conçu pour le transport de prisonnier. Peu de temps plus tard, le soleil commença à se lever. Laurent en profita alors pour observer les soldats qui s’agitaient. Il fut étonné de voir autant d’enfants dans leurs rangs. Lorsque le capitaine revint avec quatre écuelles de nourriture et une gourde d’eau, il lui demanda :
— Pourquoi y a-t-il des enfants parmi vous ?
— Ce sont les nouvelles recrues, lui répondit l’homme. Lord Phorus nous à ordonner de les prendre en formation sur le terrain.
Il apostropha une jeune fille blonde qui passait justement à côté de lui.
— Voici Alizée, c’est l’une de nos meilleures recrues. Au début elle était un peu timide mais, elle s’est très vite adaptée.
La jeune fille tourna autour du chariot, les regardant un à un l’air hautain.
— Voici donc le pince et la princesse qui ont trahi leur royaume, dit-elle en s’arrêtant devant le prince. Je serais vous j’aurais honte.
— Jeune fille, ils restent malgré tous les enfants royaux et tu leur dois le respect.
— Je suis désolée capitaine
Elle regarda ensuite dans la direction de Tessa et de Crystal
— Vous n’êtes pas très impressionnante pour des sorcières.
Face à la remarque de la jeune fille, Tessa serra le point.
— Il s’agit peut-être de votre meilleure recrue mais elle doit encore apprendre le respect, dit le prince qui avait été choqué par de tel propos.
C’était donc en les associant au diable que Lord Phorus légitimais cette traque absurde. Mais comment les soldats pouvaient supporter d’obéir à un tel ordre ?
— Toi, je ne te permets pas…, s’insurgea la jeune fille
— Alizée ça suffit ! la coupa le capitaine. Va aider tes camarades au lieu de manquer de respect à ton prince.
La jeune fille s’éloigna non sans avoir lancer un regard haineux en direction des prisonniers. Le capitaine ne revint pas sur l’incident, il leur désigna plutôt les écuelles.
— Mangez ! Vous n’aurez pas d’autre repas avant ce soir.
Il repartit ensuite donner ses ordres à ses hommes. Quand le soleil fut totalement lever, tous les soldats étaient prêts à partir. On vint atteler un cheval au chariot des prisonniers et l’armée se mit en marche.
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