Chapitre 7 : L'Oiseau Rouge

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Pour beaucoup d’élèves de Poudlard, cette soirée n’était qu'une soirée comme les autres. La plupart des étudiants avaient regagnés leur dortoir ou du moins leurs salles communes et profitaient d’une soirée tranquille avant l’annonce du couvre feu et l’ordre ferme de regagner le lit.

Dans son dortoir, où certains sérieux Serpentard dormaient déjà à poings fermés, tandis que d’autres révisaient, lisaient ou chuchotaient entre eux, étouffant parfois quelques rires tantôt fous, tantôt affectueux, tantôt moqueurs, Reiner était allongé en silence sur son lit, le regard dirigé vers le plafond, écoutant les murmures et l’atmosphère environnante.

Étendu et parfaitement immobile, bien qu’il semblait absent, le jeune homme était en réalité perdu dans une profonde réflexion. Il songeait à ce que son père, le grand Thaddeus Sayre, lui avait souvent raconté aux sujets des esprits frappeurs. Il avait en effet entendu parler d'une rumeur qui lui trottait dans l'esprit depuis son arrivée au château : le cachot serait l'abri de Peeves, qui se révélait être un de ces fameux esprit frappeur. Bien sûr, pour le jeune Sayre, cela était l’opportunité de se faire un allié de farce, ou simplement un allié tout court, de belle envergure.

Déterminé à aller au bout de son idée, il laissa alors sa voix se mêler aux tumultes de toutes celles déjà en pleines conversations.

- Bertolt, tu dors ?

En effet, son jumeau était, contrairement à ses habitudes, déjà emmitouflé dans ses couvertures, enroulé telle une momie entre ses draps, prêt à sombrer dans un sommeil profond.

- Oui. Et toi tu dors ? Questionna t-il en retour d’une voix enrouée, ouvrant une paupière lourde afin de déposer une prunelle saphir en direction de son double.

- Tu te rappelles de ce que papa nous racontait sur Peeves ?

- Pee-qui ?

- PEEVES ! Insista Reiner avec une pointe d’agacement. L’esprit frappeur ! J'ai envie d'aller lui parler, voir s'il existe vraiment. Tu ne penses pas qu'on pourrait bien rigoler avec lui ? C'est pas très loin c'est dans les cachots.

Comme pour convaincre son frère de s’engager dans cette folle excursion avec lui, le Serpentard sauta de son lit avec ambition, sous les yeux épuisés de son partenaire en crime de toujours. Ce dernier pourtant, galvanisé par l’attitude et les yeux brillants de son camarade, se décida finalement à quitter son lit, non sans une pointe de regret, afin de le suivre dans cette nouvelle aventure.

Bertolt sortit donc de ses couvertures, enfilant un pull aux couleurs de sa maison et bien sur, d’indispensables pantoufles, tout droit ramenées de Boston.

- Bon, qu'est-ce qu'on attend alors ?

Satisfait, Reiner décocha un sourire malicieux à son portrait craché, avant d’ouvrir la courte marche en direction de leur destination, tentant d’évacuer les lieux dans la discrétion la plus totale.

Dans les cachots, humides et toujours traversés de courants d’airs glaciaires, régnait en cette nuit le plus absolu des silences. Seul le clapotis réguliers de gouttes d’eau qui s’échouaient sur le sol de pierre, et le murmure des brises gelées aux travers des murs apportait un peu de vie à ce lieu peu chaleureux, presque effrayant en cette heure tardive.

Courageusement pourtant, les deux Serpentard avançaient à la lumière des torches toujours enflammées, leurs silhouettes se dessinant comme de vagues ombres chinoises sur les parois irrégulières, par endroit délabrées.

Reiner, quelques pas devant son acolyte, avançait prudemment droit devant lui d’une démarche peu assurée. Le duo se retrouva finalement devant une grande porte de pierre donnant l'accès à des escaliers obscurs plongeants toujours plus loin dans les entrailles du château.

Sans difficultés les Sayre s’y engagèrent et descendirent précautionneusement les marches. Ils se retrouvèrent dans une pièce remplie de voûtes rocheuses et pourvue d'une odeur désagréable de renfermé mêlée à l’humidité ambiante. Reiner jeta alors un regard interrogateur à son frère.

- Euh... On tente de l'appeler tu penses ? S’enquit t-il d’un ton hésitant. Peut-être qu’il faut faire une sorte d’incantation...?

Bertolt sembla réfléchir quelques secondes avant de rétorquer, haussant un doigt vers le plafond, comme s’il venait d’avoir une excellente idée :

- En soit, on pourrait essayer de juste l'appeler? Et si on ne nous répond pas, on n'aura qu'à le chercher...

Et c’est ainsi que les deux jumeaux Serpentard s’époumonèrent entre les murs lugubres et crasseux des cachots à la recherche de celui qui conservait éternellement sa réputation d’esprit malicieux. Un claquement de porte leur répondit tout à coup, arrachant un frisson aux deux garçons.

- Une porte qui claque? Je m'attendais à un peu plus de sa part, soit c'est pas lui, soit il est un peu décevant.

- Ne le sous estime pas, Bertolt.

C’est alors que le silence s’était de nouveau instauré entre les pierres moites, laissant seulement percevoir le souffle des deux première année, qu’un bruit strident retentit, brisant l’atmosphère endormie des lieux obscurs et glaçant immédiatement le sang des courageux jumeaux qui échangèrent un regard inquiet tandis que leurs pouls s’accélérèrent, allant à un rythme diablement élevé. Difficile de localiser la source de la nuisance, mais sa longueur indique que quelque chose de métallique traîne sur le sol, quelque part. Le calme qui s’ensuivit juste après, pesa lourdement son poids de stupeur sous les voûtes ancestrales des cachots.

- Monsieur Peeves ? s'écria bravement Reiner à demi-voix.

- Sacré Monsieur Peeves si c'est lui qui fait ce bruit, ça devient inquiétant là un peu quand même, ajouta le double, riant jaune face à la situation.

Le son métallique retentit de nouveau. Cette fois, il est plus bref, mais se reproduit à intervalle régulier. Comme le couperet d’une sentence tombant plusieurs fois de suite, causant toujours le même effroi. Quelque chose semble se déplacer non loin, mais encore une fois, il est impossible de localiser la provenance de ce son étrange. Un vent froid envahit soudainement les lieux, et vient mordre les joues juvéniles des deux Serpentard.

Bertolt, que le froid ne laissait pas indifférent, tourna son visage blême vers celui de son compagnon d’aventure.

- Euh on devrait sûrement retenter demain, t'en penses quoi ?

Mais Reiner refusait d’abandonner. Il n’avait pas toutes les nuits à consacrer à ce satané esprit frappeur. Et puis quoi ? Lui, l’héritier de Salazar Serpentard allait oser montrer qu’il avait peur ? Certainement pas. Il ne connaissait pas la crainte. Il était bel et bien déterminé à montrer qu’il portait en lui les valeurs familiales et respectées des Sayre. Il rétorqua avec assurance, enhardi tout à coup par l’adrénaline de l’exploration.

- Comment veux tu qu'il nous prenne au sérieux si on le fuit ? Il releva alors son regard vers les profondeurs des cachots,

s’écriant tout haut, et surtout tout fort :

- Eh Monsieur Peeves, je suis sûr qu'on a des tours bien plus drôles que les vôtres d'abord !

Dans le dos des deux jeunes garçons, la porte de l’escalier qui permettait de sortir des cachots grinça lentement et odieusement, telle une dissonante complainte de douleur avant qu’un bruit sourd de verrou ne mette fin à cet affreux concerto.

Décontenancé, les deux frères constatèrent qu’ils étaient enfermés dans la pièce, prisonniers devant un verrou qui refusait de s’ouvrir tant par la force que par la magie. Ils étaient prit au piège. Et tandis que Bertolt faisait valser sa baguette devant le mécanisme récalcitrant, Reiner ne cessait de s’adresser au potentiel fantôme, qui était probablement le responsable de cette farce d’épouvante malgré tout un peu ridicule.

- Laissez-nous rentrer dans notre salle commune Monsieur Peeves et je vous promets un tour dont vous serez fier, demain soir ! En plus vous savez, dans les nouveaux élèves, il y a beaucoup de personne faibles d'esprit et faciles à torturer, on pourrait vous ramener quelqu'un si vous le voulez !

- UNTOUR ?

Une voix d’homme éclata dans les cachots. Elle était profonde et caverneuse. La vibration de ces étranges cordes vocales propulsa un vent glacé d'un bout à l'autre du couloir des cachots. La porte sembla presque geler, a moins que ce ne soit la peur qui embrouillait tout à coup l'esprit des deux fouineurs.

- J’EN AI UN POUR VOUS DE TOUR!

Dans son dos, la main de Reiner vint frapper dans la paume de

son frère, lui murmurant à l’oreille au passage :

- Ok, Bert, là ça sent mauvais.

- La prochaine fois, si y en a une, tu m'écoutes quand je dis qu'il faut partir, lâcha le jumeau sur un ton de « je te l’avais bien dit ».

Reiner commençait à transpirer à grosse goute, et cela n’était pas la faute des quelques degrés Celsius qui peinait à survivre entre ces murs liquides et crasseux. Le coeur serré, mais l’instinct de survie au ventre, il s’écria face à cette voix maléfique :

- Monsieur Peeves, nous sommes les descendants du grand Salazar Serpentard ! Imaginez nos potentielles farces et attrapes si nous nous associons !

Puis, comme pour appuyer son propos, il ne put contenir d’ajouter le slogan familial Sayre qu’il avait entendu toute sa vie, quelque peu modifié cependant, afin de l’adapter à la situation d’urgence.

- Seul vous êtes fort, mais ensemble nous sommes invincibles. Un rire résonna dans le noir, lorsque tout à coup, comme prise d’une frénésie soudaine, la voix hurla avec force :


- SAVEZ-VOUS QUI JE SUIS, VOUS QUI VOUS PROCLAMEZ DU SANG DU SERPENT ?

Tout à coup, un nouveau bruit de clapotis, différent des autres, attira l’attention de Reiner, qui chercha la provenance de ce dernier, lorsqu’un liquide visqueux et chaud vint s’abattre sur le sommet de son crâne, se perdant dans sa chevelure noire charbon.

Curieux, il haussa une main, afin d’analyser l’étrange mixture. Ce qu’il vit ne fit qu’augmenter ses doutes, réveiller ses peurs et acheva de combler l’incertitude qui naissait au creux de son estomac noué. Là, sur le bout de ses doigts, un peu de sang gisait sur la peau blafarde de son index et son majeur.

Mais alors qu’il ouvrait la bouche pour s’exclamer, un épais brouillard sombre vint enlacer de toute sa noirceur les deux jeunes, les lumières autour d’eux perdant en superbe et en luminosité, tandis que la voix venue d’outre-tombe reprit la parole avec presque une cruelle note d’amusement dans les accents pétrifiants de sa tonalité assurée :

- Petits de serpent, si vous voulez vivre, pensez vite et répondez juste pour prouver votre mérite. Je fais trembler les gens depuis la nuit des temps, L’homme me combat régulièrement. Chez toi, je suis enfermé dans une boîte, je crains le soleil. Qui suis-je ?

Reiner chercha désespérément dans son esprit durant de longues secondes, lorsqu’il discerna finalement les prunelles luisantes de son frère dans les ombres environnantes et envahissantes. Au vu de la brillance de ses pupilles vairons, le Sayre n’avait aucun doute : Bertolt avait déjà trouvé la réponse. Un rictus vint alors se dessiner sur les lèvres de l’enfant. Il pouvait toujours compter sur son double lorsqu’il s’agissait d’énigmes. De nouveau empli d’aplomb, il s’exclama en premier :

- Eh, le fantôme, tu t'es adressé aux bonnes personnes je crois... Bertolt ? La réponse est bien entendu...?

- Je vais briser la glace tout de suite, la réponse est... Le froid! Enchaîna Bertolt sur un ton faussement modeste.

D’abord, il y eu quelques secondes suspendues, quelques instants de vides. Puis, finalement, un nouveau rire provenant de l’esprit dissimulé, vint ponctuer la réponse des deux aventuriers.

- Ah ah ah... Bien, Bien, vos esprits sifflent a toute vitesse, je sens en vous le sang du Basilic, c'est pourquoi je serais clément cette fois-ci. Ecoutez moi bien, jeunes mortels, partez, ne revenez pas, et prenez garde à l'oiseau rouge.

Un gigantesque CLONG résonna alors dans la pièce, signe que le verrou venait de se débloquer avec fureur. Sans courir et pourtant sans avoir l’intention de rester une minute de plus, les deux élèves se pressèrent vers la sortie, afin de revenir dans leur Salle commune, se ruant jusqu’à leur dortoir désormais peuplé d’étudiants endormis dans les bras de Morphée.

Discrètement les deux Sayre rejoignirent leurs lits, chacun se plongeant sous ses draps, soulagés de retrouver leur matelas et oreillers chaleureux. Et si Bertolt trouva à nouveau facilement le sommeil, son jumeau lui, se tint une nouvelle fois éveillé, cherchant à distinguer encore une fois le plafond dans toute cette obscurité environnante, la tête fourmillante d’informations obtenues et de questions promptement survenues à leur suite.

« Je sens en vous le sang du Basilic...Méfiez vous de l’oiseau rouge...Mais qu’est-ce que tout cela veut dire ? »

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