LA SOUILLON ET L'HANDICAPÉ

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« Il était une fois, une souillon et un handicapé qui, grâce à un chat, se sont sauvés la vie. La souillon buvait beaucoup d’alcool afin de noyer sa souffrance d’une vie faite de déboires. Elle vivait avec sa fille, Perle, triste demoiselle qui pleurait chaque soir de voir sa mère s’alcooliser au risque d’y perdre la vie. Son voisin, l’handicapé, à presque quarante ans, vivait avec sa tutrice, Crainte, pour qui il avait beaucoup de sympathie. Orphelin, l’handicapé avait comme désavantage celui d’être borgne et d’avoir un cœur laid. Dès qu’il parlait c’était pour dire des imbécilités, des méchancetés. Crainte, dans sa peur de le voir partir un jour, l’avait bien conditionné pour que jamais il ne puisse, avec une autre, se lier d’amitié. Souvent claustré dans sa chambre, il s’inventait des histoires. C’était là son seul défouloir. Il ne se retenait qu’à un seul rêve écrire un roman, le publier, devenir riche et enfin pouvoir se libérer de sa chambre ainsi que de son amour d’antan. Il s’imaginait vivre avec la plus belle femme au monde comme celle que l’on voit à la télé. Lorsque le jour où l’handicapé découvrit dans son jardin un chat affamé, perdu et ne sachant plus où aller, l’handicapé l’adopta afin de le nourrir, le soigner et lui donner un toit dans sa chambre ensoleillée. Très vite, il s’enticha de ce chat pour qui il offrit tout l’amour qu’il ne pouvait pas donner. Seulement, un soir, voyant l’animal chercher sa véritable demeure, il comprit que ce chat n’était pas sa propriété. Alors il alla voir la vétérinaire afin de savoir qui était son maitre et à plus forte raison, son identité. Grand bien lui fasse car grâce aux coordonnées recueillies dans la puce du chat, la vétérinaire pu identifier à qui il appartenait. Dès lors, elle lui dit que son propriétaire n’était autre que sa voisine la souillon. Il y a bien longtemps, l’handicapé avait, d’un regard en biais, vu cette femme mal apprêtée. Il n’y avait rien à dire, dans ses habits de souillon elle apparaissait telle une souillon des plus souillons. Grosse et empestée, son visage était rubicond. L’handicapé la jugea et lui étiqueta sur le front : obèse, ivrogne et négligée voici la souillon du quartier ! Quel dommage pour le pauvre garçon qu’il ne sache pas lire à cet instant tout le désespoir dans le regard de la pauvre souillon. Il aurait pu y voir la plus belle des âmes puisqu’en rien cette dame n’était une créature du démon. Nonobstant cette vérité, l’handicapé au cerveau bien formaté par Crainte et sa peur de voir l’handicapé la quitter, n’y vit qu’une créature grosse, sale et mal fagotée. Ah oui ! Il avait bien trouvé la souillon du quartier. À la différence de l’handicapé, le pauvre chat, lui, s’en fichait de ce qu’il pouvait bien penser. Et comme un signe du destin, il alla dans les bras du triste jeune homme afin de lui montrer la vérité. Ne pouvant plus résister, l’handicapé envoya sur son téléphone, un message à la souillon pour savoir si elle voulait récupérer le félin que l’on aurait pu croire abandonné. La souillon, véritablement désemparée dans une vie où rien ne lui avait été épargné, par amour pour son chat, refusa de le récupérer. « En voilà une drôle d’idée », pensa l’handicapé. « Pourquoi me donner son chat alors qu’elle pourrait le récupérer ? Qu’a-t-elle bien à cacher cette souillon pour ne point reprendre cet animal d’une splendide beauté ? » Les réponses à ses questions allaient, sans tarder, être dévoilées, puisqu’enfin ces deux-là allaient se rencontrer. Le lendemain, au petit matin, afin de finaliser l’appartenance de ce chat sans propriété, la souillon vint toquer chez l’handicapé. Quand l’infirme ouvrit la porte de sa maison, la souillon vit l’handicapé et fut carrément estomaquée. Car, ce ne fut pas un coup de foudre qu’elle eu envers l’handicapé mais un tsunami, un raz de marée. Il n’y avait pas à redire l’handicapé bien qu’handicapé d’un œil éborgné était d’une belle beauté et c’est sans le faire exprès, par un sourire, qu’il fit voler dans le ventre de la souillon un million de papillons. Dès cet instant, la souillon tomba amoureuse de l’handicapé et cela juste par un simple sourire échangé. Plus tard dans la journée, après que la souillon soit partie de chez l’handicapé, le pauvre garçon avoua à sa tutrice : « j’ai rencontré la souillon en cette matinée. Si tu l’avais vue, que de souffrances enracinées dans ses regards de pitié. À croire que la vie ne lui a fait que des cadeaux empoisonnés ». De cette honnêteté faite à sa psyché, il avait su déceler une forme de vérité qui, chez la souillon la harcelée. La clairvoyance, bien que handicapé, ne lui faisait pas défaut, c’était là une de ses rares qualités. En milieu de soirée, la souillon envoya un message à l’handicapé plein d’audace et de témérité : Croyez-vous au coup de foudre ? —Oui, répondit l’handicapé. —Car j’ai eu le coup de foudre pour vous. —Ce n’est pas réciproque, je suis désolé. -Ça ne fait rien. -O.K. -Serez-vous d’accord pour discuter ? -Pourquoi j’accepterais ? -Pour mieux vous connaître, c’est là mon plus grand souhait. -Qu’a cela ne tienne, bien que vous soyez la souillon du quartier, j’en serais enchanté ! De ces premiers messages s’en suivit une longue conversation qui dura toute la nuit. Et bien que l’handicapé ait dit de nombreuses inepties, la souillon s’en moquait car elle le trouvait trop joli. Alors le lendemain, ils se virent, c’était là un bon moyen de devenir ami. Ils se racontèrent leurs joies, leurs tristesses, leurs vies. Complices, une belle amitié naquît. Aussi, ils décidèrent de se voir tous les jours et au fil des sorties, leur camaraderie grandit. Souvent, ils se tenaient par la main, comme ça, juste par sympathie. Amoureuse, la souillon savait lui parler sans qu’il dise des idioties. Quand elle lui avoua l’envie de vivre avec lui, il refusa, prétextant que la femme de sa vie serait une femme hyper-sexy. Seulement, après plusieurs refus, la souillon tomba dans un désespoir sans fin, elle savait qu’elle ne pouvait pas obliger l’handicapé à l’aimer. Alors, se sentant rejetée elle voulait commettre l’irréparable en voulant se suicider. Après un dernier message envoyé, au courant de ce projet, l’handicapé vint la voir et par la parole, chose dont il était le plus handicapé, il parvint à dénouer la souillon d’une situation sans issue et inespérée. C’est alors que l’handicapé devint un deus ex machina pour sa souillon bien aimée. « Tu m’as sauvé la vie, l’handicapé. Que puis-je faire pour toi afin de te remercier ? –M’écouter. -Parle alors, j’en serais charmée ». L’handicapé lui confessa alors un pan de son passé. Autrefois, il avait aimé une fille d’une extraordinaire beauté mais jamais elle ne voulu de lui prétextant qu’il était borgne et de facto elle n’était pas intéressée. De ce refus qu’il ne su jamais accepté, il devint fou à lier. Prisonnier d’un asile, une seule personne l’aida à s’en évader et se fut Crainte, une infirmière qui, par pitié envers l’handicapé et de son infirmité, accepta de devenir sa tutrice afin de l’adopter. Émue, la souillon tomba en larme devant cette confession et lui dit : « Ton cœur laid, je vais en faire un cœur d’une splendide somptuosité ! -Comment vas-tu y arriver ? En toute simplicité, lui dit la souillon, je vais t’aimer sans te juger comme je l’ai toujours fait ». De ces paroles, toutes bien censées et voyant qu’elle l’avait écoutée après l’avoir secourue, il se trouvait très affecté, c’est alors qu’un lien indéfectible uni la souillon et l’handicapé. Leur cœur à l’unisson battait la chamade, une première pour l’handicapé. Suis-je amoureux de mon ami la souillon ? Oui, oui, et oui ! s’exclama l’handicapé. Aussi, il lui avoua son amour et obtenu un baiser. De cet amour naquit bien des métamorphoses chez la souillon. Elle arrêta de boire, maigrie et se faisait toute jolie pour son bel handicapé. Elle lui présenta Perle qui était très reconnaissante de tous ses biens-faits. L’handicapé et Perle se sont tout de suite adorés. À chaque fois qu’ils se réunissaient afin de se promener, des éclats de rire retentissaient. C’était joie, bonheur et félicité. Toutefois il restait une ombre au tableau. Aux yeux d’une personne malveillante, la souillon et l’handicapé n’avaient pas le droit de vivre en toute liberté. En effet, Crainte voyait d’un très mauvais œil l’union entre lui et la souillon. Pour quelle raison ? L’handicapé eu des réponses à cette question : « La souillon est une souillon est restera toujours une souillon », « La souillon n’a pas récupéré son chat, c’est immoral », « L’union d’une souillon et d’un handicapé ? En voilà une drôle d’idée ! » L’handicapé bien que meurtri comprit alors que sa tutrice n’avait pas à interférer dans ses choix. Qu’il devait prendre son destin en main et ne devait laisser quiconque diriger sa vie, là était son plus grand droit. Dès lors, il coupa les ponts avec celle pour qui il avait tant d’affection. Dès cette désunion, il viva heureux avec son ami la souillon, entreprit de réaliser des merveilles pour elle, Perle et le chat qu’ils nommèrent Cupidon. Malgré l’absence de Crainte dans son petit univers, l’handicapé à la morale de ceux qui ont souffert. De cette histoire, il comprit bien des choses. D’abord, il comprit que la vraie famille et celle que l’on adopte et non celle que l’on impose. Il comprit, ensuite, que l’on ne devait pas juger une personne à sa seule apparence, que la vie est libre et que tout individu à le droit à la différence. Enfin, il comprit que le trublion, ce n’était en rien cette souillon, mais bien lui, l’handicapé, qui heureusement a su voir plus loin que le bout de son joli petit nez !

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