Je regarde par la fenêtre de mon labo. Les ténèbres sont totales maintenant. En cinq jours, l’épaisse couche de nuage noir a remplacé le bleu du ciel. Même les rayons du soleil n’arrivent pas à la percer. Comme je l’avais prédit.

J’échappe un rire.

Si les grands de ce monde m’avaient écouté.

Mais non, tous à se croire supérieurs avec leurs grands airs de m’as-tu-vu. Bande de crétins !

Ils m’ont ri au nez, m’ont traité d’élément perturbateur, de fou. Moi, l’astrophysicien de renom, le professeur reconnu, l’inventeur de génie, le Nostradamus des temps modernes. Moi, le grand Marsh avec un M majuscule. Bande de pitres !

Alors je me suis enfermé dans mon garage transformé en laboratoire. J’ai travaillé nuit et jour, sans relâche, sans manger ni boire durant des semaines. J’ai recouvert tous les murs de calculs, de formules, d’équations dignes d’Einstein, de théories à faire pâlir Pythagore, de racines carrées, de sinus et cosinus. J’en ai perdu mon latin, mais j’y suis arrivé. J’ai réussi. J’ai conçu la première machine à voyager dans le temps fonctionnant aux énergies renouvelables, à l'énergie solaire.

Quand je vous disais que j’étais un génie.

Moi seul survivrai à cette extinction générale.

Je n’attends plus que le signal pour retourner dans le passé et continuer à vivre. On m’y adulera, on se prosternera à mes pieds, on me couvrira d’or, car je saurais tout. Du moindre évènement mineur, aux résultats sportifs. L’avenir m’appartiendra. Je serai un dieu.

Mon téléphone vibre… c’est l’heure. La fin de ce monde. Encore deux minutes.

Je m’assieds derrière le panneau de contrôle et tourne la clé de contact.

Rien… Je recommence. Toujours rien. Que se passe-t-il ?

Tout à coup je comprends. Les panneaux solaires sur le toit… les nuages. Les batteries ne sont pas chargées.

Merde !