Deux ans plus tard

 Le soleil se lève lentement sur les montagnes suédoises du Sarek, baignant le paysage d’une lumière dorée. Je me tiens au pied de la montagne, le cœur battant, une urne délicate en main. Aujourd’hui, je vais accomplir un acte de libération, un dernier adieu à Lucas, l’homme qui a illuminé ma vie et qui, même dans son absence, continue de m’inspirer.

  Le chemin qui mène au sommet est escarpé, mais chaque pas me rapproche de ce lieu sacré. Mon frère et ma mère marchent à mes côtés, leurs visages empreints de soutien et de compréhension. Nous avons tous les trois traversé des tempêtes, mais aujourd’hui, nous sommes unis par un même objectif : honorer la mémoire de Lucas dans ce cadre majestueux, là où la nature est à son apogée.

  Alors que nous gravissons la montagne, je me remémore les souvenirs que nous avons partagés. Les rires, les aventures, les moments de silence où nous contemplions la beauté du monde. Lucas avait toujours rêvé de parcourir ces montagnes, de se perdre dans la nature sauvage. En le laissant ici, je sais que je réalise une partie de son rêve.

  Après plusieurs heures d’ascension, nous atteignons enfin le sommet. La vue est à couper le souffle : des vallées verdoyantes s’étendent à perte de vue, et les sommets enneigés se dressent fièrement contre le ciel bleu. Je me sens à la fois insignifiante et connectée à quelque chose de plus grand que moi. C’est ici, au cœur de cette nature sauvage, que je vais libérer son esprit.

  Je prends un moment pour respirer profondément, laissant l’air frais des montagnes remplir mes poumons. Je regarde l’urne, caressant sa surface lisse. « Lucas, » murmurai-je, ma voix tremblante d’émotion. « Aujourd’hui, je te libère. Je te laisse rejoindre ces montagnes, ces rivières, et le vent qui souffle librement. »

  Mes larmes coulent, mais elles ne sont pas seulement de tristesse. Elles sont aussi un acte de libération, un moyen de laisser partir la douleur tout en gardant son souvenir vivant. Je me tourne vers ma famille, et ils m’encouragent d’un regard. Je sais qu’ils comprennent l’importance de ce moment.

  Avec une profonde inspiration, je soulève l’urne au-dessus de ma tête. Dans un geste lent et respectueux, je verse les cendres dans le vent. Elles s’envolent, dansant dans l’air frais, se mêlant à la nature qui les entoure. Je ferme les yeux, imaginant Lucas, libre et heureux, courant à travers les paysages que nous avons tant aimés.

  « Tu es toujours avec moi, » dis-je à voix haute, ma voix portée par le vent. « Dans chaque souffle, chaque battement de cœur, chaque étoile qui brille dans le ciel. » Une paix intérieure m’envahit, comme si une partie de lui vivait désormais en moi, dans chaque pas que je ferai sur ce chemin de vie.

  Nous restons là, ensemble, à contempler l’horizon, le cœur apaisé. Les souvenirs de Lucas ne s’effaceront jamais, mais aujourd’hui, je choisis de célébrer sa vie plutôt que de pleurer sa perte. Je sais qu’il aurait voulu que je continue à avancer, à vivre pleinement, à embrasser chaque instant.

  Alors que nous redescendons, je me sens plus légère, comme si un poids avait été levé. La montagne du Sarek, avec sa majesté et sa beauté, sera désormais un lieu de mémoire, un sanctuaire où je pourrai toujours revenir pour me souvenir de lui. Chaque fois que je regarderai vers ces sommets, je saurai qu’il est là, dans le souffle du vent et le murmure des arbres.

  Et ainsi, je poursuis mon chemin, prête à embrasser la vie avec tout l’amour et la force que Lucas m’a transmis.