Ce soir là, Alestra, dissimulée au milieu de tous ses nouveaux camarades, découvrait la Grande Salle de Poudlard, pièce maîtresse au coeur de la vie du grandiose château et de ses occupants, qui était pleine à craquer.

De gauche à droite, et sur la quasi totalité de la longueur de la gigantesque pièce, s'étendaient quatre grandes tables en bois, chacune aux couleurs d'une des illustres maisons de Poudlard, dont les noms, qu'elle avait déjà entendus auparavant, faisaient déjà rêver les jeunes nouveaux arrivants tout autour d'elle.

D'ailleurs, elle tenta de se remémorer elle même les noms des différentes maisons et leur caractéristiques, que son père lui avait déjà mentionné à plusieurs reprises par le passé.

Elle nota donc que les Serpentard, arborants fièrement leurs couleurs verte et argentés, étaient situés tout à gauche. A côté d'eux, représentés par un bleu noble et du bronze, se trouvaient les Serdaigle, puis tous vêtus de rouge et or étaient non loin d'eux les Gryffondor, et enfin à l'opposé de la salle, sur la droite, étaient installés les Poufsouffle, dont les teintes oranges et noir apportait une atmosphère chaleureuse à un recoin de la pièce.

Détournant son regard et le déposant loin au devant, la jeune fille s'intéressa à ce qui se trouvait au fond. Il y découvrit une grande estrade qui surplombait de deux marches le reste de la vaste salle, ou était installée la table des professeurs, qui faisait face aux gigantesques portes de fer. Les enseignants y étaient confortablement attablés, tous côte à côte, discutant calmement autour de petits verres de vin.

Au centre, elle aperçu celui qui devait être le directeur de l'école, Armando Dippet, voûté, penché sur la table, tandis que ses yeux affûtés étaient occupés à observer avec attention le rang des premières années qui rejoignait le centre de la pièce.

Cependant, Alestra ne cessa pas de le scruter, non sans une certaine méfiance teinté de curiosité, elle remarqua alors l'individu qui était installé près de lui. En effet, à sa droite, un enseignant aux cheveux noir et au regard vif, dont l'élégance irréprochable faisait de lui l'une des personnalités les plus remarquables assises sur l'estrade, lui susurrait quelques mots à l'oreille. Lorsque l'homme s'écarta de son aîné, l'enfant, craignant que l'un des hommes se sente observé, préféra se concentrer sur autre chose. Elle constata alors qu'à gauche d'Armando Dippet, une chaise était désespérément vide.

Elle continua de suivre en silence le rang désordonné de premières années avançait lentement malgré un certain chaos, trop admirative pour s'exprimer.

Enfin, ils arrivèrent tous au centre de l'immense réfectoire, sous les regards amusés des élèves plus âgés. avant qu'ils ne s'arrêtent en une masse informe devant l'estrade. Curieuse, la Lyre se dressa sur la pointes des pieds, se faisant la plus grande possible afin de voir ce qui se trouvait au devant et qui arrachait quelques exclamations aux mieux placés des enfants. Malgré une évidente difficulté à apercevoir au lointain, elle distingua tout de même un modeste tabouret en bois, sur lequel était disposé ce qui ressemblait beaucoup à un un vieux chapeau moisi.

Les autres qui l'encadraient chuchotaient bruyamment, s'agitaient nerveusement devant la nouveauté de la situation ainsi que le décor enchanteur et merveilleux qui se présentait à eux.

Emilien, toujours aux côtés de sa nouvelle amie Alestra, avançait en trépignant, contrastant avec le calme absolu de sa camarade, trop émerveillée pour sauter au plafond, qui d'ailleurs reflétait un ciel étoilé magnifique et mouvant.

- J'espère qu'on sera dans la même maison ! Lui glissa t-il à l'oreille tandis qu'il ne cessait de lever le nez en l'air pour contempler les moindres détails de la voie lactée quelques mètres au dessus-d'elle.

Tout à coup, il lui attrapa la manche, la forçant à rabaisser le menton, lui indiquant d'une paire d'yeux espiègles de regarder droit devant elle.

Quelques pas au devant, au milieu des têtes qui ponctuaient leur paysage, des frères jumeaux identiques, probablement les responsables de l'agitation dans le train lors du voyage en direction de l'école, se murmuraient ce qui ressemblait fort à des blagues, apparement dignes des plus diaboliques gloussements, écoutés par une jeune fille aux cheveux châtains et aux yeux bleus.

Alestra s'attarda sur leur silhouette quelques secondes puis préféra les ignorer. Les quelques bribes de phrases qui lui parvenaient n'avaient pas l'air très drôles de toute façon. Ses oreilles se concentrèrent plutôt sur les propos de ses autres futurs camarades. Dans la masse, on spéculait déjà : quelle maison serait la leur ? Serait-ils envoyés aux côtés des esprits vifs de Serdaigle ? Des ambitieux Serpentard ? Des vaillants de Gryffondor ou bien des grands coeurs de Poufsouffle ? La tension était à son comble. Et si la jeune fille en croyait le visage contracté et sous tension de certains, l'issu de ce moment semblait mettre leurs vies en péril.

Une série de pas précipités mais discret dans son dos força Alestra à jeter ses prunelles améthystes quelques secondes en arrière. L'air à la traîne, une autre jeune fille blonde cendrés aux cheveux élégamment tressés, s'avança en bonne dernière de la meute indomptable, de l'eau sur la jupe de son uniforme, qu'elle balayait avec rage et malaise.

Soudain, une femme, à la table des professeurs, assise à la gauche de la chaise vide, se leva, attirant toute l'attention sur elle. Elle s'avança d'un pas décidé. La posture bien droite, le regard azuré fixé sur les nouveaux élèves. Elle s'arrêter au niveau du tabouret en bois.

Ses cheveux d'or tombaient en cascade en un flot tumultueux sur une tenue rouge, solidement ajustée à sa taille. Immédiatement Alestra la reconnue. C'était la dame du Poudlard Express, qui s'était arrêtée devant son compartiment. D'une voix claire, elle se présenta comme étant Théodora Flint, professeure de Défense contre les Forces du Mal. Puis d'un coup de baguette rapide d'une fluidité évidente, elle fît apparaitre un morceau de parchemin dans sa ferme main gauche.

Elle se racla un instant la gorge, et un silence exemplaire, presque religieux, s'installa naturellement dans la salle. Tous eurent le regard fixé sur elle. Un à un, l'enseignante appela par leur nom les nouveaux élèves, qui s'assirent tour à tour sur le tabouret. Elle déposait alors l'accessoire rabougri sur leurs petites têtes, attendant que celui-ci s'anime et annonce leur appartenance à une des maisons. Puis, les jeunes gens étaient libres de rejoindre leurs camarades à la table qui leur avait été attribuée.

« Emilien de Baudry ! »

A l'appel de son nom, le garçon aux cheveux comme les blés s'avança avec gaieté et s'installant à peine, il sursauta à l'annonce de sa maison : Gryffondor! Emilien se dirigea vers la table de sa maison tout content, après avoir adressé un signe de la main jovial à Alestra.

« Baline Beetle ! »

Une jeune fille aux cheveux châtains vint prendre place sur le tabouret. Le choixpeau marmonna quelques mots inaudibles. Il soupira longuement, puis prit une décision ferme. Baline rejoindrait la maison Poufsouffle.

« Ainoha Dolboga ! »

Alestra reconnue la jeune fille qui parlait avec les jumeaux un peu plus tôt. Une fois sur la tête de la jeune fille châtain, le Chapeau laissa échapper un ricanement sonore. Il trembla frénétiquement pendant un instant, et annonça de sa voix grave : « SERPENTARD ! »

Immédiatement la nouvelle élue de la maison du Serpent se rendit à sa table, portant un air ravie sur son visage.

« Philéas Duval ! »

Un jeune garçon aux yeux bicolores et à la chevelure si claire qu'elle paraissait presque blanche s'assit avec frénésie sur le tabouret. Pour celui que Professeur Flint avait appelé le Choixpeau la décision était claire, ce sera sans l'ombre d'un doute Gryffondor.

« Arcturus Graves ! »

Le chapeau magique resta longuement posé sur la tête d'un garçon aux yeux noirs lointains, au visage pâle et la chevelure noir ébène, prénommé Arcturus Graves. Au bout de ce qui paraissait comme de longues minutes, prit une lente et profonde inspiration puis souffla le mot : « Poufsouffle ».

« Kit Kross ! »

Sur la tête d'un jeune garçon rouquin à l'attitude douce pourtant espiègle, le Chapeau magique garda le silence. Les deux plis qui lui servaient d'orbites semblèrent se plisser légèrement pendant quelques minutes, avant d'annoncer le verdict final : le jeune Kross rejoindrait la maison Serdaigle.

« Jeremy Lockdorm ! »

Un garçon brun chétif portant une expression craintive sur ses traits enfantin, resta un long moment avec le dit Choixpeau sur la tête. Ce dernier lui marmonna quelques mots rieurs à l'oreille, puis se mit à hurler : "GRYFFONDOR ! »

« Alestra Lyre ! »

Il sembla à la future apprentie sorcière que le temps se figea lorsque son nom résonna à plein poumon dans la salle. Elle ne s'était pas préparée à ce que son tour arrive et se sentit tout à coup au coeur de l'attention. Elle sentait déjà le poids de tous les regards braqués sur elle, au fur et à mesure que chacun déposaient un visage sur le nom qui venait d'être appelé avec solennité. A pas lents, mesurés, l'enfant traversa avec discrétion le passage qu'avait formé le groupe d'élèves avant de venir prendre place tout doucement sur le tabouret. Elle se concentra pour garder la tête haute, et le regard loin devant elle, vers la porte et le peu du hall qu'elle pouvait apercevoir de sa place. Elle sentit le poids du Choixpeau, qui effleura à peine sa tête blonde avant qu'il ne pousse un grand cri, faisant sursauter l'enfant, qui peina à dissimuler sa frayeur. Il éclaircit alors sa voix, et envoya la jeune Lyre chez les Serpentard.

Légèrement déboussolée par le déroulement et la rapidité de l'évènement, la nouvelle représentante de la maison verte prit la direction de sa table. Le Choixpeau n'avait pas hésité une seconde...Qu'est-ce que cela pouvait bien révéler à son sujet ?

Pensive, elle s'installa à la première place qu'elle trouva, non loin de l'autre jeune fille, Ainhoa, qui semblait déjà parfaitement à son aise.

De sa place, la Lyre pouvait aisément regarder la suite de la cérémonie.

« Anémone Mandrake ! »

Cette fois, ce fut la blonde qui était arrivée en dernier qu'Alestra reconnue immédiatement. Le chapeau magique étouffa un rire au moment où il toucha la petite tête de la prénommée Anémone. Son choix fut tout aussi rapide. Finalement elle fut dirigée vers la maison Serdaigle. L'observatrice discerna un sourire sur les lèvres de l'enfant, qui s'en alla, très contente, s'asseoir sur les bancs de la maison bleue.

« Reiner Sayre ! »

L'un des deux agitateurs du train vint s'asseoir avec aisance sur le tabouret, l'ombre d'un sourire suffisant dessiné sur ses traits fins. Le Chapeau magique toucha à peine la tête du garçon, le dit Reiner, qu'il se mit à rire, avant d'annoncer fièrement sur le ton de l'évidence : « Serpentard ! »

Plus qu'heureux, le garçon s'échappa de sa place pour venir en prendre une autre, à quelques personnes d'Alestra qui l'observa un instant avant d'en revenir au Choixpeau.

« Bertolt Sayre ! »

Le double parfait de Reiner s'avança, et après un grommellement de l'accessoire perché sur sa tête dont les yeux curieux étaient levés vers lui, ce dernier annonça d'une voix similaire comme si le moment précédent se répétait une seconde fois : « Serpentard ! ».

Alors Bertolt vint prendre place à côté de son frère, l'air ravi, un sourire espiègle habillant son visage pâle.

« William Sobek ! »

Lorsque ce garçon s'avança, le chapeau le toisait déjà du regard. Une fois sur sa tête, il lança quelques grognements, avant d'annoncer avec grandiloquence : « SERDAIGLE ! »

Puis, une fois l'appel de tous les nouveaux arrivants achevé, un grand brouhaha ambiant sembla prendre le contrôle de la Grande Salle, jusqu'à ce que directeur, qui observait jusqu'alors les hordes d'élèves d'un oeil malicieux, entama un mouvement laborieux pour se redresser dans sa chaise.

Finalement, le vieil homme se raidit, et en se levant, prit une pose droite, étonnamment digne pour une personne d'un âge plus qu'avancé. Aux alentours, ses collègues professeurs interrompirent leurs discussions et leurs repas pour se tourner vers lui. Celui-ci, désormais debout, se pencha en avant pour attraper son verre, et dressa sa longue baguette en hêtre pour la tapoter vigoureusement. Le bruit résonna dans tout l'espace de la pièce.

Au bout de quelques petits coups, le silence tomba entre les murs de pierre, et l'attention de la plupart des élèves se dirigea vers le vieux magicien.

Le professeur Dippet resta là, silencieux et immobile pendant un moment. Il toisa la salle d'un air suffisant, content d'afficher la fierté qu'il éprouvait apparement pour ce moment d'accalmie. Puis, après quelques secondes, son long visage, parcheminé de milles rides expressives, s'anima.

- Mes très chers élèves, mes estimés collègues, je suis heureux de vous accueillir en cette magnifique soirée, et pour une nouvelle année, entre les murs de Poudlard.

Il marqua un temps de pause avant de reprendre.

- Cette année encore, nous accueillons de nombreux nouveaux élèves, qui ont rejoins les quatre maisons de notre école. A ces jeunes sorciers, je dis ceci : Poudlard est un lieu d'apprentissage, de travail, de rigueur. Adoptez un comportement sérieux, studieux, et raisonné, montrez-vous docile, attentif, et intéressé, et de nombreuses portes pourraient bien s'ouvrir à vous au détour d'un couloir du château. Aux élèves d'années supérieures, je rappelle que c'est votre avenir qui se joue ici, et qu'il ne faut négliger aucune de vos sept années d'études. Certains sont sans doute attirés par le Quiddicth, ou le club de duel, mais rappelez-vous que le but premier de notre école est... eh bien... d'être une école ! 

Le directeur s'arrêta une nouvelle fois.

- Bien sur, comme moi, vous n'êtes pas sans savoir que de nombreuses rumeurs entourent les temps qui courent, mais aussi le fonctionnement de notre école en ces heures troublées. Je rappellerais donc ceci, autant aux élèves, qu'aux professeurs : Poudlard est un foyer accueillant pour tous ceux qui vivent des heures sombres. Pour tous ceux qui se sentent rejetés, qui sont tenus à l'écart, qui souffrent de leurs différences, de ce que l'on veut leur faire faire, ou de ce qu'on leur impose. Il est un lieu hors de toute discrimination, de tout conflit, et de toute querelle politique. Laissez à la porte de ce château vos convictions, vos avis, et vos croyances, et apprenez la tolérance, et l'amour de votre prochain. Car c'est ainsi que fonctionne la magie... 

Cette fois le silence se fit plus long. Il pesa sur la salle comme un couvercle opaque. Et pendant de longues secondes, nul n'osa émettre le moindre bruit.

- Sur une note plus joyeuse, et comme vous l'aurez surement deviné, je dois vous annoncer l'absence du professeur Dumbledore en ce début d'année. Le Professeur de Métamorphose, et directeur de la maison Gryffondor est absent pour des raisons personnelles, et ne pourra donc pas s'acquitter de ses fonctions d'enseignant. Il sera donc remplacé au pied levé par le Professeur Lawson pour ses fonctions de maître en Métamorphose. Vous remarquerez aussi l'absence du professeur Belletour, victime d'un tragique accident de portoloin durant l'été. Nous lui souhaitons un prompt rétablissement, et nous souhaitons aussi la bienvenue au professeure Hightower, qui reprendra dès aujourd'hui son poste de professeur de vol, et arbitre des matchs de quidditch. Je vous prie de lui faire un bel accueil, digne de son palmarès admirable de championne de Quidditch. Sur ces quelques changements, l'ensemble de l'équipe enseignante, et moi-même, vous souhaitons à vous, mes très chers élèves, une très belle rentrée !

Un tonnerre d'applaudissements retentit, Alestra elle-même tapant dans ses mains en direction de son chef d'établissement. Doucement, tandis que le professeur se rassît, les conversations reprirent aussitôt. Mais la blonde ne lâcha pas une syllabe à ses camarades. Murée dans le silence, elle contemplait le fonctionnement de ceux qui l'entouraient, captaient leur conversations, s'imprégnait d'informations à leur égards. Certains parlèrent de leurs hiboux, d'autre de leurs baguettes récemment acquises ainsi que des professeurs et leurs cours auxquels ils auront bientôt le plaisir d'assister.

Une fois l'intégralité des assiettes vides, et les panses remplies, quatre élèves se levèrent de leur banc, se plaçant en évidence dans le réfectoire spacieux.

- Les Serdaigle suivez moi ! S'exclama alors un garçon bien plus âgé, au long cheveux noir. Je m'appelle Sirius Mondark et je serai votre préfet pour cette année, veuillez me suivre je vais vous conduire à notre salle commune.

- Direction les cuisines, les Poufsouffle !

L'air jovial, le très populaire Colin Travers, préfet de la maison au blaireau longea la grande table de sa maison vers la sortie de la salle. Rapidement, les membres de sa maison s'amassèrent derrière lui.

- Gryffondor c'est par ici.

Le préfet de Gryffondor, Arthur Percy, un beau jeune homme à la chevelure brune bouclée, dans un bel habit à la doublure rouge, fît signe de le suivre.

- Les Serpentard, avec moi.

La voix d'une étudiante résonna au bout de la table verte suivit d'un claquement de pied impatient qui vint souligner son propos,. La jeune femme fît volte-face si vite qu'Alestra peina à distinguer son visage et ne vit que sa chevelure foncée qui balaya l'air avant qu'elle ne s'avance vers le Hall d'entrée. Instantanément, la première année se leva de table et rejoignit le rang discipliné de Serpentard qui suivait la brune allant d'un pas pressé.