Chapitre I – Quand au bout du jour le repos terminé

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Août 1914, Pont-Noyelles, France.

Cette journée d’été avait commencé comme toutes les autres, par un petit déjeuner entre les trois femmes de la famille, puis par les corvées habituelles qui étaient propre à la bonne tenue d’une maison. Jeanne avait comme à son habitude pris le chemin du poulailler et elle nourrit ses poules qu’elle affectionnait tant et prenait les œufs du matin. Puis, elle profita de la fraîcheur du matin pour se rendre au potager et l’entretenir, arrachant les mauvaises herbes, arrosant les légumes et récoltant ce qui devait être récolté.

Jeanne était une jeune fille calme, âgée de seize ans, elle avait ce teint frais de la jeunesse et ses yeux marron étaient remplis d’une grande douceur. Le contact avec la nature la rendait belle et c’était ce qui lui correspondait le mieux. Calme et toujours sereine, Jeanne était la douceur de la famille, une grande timide dans l’âme, très pieuse et qui se contentait des choses simples que l’existence pouvait lui apporter. Très proche de sa famille, elle se voyait déjà passer le reste de son existence à Pont-Noyelles, cette petite commune de la Somme, avec un doux mari et de beaux enfants. Elle n’avait que seize ans et avait encore le temps avant de se marier, mais Jeanne espérait bien franchir le pas de l’église avec un jeune homme avec qui elle passait beaucoup de temps depuis son plus jeune âge. Entre eux, cela avait toujours été une évidence, ils étaient calmes, ils appréciaient la vie à la campagne et le labeur pour parvenir à ses fins. Cette évidence s’était concrétisée quand durant le bal du 14 juillet, il l’avait embrassé pour la première fois. Ce simple baiser avait fait naître en elle de nouveaux sentiments et Jeanne était certaine que son avenir se ferait avec lui. Idéalistes tous les deux, doux rêveurs, ils s’étaient promis d’en parler prochainement avec leurs parents pour voir leur projet se concrétiser dans quelques années. C’était un doux rêve et chaque nuit, Jeanne s’endormait en regardant la photo de son Léon.

Après les corvées dans le jardin, Jeanne rentrait à la maison et aidait sa mère à préparer le repas du midi ou elle faisait quelques tâches ménagères pour s’occuper en attendant le temps du midi. Puis, vint l’après-midi où comme à son habitude, la jeune fille aida sa mère dans ses travaux de coutures. Rose Brunel était une excellente couturière et elle avait appris tout son savoir-faire à ses filles, si bien qu’elles pouvaient l’assister dans ses commandes. Aujourd’hui, il n’y avait pas énormément de travail, ainsi la jeune fille put se rendre dans sa chambre, pour y lire, au calme, un ouvrage.

« Jeanne, prends ton chapeau maman veut qu’on aille chez les Destiennes chercher du lait. » Mathilde Brunel était une jeune femme de dix-huit, très semblable physiquement à sa sœur, mais dont le regard était beaucoup plus dur.

Mathilde était une jeune femme que beaucoup dans le village qualifié de mystérieuse. Tantôt souriante, tantôt sombre, elle était l’opposée de sa sœur cadette. Bien plus turbulente étant enfant, elle demeurait une jeune femme pleine de vie, nourrissant une grande soif d’aventure et un besoin évident d’une autre vie. Même si elle ne le montrait pas, Mathilde souffrait de cette vie étriquée à la campagne. Elle nourrissait l’espoir de pouvoir tout quitter pour se rendre à la ville, sans pour autant l’avouer à ses parents. Ainsi, Mathilde ne rechignait jamais quand il fallait accompagner l’un de ses parents à Amiens, elle adorait l’affluence de population et les vitrines des magasins. Cependant, malgré leurs différences, Mathilde adorait sa petite sœur Jeanne qu’elle avait toujours cherché à protéger, surtout à l’école où son caractère était beaucoup moins affirmé que le sien.

Se rendre chez les Destiennes était une chose presque quotidienne et c’était un vrai plaisir pour les deux sœurs, même si c’était pour toutes les deux des raisons très différentes. Aussitôt leur chapeau mit, les sœurs Brunel quittèrent la maison, prenant le chemin de la ferme. Celle-ci se trouvait un peu à l’écart, mais la route n’était guère longue. Sur le chemin Jeanne était particulièrement enchantée par le beau temps, mais elle soupira vite quand sa sœur dérogea aux ordres de leur mère en retirant son chapeau, laissant ainsi ses longs cheveux au vent. Les jeunes filles flânèrent, respirant la douceur de cet été chaud où les senteurs de blés fraîchement coupés étaient omniprésentes.

Comme c’était toujours le cas, les filles furent bien accueillies par Suzanne, l’épouse de Pierre Destiennes, qui avait une cinquantaine d’année. Cette mère de quatre grands gaillards aimait recevoir chez elle et à n’importe quel moment de la journée, elle savait ravir ses invités. Pour le quatre heure, généralement, les filles étaient toujours accueillies avec un verre de lait bien chaud et du gâteau battu. En dehors de sa mère, Jeanne ne connaissait pas d’autre personne sachant faire un gâteau aussi bon.

La visite était toujours agréable et les trois femmes discutaient longuement, se donnant des nouvelles des uns et des autres. Ensuite, les sœurs Brunel allaient voir les garçons de la famille, qui travaillaient tous à la ferme. Jeanne soupçonnait sa sœur d’avoir un faible pour l’aîné des fils, Edmond, un garçon bien bâti qui faisait tourner la tête à de nombreuses filles dans le village et aux alentours. Elle ne faisait aucun commentaire à ce sujet, mais elle doutait du fait qu’Edmond soit prêt à s’engager dans un mariage. Il aimait plaire et courtiser les jeunes filles, comme il l’avait fait avec sa sœur durant le bal du 14 juillet. De son côté, Jeanne voyait seulement Léon. Quand ils se rencontraient dans de telles circonstances, ils parlaient toujours timidement, n’osant trop s’avancer dans de longues conversations, surtout quand ils étaient entourés. Ainsi, comme d’habitude, Jeanne se contenta d’envoyer de doux sourire à celui dont elle était amoureuse et elle repartait chez elle, heureuse d’avoir pu le voir.

Sur le chemin du retour, les deux jeunes femmes flânèrent de nouveau, parlant de choses qu’elles devaient évoquer loin des oreilles indiscrètes, c’est-à-dire les garçons. Mathilde était beaucoup plus libre sur le sujet que sa sœur. Elle n’hésitait pas à parler de ses baisers échangés avec Edmond et de l’intérêt que suscitaient chez elle d’autres garçons du village. Bien entendu, jamais elle n’évoquerait de telles choses devant leur mère, elle ne voulait certainement pas être envoyée de force à l’église pour subir une confession pour absoudre ses péchés. Jeanne de son côté était toujours sur la réserve, elle avait bien entendu parler de Léon avec sa sœur, elle lui avait dit qu’elle l’aimait et qu’ils prévoyaient tous les deux de se marier. Cependant, elle restait chaste dans ses paroles, gardant pour elle-même le baiser qu’ils avaient échangé le mois dernier. La pudeur de Jeanne contrastait toujours avec le caractère démonstratif de Mathilde, ce qui faisait que les deux sœurs avaient des caractères opposés, qui se complétaient très bien.

Jeanne et Mathilde étaient arrivées à l’entrée du village quand les cloches de l’église sonnèrent à toute volée. Cela étonna les deux jeunes femmes qui avaient l’habitude d’entendre les cloches sonner pour les heures ou pour annoncer les mariages et les décès. Or, aujourd’hui, aucun de ces évènements avaient lieu. Pensant que quelques choses de grave s’était produit, elles coururent jusqu’à l’église où l’un des jeunes garçons du village était en train de sonner les cloches.

« Que se passe-t-il ? » Demanda Mathilde qui arriva la première sur les lieux. Toute échevelée, elle se tenait les côtes et était légèrement essoufflée. Jeanne arriva quelques secondes après elle, dans le même état que sa sœur ainée.

« La guerre est déclarée ! Ils sont tous à la mairie, allez voir ils viennent de mettre l’ordre de mobilisation. Nous allons tous partir buter ces sales boches. » Aimé Cardon avait le sourire aux lèvres et semblait enchanté de cette perspective de combat. L’étonnement s’afficha sur les visages des deux sœurs qui reprirent leur route en courant, pour se rendre à la mairie qui se trouvait non loin de là. Même si la conjoncture politique de la France laissait penser qu’une guerre allait éclater prochainement, Jeanne pensait que tout ceci était qu’une terrible farce, inventée par un imbécile et pourtant, quand elle arriva à la mairie, l’ordre de mobilisation était bien là, affiché sur la porte. Il y avait beaucoup de monde autour et les réactions étaient partagées entre l’effroi, la surprise et la joie, bien que celle-ci soit minoritaire et venait des plus jeunes du village. Jeanne se faufila à travers la foule pour mieux voir l’avis qui avait été placardé.

« Ordre de mobilisation générale. Par décret du Président de la République, la mobilisation des armées de terre et de mer est ordonnée, ainsi que la réquisition des animaux, voitures et harnais nécessaires au complément de ces armées. »

Cette journée avait pourtant commencé de la plus banale des manières, mais c’était le 1er août 1914 et la France venait d’entrer officiellement en guerre. Ce n’était une surprise pour personne. Depuis l’assassinat de l’archiduc François-Ferdinand et de son épouse à Sarajevo en juin dernier, tout le monde avait pu assister dans les journaux à une montée des tensions. Concernant les derniers évènements, Jeanne avait entendu quelques bribes de conversations entre ses parents ou bien quand une personne venait à la maison. Elle qui n’avait jamais connu la guerre n’avait jamais vraiment prêté attention à tous ces évènements et pourtant, aujourd’hui, la voilà frappé par la réalité de ce monde. Elle, habitante d’un petit village de la Somme, elle qui pensait vivre une vie paisible à la campagne avec mari et enfant, elle allait devenir la spectatrice d’une guerre. Cette perspective l’effrayait et soudain, en se retournant et en voyant certains hommes converser, elle se dit que beaucoup allait partir. Elle pensa tout d’abord à son père, qui même s’il avait une quarantaine d’année restait un homme qui avant de prendre épouse et d’avoir des enfants avait été militaire. La jeune fille ne parvenait pas à imaginer tout ce que cela allait représenter dans sa vie, ni ce que cela allait provoquer.

Un peu plus loin, elle vit sa sœur parler avec ses parents et d’autres personnes du village. Tous commentaient la nouvelle. Certaines femmes regardaient leurs jeunes fils, sachant que le lendemain ils allaient devoir se rendre à Amiens. A les regarder tous, Jeanne en avait le tournis. Elle pensa à Léon. Il allait partir. Il était jeune, vigoureux, il était tout à fait en mesure de porter une arme. Il n’était pas là, contrairement à l’un de ses frères qui allait sûrement rapporter les nouvelles à la ferme d’ici peu. Jeanne aurait tant aimé que Léon soit là, ainsi elle aurait été certaine, elle saurait s’il allait partir à la guerre, la laissant derrière lui. Une maladroite bousculade fit sortir la jeune fille de ses pensées. Elle préféra retourner chez elle et attendre ses parents et sa sœur là-bas. Elle avait besoin de silence et de calme pour pouvoir penser correctement.

« La guerre ! Encore et toujours la guerre, ce cycle infernal ne prendra-t-il jamais fin ? » Le reste de la famille revint une heure plus tard. Jeanne avait pu voir sur la mine grave de son père que cette guerre qui allait arriver à leurs portes le contrarié. Il avait maintenu un silence sinistre, restant perdu dans ses pensées, jusqu’à ce qu’il s’exclame au beau milieu du repas. Jeanne était elle aussi préoccupé, ses pensées étaient toutes dirigées vers Léon, qu’elle voulait plus que tout revoir avant son départ.

« Cela ne durera pas, tout le monde le dit, nos hommes seront rentrés pour Noël et tout ceci sera qu’un mauvais souvenir.

— Ma pauvre Rose, que tu es naïve, cette guerre va tous nous dépasser, France, Allemagne, Autriche-Hongrie, Russie, bientôt les britanniques se joindront à nous. C’est un cercle vicieux et nous en sortirons tous difficilement. Nos généraux veulent rattraper la honte de 1870 et ils iront jusqu’au bout.

— Ernest, nous pourrions peut-être parler de cela plus tard ? » La mère de famille était en train de désigner ses filles, pour elle, elles étaient encore trop jeunes pour affronter la réalité. Mathilde et Jeanne se regardèrent. Les deux sœurs n’avaient pas besoin de parler pour se comprendre. Oui, elles voulaient entendre la suite, même si la conversation ne serait guère plaisante à entendre.

« Les petites peuvent très bien comprendre ce qui est en train de se jouer, elles sont assez grandes pour cela. Mon père se tourne vers nous et reprend. Mes chères filles, j’aurai tant voulu que vous ne connaissiez point la guerre, mais elle va arriver, nous allons devoir tous nous soutenir, vous m’avez bien compris. » Les deux filles hochèrent toutes les deux la tête, tout en gardant le silence.

Ernest Brunel était un homme bon, mais d’un seul regard il était capable d’intimider n’importe qui. De taille moyenne, âge de quarante-trois ans, c’était un homme honorable et fier de sa patrie. Ernest connaissait la guerre, il l’avait vécu en intégrant le régiment des spahis, pour lequel il s’était rendu en Algérie, pour maintenir la paix dans cette colonie française. À son entourage, Ernest parlait régulièrement de ce pays étranger, qui paraissait exotique pour n’importe quelle personne qui n’avait jamais quitté sa campagne picarde. Quand il racontait ses histoires, Ernest parlait de ce pays, à des milliers de kilomètres d’eux, avec tellement de passion, que n’importe qui avait le sentiment d’avoir vécu cette aventure à ses côtés. Lors de ces conversations, l’homme évoquait la culture de l’Algérie, de son peuple qu’il avait côtoyé, de son étrange nourriture et des missions qu’il avait dû mener.

À ces filles, Ernest n’avait pas dévoilé certains détails de son séjour en Algérie. Pouvait-on librement parler à ses enfants de combats et autres méfaits qu’un pays conquérant fait subir au peuple qu’il conquiert ? Mathilde et Jeanne ne questionnaient pas leur père, elles avaient l’habitude de ce culte du secret qui régnait dans la famille. Toutes les deux savaient qu’il était inutile de questionner trop leurs parents, puisqu’elles n’obtiendraient aucune réponse. La grande armoire qui se situait dans la chambre des parents contenait les dernières reliques de ce passé militaire. Dedans, l’uniforme de spahis d’Ernest Brunel était gardé avec beaucoup de précaution et chaque mois, Rose le sortait pour le regarder minutieusement et ainsi voir s’il était toujours en bon état. La plus jeune des filles de la famille adorait cet uniforme aux couleurs chatoyantes, son père avait dû très certainement être très beau dedans. Dans la chambre, on pouvait également trouver dans une malle le sabre d’Ernest, mais les filles avaient pour ordre de ne point y toucher. Toutefois, elles avaient le droit d’admirer les décorations militaires déçues par leur père et qui trônaient fièrement au-dessus d’une commode.

Jeanne admirait beaucoup son père, elle voyait en lui un homme courageux, prêt à tous les sacrifices pour son pays et sa famille. C’était inimaginable pour elle de parcourir autant de kilomètres, elle n’avait jamais quitté le département de la Somme, alors se rendre dans un pays étranger très différent du sien était impensable. De son côté, Mathilde qui n’avait peur de rien, se voyait bien traverser les déserts à dos de dromadaire et vivre une vie beaucoup plus palpitante que celle-ci. En tant qu’ancien soldat, Ernest connaissait parfaitement le domaine de la guerre. En tout cas, c’était l’image que Jeanne avait de lui quand il s’exprimait et commentait un évènement militaire.

Aujourd’hui, Ernest avait abandonné tout ce qui avait attrait à la guerre. Depuis sa rencontre avec Rose, sa vie était rangée. Il avait exercé plusieurs activités différentes, avant de devenir cocher, assurant des trajets quotidien entre la campagne environnant et la ville d’Amiens pour le compte de l’usine de tissus appartenant à la famille Delmas. Parfois, les deux sœurs profitaient des trajets de leur père vers la ville pour flâner dans les rues d’Amiens toujours en compagnie de leur mère. Quand les femmes de la famille se rendaient en ville, elles s’amusaient à admirer les différentes vitrines et observer cette population très hétéroclite qu’on ne trouvait pas à la campagne. Mathilde passait son temps à admirer les tenues des dames de la ville, elle commentait les tissus, les rubans et s’imaginait parfois portant l’une de ces robes. Jeanne savait que sa sœur avait des rêves bien différents de les siens, mais elle les taisait, préférant garder le silence sur ses aspirations.

Ernest était donc absent la journée et pendant ce temps-là, son épouse restait à la maison. Rose Brunel était une femme petite d’une quarantaine d’année, ses cheveux bruns, sombres, étaient toujours tirés en un chignon. Malgré sa petite taille, elle avait un regard perçant capable de faire plier n’importe qui. Rose avait eu une enfance tourmentée par le deuil. Alors qu’elle avait sept ans, sa mère était morte, emportée par la maladie. Trois ans plus tard, son père se remariait avec une femme qui sut apporter la présence féminine dont elle avait besoin. Jeanne portait le nom de cette femme, soulignant ainsi l’importance que sa belle-mère avait eu dans la vie de Rose. Cette dernière parlait peu de son passé, c’était tante Eugénie qui avait évoqué le sujet avec ses nièces. Rose avait également un demi-frère dont elle s’était beaucoup occupée. Oncle Hyacinthe était un homme apprécié par Mathilde et Jeanne, il aimait faire rire son entourage et quand il venait rendre visite à sa demi-sœur, ses nièces étaient certaines de passer une excellente journée. Ernest n’aimait guère son beau-frère, mais pour ne pas contrarier son épouse, il préférait se taire.

« Papa, allez-vous aussi partir à la guerre ? » Demanda Jeanne sur un ton marqué par la naïveté. C’était en pensant à tous ces hommes du village qui allaient être mobilisé qu’elle avait fini par penser que son père pouvait aussi partir. Quel serait le quotidien des Brunel sans leur chef de famille ? C’était Ernest qui apportait l’argent à la maison, sans lui, les trois femmes seraient rien.

« Je ne sais pas Jeanne, je répondrais comme tout le monde à l’ordre de mobilisation, si je suis déclaré apte, je ferai mon devoir, comme nous tous ici. » Le ton du père était déterminé. Sa plus jeune fille connaissait son sens de l’honneur et du devoir. Elle avait peur. Peur pour son père. Peur pour tous ces hommes qu’elle connaissait et qui allaient partir.

« Mais, papa, qu’allons-nous devenir sans vous. » Les yeux de Jeanne commençaient à se remplir de larmes. Sa mère et sa sœur avaient le teint blanc, jusqu’à cet instant, elles avaient refusé d’imaginer que Ernest pourrait les quitter pour aller à la guerre.

« Sèche tes larmes Jeanne, nous ne savons pas de quoi l’avenir sera fait. J’ai plus de quarante ans, je doute être de ceux qu’on enverra aux combats en premier. » Il se penchant et caressa la joue de sa plus jeune fille. Jeanne était douce et sensible, il préférait la rassurer plutôt que de la tourmenter plus avec cette discussion.

« Ne parlons plus de guerre pour ce soir. » Il sourit à sa fille et reprit son repas là où il l’avait arrêté. De son côté, Jeanne picora dans son assiette, bien trop tourmentée par ce qui était en train de se dérouler. Sa vie allait être chamboulée, elle en était certaine. Son père était peut-être trop vieux, mais ce n’était pas le cas de Léon. Il était jeune, on allait l’envoyer à la guerre tout comme ses frères.

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