Et aussi...
Tenant compte des retours que j'ai eu suite au poste de ce texte, je souhaiterais rajouter quelques éléments qui me semblent importants. J'y inclus aussi mon parti pris :
— C'est aussi devoir dépenser plus qu'un homme pour ce qui est une obligation. Être celles qui donnent la vie a un prix, et il n'est pas négligeable. Chaque mois, nous devons nous procurer ce qui nous permet de nous adonner à nos activités quotidiennes tout en tenant compte des prix volontairement élevés et des salaires anormalement bas (cf. mentions des salaires au chapitre précédent). Il en est de même pour les moyens de contraception. À se demander s'il n'y a pas une volonté généralisée de rabaisser la femme.
— C'est être consciente que les lois concernant notre bien être ou nos droits ne sont pas prioritaires malgré les usages et la logique paritaire. Jusqu'en 2013, par exemple, une loi interdisant le port du pantalon pour les femmes n'avait pas été abrogée, quand bien même deux circulaires en avait partiellement levée la portée (Cette loi avait pour but d'éviter qu'une femme ne se travestisse en homme et ainsi limiter l'accès pour la gent féminine aux postes masculins).
— C'est devoir s'assurer que notre féminité se porte bien en nous dévoilant devant un médecin avec un malaise certain. Y aller la peur au ventre de crainte de tomber par malchance sur un incapable, un indélicat, un irrespectueux ou encore pire : un gynécologue dangereux.
— C'est devoir être la seule tenue "responsable " au final en cas de grossesse. Malheureusement, si on peut douter du père, ce n'est pas le cas de la mère. Pourtant, certains osent nous dénier le droit de choisir, certains osent nous donner des conseils, certains osent tirer sur les ficelles de notre liberté de choix, avec un regard moralisateur sous le prétexte fallacieux de protéger un être humain. Il y a plein d'êtres humains à protéger, plein d'enfants en danger, commencer par regarder autour de vous et par agir, on aura peut-être un peu plus le désir de vous entendre. Le clochard qui dort dehors et dont vous avez croisé le regard serait d'accord pour recevoir votre aide.
— C'est avoir conscience que dans certains pays les conséquences d'un accouchement sont si terribles et handicapantes, qu'elles nous condamnent à une vie de souffrances et de solitude.
— C'est être aimées, chantées, admirées... et fragiles car fragilisées.
— C'est être forte, courageuse et fragile à la fois. Pour cela nous méritons beaucoup plus d'attention et de respect que nous n'en obtenons aujourd'hui.
J'écoute la voix de ces femmes, j'entends la clameur en haut de la foule de leurs peurs, de leurs souffrances, de leurs errances, de leurs erreurs...
J'aimerai tant que les gens voient au delà des apparences, ne s'arrêtent pas à la première impression, au politiquement correct. Ce n'est pas ça la vie, ce n'est pas ça vivre, ce n'est pas ça aimer. Pourtant, on se camoufle derrière des remparts sociétaires, des idées reçues ben pensantes, on se rassure sans chercher plus loin.
Écouter la clameur, c'est bien, c'est rassurant, mais toi, lecteur, écoute chaque petite voix. Parce que nous sommes toutes différentes, toutes uniques, toutes singulières.
Je voudrais aussi évoquer les parents et le rôle qu'ils ont à jouer pour faire de leurs filles des femmes. Être mère d'une fille, c'est dur, angoissant et fabuleux. Être père, c'est plus compliqué, perturbant, mais tout aussi fantastique. Il en ressort aussi une grande responsabilité.
Ne surprotéger pas vos filles. Les protéger, oui. Les informer, oui. Les pousser à l'angoisse, à la fuite, au déni, non.
Ne laissez pas passer le copain, le voisin, le collègue qui rigole en sortant une blague sexiste ou dégradante de manière anodine. Rien n'est anodin pour le jeune ou l'enfant qui l'interprétera à sa manière et se sentira un jour le droit d'aller plus loin. Rien n'est anodin pour l'inconscient collectif qui s'en accomodera avec les années. Mais laissez vos filles respirer ! Donner leur des armes sans les étouffer. Rendez leur leur place, vous, vous le pouvez. Ne les poussez pas à se cacher.
La base que l'on construit avec son père, est le socle qui nous portera plus tard. C'est cette force qui nous renforce, c'est cet amour et son regard paternel qui nous rend résistante. Nous serons toujours confrontées à la réalité, mais nous assumerons et nous relèverons grâce à ça. En l'absence de père, c'est à la mère de porter cette base, et je ne doute pas de cette capacité.
J'aimerais tant que ce soit le cas pour plus...
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