Film d’horreur
Elle sursauta et son sac de cours, un simple cabas en toile, glissa le long de son épaule et manqua de se renverser au sol.
— Pardon ? s’enquit-elle, après une volte-face crispée.
Laëtitia n’avait jamais été à l’aise avec les personnes qui arrivaient par surprise dans son dos et qui de surcroît lui parlaient comme s’ils avaient gardé des cochons ensemble.
Face à elle se tenait une jeune femme de son âge, qui désigna la salle du menton. Sa figure, un long ovale émacié encadré d’épais cheveux noirs, était saisissante. On pouvait tout lire sur son visage. Et à ce moment précis, celui-ci exprimait un dédain profond.
— Effrayant spectacle que cette foule amassée, déclara la brune, toutes ses personnes pleines d’espoir qui s’imaginent qu’ils vont vivre leurs meilleures années.
— Ce n’est pas le cas ? s’étonna Laetitia en remontant son cabas sur l’épaule et en cherchant derrière l’enquiquineuse le professeur manifestement en retard.
— Tu verras bien. Maintenant soit tu entres, soit tu sors, mais ça serait bien que tu te décides rapidement.
Mince. Elle bloquait le passage, plantée sur le seuil de cette première salle, elle n’avait pas remarqué qu’elle en barrait l’accès. Confuse, elle entra et s’assit à l’une des dernières places disponibles, au premier rang, l’étudiante blasée sur les talons.
— Mon nom c’est Souad, lâcha cette dernière en s’installant à ses côtés. La prochaine fois, arrive une demi-heure à l’avance si tu veux une bonne place pour pioncer. Comme ça tu m’en bloques une à côté.
Elle dévisagea la jeune femme, agacée. Elle ne voulait pas lui laisser un peu d’espace ?
— Laetitia, se présenta-t-elle froidement. Et qui t’a dit que j’avais l’intention de « pioncer » ou de te côtoyer ?
Elles se toisèrent un moment. Il en fallait plus pour impressionner Laetitia. Soudain, Souad lui sourit franchement.
— Personne, mais croit-moi, tu vas avoir besoin de moi pour survivre à cette année.
Après un regard incrédule, Laetitia se détourna d’elle pour se concentrer sur le tableau. Le cours commençait enfin. Un long discours soporifique qui acheva de miner son moral. Le professeur ne se donnait aucun mal pour captiver son auditoire.
Dehors, les arbres agitaient des branches maléfiques. Une véritable tempête faisait rage. La pluie s’abattait sur les fenêtres par rafales successives. Puis, à l’instar des films d’horreur les moins originaux du monde, l’électricité cessa brusquement de fonctionner.
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