Au retour de ma première découverte, j'ignorais encore, et tellement, que je n'en étais qu'à mon tout premier Songe-dans-le-Songe. Je venais de faire l'expérience, proprement involontaire, d'un portail dimensionnel intra-onirique. Et pour la seconde fois malgré moi j'allais expérimenter la chose, avec le temps pour couche supplémentaire, plus précisément le passé.

*

Mes parents étaient absentés, Nathalie et moi regardions le téléviseur perché du salon, elle : sagement engoncée dans le fauteuil, moi : lascivement vautré dans le canapé.

Jusque là, rien n'indiquant que je me trouvais dans un rêve, ni que j'aurais pu m'attendre à ce que la suite me réservait.

Un documentaire, censé nous faire explorer l'âge oublié d'un monde englouti, lança son générique de présentation. Quant à moi, je m'apprêtais à plonger dans un sommeil imminent - tant la chose me passionnait, Nathalie, elle, plus éveillée que jamais - redoublant même d'attention.

C'est le plus souvent

par le petit détail incongru

que s'introduit la clef

dans la serrure de la porte

qui ouvre le passage.

Quand on vit, en guise de première image, un homme se tenant debout à la berge d'un lac embrumé, je m'extirpa soudain et vivement de ma somnolence, m'écriant :

— Hey, Nathy, t'as vu le gars !? Je rêve où les plis de son manteau flottant dans le vent a projeté une ombre sur le linoléum du salon ??

— Quoi ?!

— Tiens, encore ! Regarde, regarde, l'ombre passe par ici quand son tissu virevolte ! Dingue !

En montrant le sol devant nous, bras tendu

Je n'aurai pas eu le temps de répondre à son « Mais qu'est-c' que tu racontes encore, là !? », et tout juste celui de l'entendre ; l'écran me happa à la vitesse d'un aspirateur gobant une mouche posée sur son bec !