Rojas
Devant le lycée, le sac de sport de Serena en main. J’attends depuis cinq bonnes minutes, pendant lesquelles je noie mon ennui en répondant à mes messages. Il y en a un certain nombre. Certains de gens à qui je n’ai jamais parlé de ma vie (que me veulent-ils donc ?). Pas mal de filles dans le lot. Parmi elles : une certaine Noémie qui m’a envoyé un total de treize messages depuis hier soir, entre onze heures et deux heures du matin, me harcelant pour savoir pourquoi je ne lui réponds pas (peut-être parce que je dors à cette heure-là, ou peut-être parce que je te trouve affreuse) ; Lara et Margorie me demandent si je suis le beau gosse de première 3 (alors que je suis en première 2) ; trois Léa différentes dont une qui réclame un numéro de téléphone (ringard, tout le monde parle sur Snap aujourd’hui), une autre qui me repartage une blague de mauvais goût et la troisième qui s’excuse d’avoir malencontreusement essayé de m’appeler mais qui veut quand même faire connaissance. Les autres sont des réponses à des conversations que j’ai engagées hier soir (au moins une quinzaine) mais que je n’ai pas eu le temps de lire avant de me coucher. Je devrais peut-être faire le tri, un de ces jours, et balancer le numéro de Da Costa à quelques jolies filles. Elles seront ravies de noyer le chagrin qui le ronge depuis sa récente séparation.
Après dix minutes, tout le monde est déjà plus ou moins rentré en cours. Ne demeurent que les fumeurs, les dragueurs (dont certains se sont mis à fumer pour l’occasion) et Marco le Charo, le pion, qui joue dans les deux catégories à la fois.
Serena n’est pas là. Elle n’aurait pas pu me rater, je suis juste devant la grille, à moins d’être aveugle. Ce qui signifie qu’elle n’est jamais venue. Ce qui signifie que je vais devoir me trimballer ce foutu sac bourré de marijuana toute la journée.
Fait chier.
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