Fuite en Ailleurs

13 minutes de lecture

Julen sursauta. Comme à chaque fois, l’épouvantable stridulation qui s’échappait des haut-parleurs battait ses nerfs suppliciés. Un mélange de psalmodies gutturales et de morceaux de cordes d’instruments exotiques reconstitués par synthétiseur. L’appel à la prière de fin de cycle.

Il referma le compartiment de la repasseuse d’un claquement sec ; Julen ne partageait pas leur croyance et personne n’irait embêter un esclave qui ne pratiquerait par la génuflexion rituelle dans cette partie déclassée du vaisseau-monde.

— Qu’est-ce que tu fabriques ? Mets-toi à genoux, comme tout le monde !

Julen avait espéré trop vite. Il suffisait qu’il omette une fois la prudence pour tomber sur un régisseur dans ces recoins de la laverie. Le dissident prit soin de s’agenouiller dans la direction opposée pour pouvoir grincer des dents en toute discrétion. L’Ashanri gardait un œil méfiant sur sa silhouette. Il ne pousserait pas les réprimandes plus loin – pas pendant le temps sacré du recueillement – ; mais après ?

L’esclave exécuta machinalement ces gestes ridicules qu’on avait enfoncés dans son crâne, mémorisés avec l’effort minimum pour éviter de finir éjecté par un sas. Sans combinaison. Dans le vide intersidéral. Même si son premier objectif était de quitter cet endroit, il préférerait que cela soit en vie.

Soixante-six cycles qu’il était coincé sur le vaisseau-monde de Nssuka, le cœur régnant de l’exarchat d’Abu-Sala, l’instance à la fois religieuse et gouvernante des Ashanris. Naturellement dotée d’un excès de mélanine, leur peau sombre comme l’espace infini les faisait se croire supérieurs aux autres races – voire même aux variances de leur propre espèce, comme les Kasovars. Blanc comme la lumière des astres lointains, le peuple de Julen vénérait pourtant l’obscurité avec autant de ferveur que les Ashanris adoraient leur Soleil. N’était-ce pas ridicule ? Régner sur un espace de vide et de noir, mais nourrir la nostalgie d’une étoile ancienne et disparue, dont on disait la lumière capable de brûler l’épiderme comme les sclères. Un conte de fées brodé pour saupoudrer d’espoir les vies ternes et endormir les dissensions au sein de cette théocratie dictatoriale. Un sortilège qui ne prenait pas sur les Kasovars ; ce fier peuple de guerriers assumait ses racines tissées du néant de l’espace et combattait sans relâche la dominance ashanri.

Sauf que Julen avait perdu. Son escouade balayée, il goutta la plus amère des défaites lorsqu’on l’obligea à servir l’incarnation de son ennemi : la famille de l’exarque en personne !

Bien sûr, relégué au rang d’esclave, le combattant n’avait pu apercevoir ces sommités de ses yeux, et lui-même préférait les éviter tant qu’il ne disposait pas d’un couteau à leur passer sous la gorge. Un seul persistait à s’immiscer dans son quotidien…

Julen ferma les paupières et ne put empêcher la silhouette maligne d’Iyani Sala, le troisième fils de l’exarque, de s’y imprimer comme une marque au fer rouge. Il revoyait cet air suffisant chaque fois qu’il l’envoyait querir un caprice en cuisine, ces regards voilés et concupiscents glissant sur sa peau de faïence et ce sourire torve lorsqu’il enrobait ses ordres de miel. Ce nobliau lui manifestait le même intérêt qu’envers un animal au plumage exotique.

Il haïssait Iyani autant qu’il semblait fasciner ce dernier. Et pourtant… Il ne pouvait empêcher cette chaleur de l’étreindre chaque fois que ses pensées se tournaient vers son ennemi. Comme ensorcelé, Julen guettait son rire haut perché et ses gestes félins à chaque corridor. Comme il haïssait cette emprise !

La mélopée des cithares mourut dans un grésillement ; la prière terminée, le régisseur se releva et Julen réalisa qu’il avait complètement bâclé ses salutations au dieu Soleil. Même si l’Ashanri ne pipa mot, le serviteur sentit son regard lourd de reproches peser sur ses épaules : il rapporterait son comportement à ses maîtres. Et Julen ne supporterait pas un blâme supplémentaire.

Soixante-six cycles qu’il était coincé ici et c’était déjà soixante-six de trop.

Il fallait qu’il s’échappe ; de cette vie aliénante comme de l’ombre d’Iyani qui le pourchassait jusque dans ses songes. Il allait s'enfuir, ce soir.

*

Iyani quitta le cabinet de son père les larmes aux yeux. Ses épaisses tresses mêlées de fils d’argent batifolaient malicieusement. D’un geste de rage, il les enserra pour les ramener en un chignon d’une grossièreté à faire pâlir ses serviteurs. Ses mains tremblaient ; il en invoquait à tous les exercices de respirations que le culte de Soleil lui inculquait pour se maîtriser.

Son père l’envoyait entre les griffes des Gorgoroths. Ces mutants dont les cornes, les crocs cisaillés et les mœurs débridées peinaient à rappeler l’humanité de laquelle ils avaient évolué. Mais ces barbares disposaient d’une flotte surnuméraire et d’une balistique dévastatrice. Il fallait bien faire fructifier leur alliance.

Une sorte de mariage ? Un sacrifice !

Iyani serra les poings jusqu’à s’entailler les chairs. Il allait être livré à ces monstres sans jamais avoir connu l’intimité avec un humain. L’image de Julen s’accrocha dans son esprit, cet esclave qu’il avait spécifiquement mandé pour ses quartiers. Pour quelle raison ? Il l’ignorait. Les regards haineux qu’il lui renvoyait le faisaient frémir au plus profond de son être, son aura de rage et de destruction se démenait comme un ouragan en bouteille. Un écho de sa propre frustration. Mais cet imbécile avait tenté de s’enfuir. Il ne pourrait même pas l’emmener dans sa suite. Un gâchis…

Le garde s’inclina mollement à la vue du troisième fils et actionna l’ouverture de la porte de la cellule.

Si Iyani devait finir ses jours malmené entre les griffes de barbares impies, autant faire en sorte de connaître le bonheur charnel avant. Julen était seul dans cette geôle, menotté au mur. Les yeux rivés au sol, tout son être semblait emmagasiner une furie vengeresse qui ne demandait qu’à exploser. Inconscient du danger, Iyani ne voyait que ces mèches de jais collées par la sueur de son front, cette mâchoire sculptée prête à broyer un ennemi invisible et cette poitrine qui se soulevait avec lenteur. Sa peau de nacre le fascinait. Quel velouté aurait-elle sous ses doigts ? Quelle odeur pouvait-elle exhaler ?

Sans mot et sans jugeote, Iyani s’avança, hypnotisé, vers la bête. Dans un reniflement rauque, celle-ci redressa un regard furibond sur l’intrus. Des yeux clairs et limpides, d’acier et de glace.

— Ne me touche pas, cracha-t-il dans un avertissement.

Iyani n’en tint pas compte, persévérant dans son avancée ; ses doigts se tendirent, effleurèrent le duvet hérissé sur sa chair de poule…

— Tu es au sourd ou quoi ? Éloigne-toi de moi ! Je ne suis pas un animal !

Le cri brisa l’envoutement. Leurs regards s’entrechoquèrent ; celui de Julen ne reflétait qu’horreur et dégoût. Qu’est-ce qu’il s’imaginait ? Que le guerrier répondrait à ses attentes simplement parce qu’il était enchaîné ? La bile remonta le long de son œsophage à la perspective que les Gorgoroths le traitent de la même manière. Les larmes à peine enfouies refluèrent et dégoulinèrent en cascade de chagrin. Puis il s’enfuit, déguerpit sachant qu’il n’échapperait pas à son triste destin.

*

Une plaque, deux plaques, visser, refermer, suivant.

La routine se répétait inlassablement. En tant qu’esclaves reformés, ils coutaient moins cher que des robots ; autant affecter cette main-d’œuvre inférieure aux tâches les plus aliénantes. Après avoir purgé quinze cycles en détention, Julen avait eu le choix entre le turbin et la mort. L’usine d’assemblage s’avérait un calvaire pour le corps ; éprouvé par la fournaise, l’effort physique et les outils usés. Tant qu’il restait en vie, il lui restait une chance de s’enfuir. Alors Julen endurait en silence.

Ou presque…

Un regard furtif, un claquement de langue, un hochement de tête… Autant de signes qui échappaient à la vigilance des robots de surveillance. En seulement neuf cycles, l’ardeur de Julen avait suffi à attiser la flamme de la révolte dans le cœur des autres ouvriers-esclaves. Igor dessina un geste avec sa clé : tout était en place.

Un complice déclencha l’alarme incendie et les évènements se succédèrent dans une partition millimétrique. Le groupement A se chargeait de saboter l’alimentation principale des robots, tandis que le groupement B profitait du délai de reconnexion pour cabosser les boîtes de conserve. Le groupement C s’emparait d’outils pour bricoler les commandes d’accès et le groupement D attaquait les gardes humains à la sortie.

Dans cette confusion organisée, Julen distribuait coup sur coup, laissant sa hargne parler et sa frustration se défouler. Il n’y aurait pas de seconde chance si cette tentative échouait. La liberté ou la mort.

Ses camarades fugitifs luttaient péniblement. Julen hésita. Les aider et perdre les précieuses minutes de l’effet de surprise ou les abandonner. L’égoïsme l’emporta. La rage bouillonnait en lui ; contre lui. Seul, il filerait seul. D’une pensée fugace, il visualisa ce qu'il allait laisser derrière lui : la bouille tartinée d’huile moteur d’Addiven, le sourire édenté d’Oltave maculé de l’indigeste ration journalière… Le regard abyssal troublant d’Iyani s’interposa.

Pourquoi fallait-il qu’il s'accroche à lui ? Il ne l’avait plus recroisé depuis cet étrange épisode dans les geôles. Ses yeux embués de larmes le hantaient. Julen n’avait aucune raison de culpabiliser : il était le fautif ! Et pourtant… Il aurait aimé qu’il reste, il aurait aimé qu’il achève son geste. Il aurait aimé le revoir, rien qu’une dernière fois.

Et avant que Julen ne puisse se haïr davantage pour ces désirs infamants, il se retrouva bloqué dans sa course sur le pont supérieur.

— Plus un geste !

Un comité d’accueil le cueillit à l’autre bout. Les armes pointées sur lui le dissuadaient de fuir dans le sens inverse ; elles le carboniseraient.

*

Iyani triait ses affaires sans émotion ; plus éteint qu’une étoile à neutrons. Seuls quelques soupirs animaient encore la mécanique de son corps. À quoi bon ? Au prochain cycle, un croiseur gorgoroth accosterait le vaisseau-monde et l’embarquerait pour l’inconnu et la désolation.

Des bruits de course résonnèrent étouffés dans le couloir feutré de la suite dorée. Une agitation suffisamment inhabituelle pour tirer Iyani de sa torpeur mélancolique ; il s’introduisit dans le salon d’où elle émanait.

— Que se passe-t-il ici ?

Le troisième fils de l’exarque avait beau insuffler toute l’autorité dont il était capable dans son ton, cela n’était jamais suffisant face à ces fonctionnaires rétifs, enracinés depuis si longtemps qu'ils l'avaient connu petit et potelé. L’un d’entre eux brisa leur conciliabule pour l’intimer de repartir dans un geste obséquieux qu’Iyani exécra.

— Rien du tout, owura Sala.

Pourtant, avant que le zélé ne puisse lui barrer la vue, Iyani aperçut nettement la scène chaotique que retransmettait l’écran temporaire. Face à son œillade insistante, le fonctionnaire concéda :

— Une révolte dans le secteur 09. Mais ne vous inquiétez pas. Les unités pacificatrices viennent d’être déployées aux issues. Ils n’arriveront jamais jusqu’ici.

Comme si cela avait pu lui causer le moindre souci… Il craignait moins ces bêtes que les monstres de sa famille qui le livraient à d’autres monstres. Même si leurs rugissements s’accrochaient parfois à son esprit. Un en particulier.

« Je ne suis pas un animal ! »

Personne n’avait jamais osé lui parler de la sorte…

Un frémissement. Puis une boule dans sa gorge.

Le secteur 09, le secteur où l'on avait envoyé son ancien esclave. Il ne s’était plus risqué à l’approcher et ne l’approcherait sûrement plus jamais.

Hagard, Iyani hocha la tête et retourna à pas mécaniques vers ses appartements. Au-delà de son apparence calme, les pensées collisionnaient dans sa caboche comme une tempête électronique.

Julen était récidiviste. Il ne serait pas réformé une deuxième fois. Que sa tentative échoue ou réussisse, Iyani ne le reverrait jamais. La rage tordant ses beaux traits, ce regard pénétrant… et confus.

Il ne le reverrait jamais.

Les pas mous se stoppèrent et se retournèrent dans une résolution enflammée. Il courut presque jusqu’aux quartiers de son père. Vides. Il déroba sans états d’âme la clé de leur hangar privé et les armes stockées dans la cache en cas de nécessité. Son cas constituait une nécessité et Iyani se soucia bien peu de laisser traîner ses marqueurs génétiques dans les logs.

Sa décision était prise.

Que le dieu Soleil lui pardonne. Quitte à épouser la voie de l’ombre, il préférait choisir lui-même par quel chemin.

*

Les boîtes de conserve le tenaient en joue. Aucune échappatoire. Pourtant, Julen ne se pressait pas de lâcher sa soudeuse, comme s’il espérait encore un deus ex machina.

Une grenade à impulsion magnétique.

Les robots pivotèrent à 180 degrés. Pas assez rapidement ; l’ondée électrique paralysa et contorsionna leurs corps mécaniques jusqu’à ce qu’ils s’effondrent sur eux-mêmes. Leur champ dégagé, il put apercevoir son bienfaiteur ; sa mâchoire se crispa aussitôt.

De tous les habitants de Nssuka, pourquoi fallait-il qu’il tombe sur son ancien « maître » ?

Et pourtant, une part de son cœur ne pouvait s’empêcher de se soulever à sa vue, celle de ses beaux atours conjugués à ce nouvel air. Fort et déterminé.

Julen n’eut pas le temps de s’en étonner.

— Tu ne pourras pas atteindre l’astroport principal ; ils ont court-circuité les accès. Suis-moi.

Ses longues tresses battaient la mesure tandis que le petit prince se précipitait et le dépassait, l’ignorant presque. Julen saisit son poignet.

— À quoi tu joues ?

— Mon père dispose d’une flotte privée dans un hangar près du pont Nord. C’est par-là que tu auras le plus de chances de t’échapper.

Son ton était ferme, altier. Son geste ne souffrait d’aucune hésitation lorsqu’il lui tendit une clé magnétique. Julen tenta de s’en emparer, Iyani referma ses doigts.

— À une condition : emmène-moi avec toi.

Les particules d’air interrompirent leur course, le vacarme de l’alarme leur octroya une trêve et leurs regards s’accrochèrent dans un moment suspendu.

Julen abdiqua.

Il déroba une arme cinétique à l’un des robots à terre et suivit son guide à travers les passages secrets de Nssuka qu’un esclave n’aurait pu connaître.

Le hangar privé de l’exarque lui apparut comme il se l’était imaginé : ridiculement haut, orné et apprêté. En vaisseaux comme en gardes. Cachés derrière une rambarde de la passerelle, le duo repéra distinctement les divers contingents qui bloquaient l’accès à la flotte. Évidemment, son passeport pour la liberté n’allait pas être gratuit ! Que lui avait-il pris de lui faire confiance ?

— Fonce vers la corvette la plus à droite pendant que je fais diversion. Je t’y retrouverai, lui murmura Iyani.

Julen n’eut pas le temps de protester que son complice improvisé déboula devant le peloton de miliciens dédié au seul service de l’exarque. Après tout, qui de mieux placé que le troisième fils pour leur donner des ordres ?

— Laissez-moi passer, héla-t-il. J’ai des affaires à récupérer dans la frégate de mon père.

Son bluff ne prit pas. Une goutte dévala la tempe de Julen lorsque les armes se braquèrent sur Iyani. Ce dernier ne cillait pas, persuadé qu’aucun d’entre eux n’oserait tirer.

— Où est X-B602 ?

L’esclave en fuite blêmit en reconnaissant son matricule. Bien sûr, ils les avaient repérés sur les caméras. Tout n’était pas perdu pour autant : les gardes qui surveillaient la passerelle se concentraient sur Iyani ; Julen avait encore une chance de se faufiler jusqu’à la corvette. Mais cela signifiait abandonner son improbable allié. D’où tenait-il ces scrupules qui le tenaient figé sur place ?

— Je ne vois pas de quoi vous…

Le troisième fils n’eut pas le loisir d’achever sa phrase. Le commandant d’escouade avait tiré une onde de choc électrique. Julen la ressentit comme si elle venait de secouer son propre être. Sa réflexion désinhibée, son être se mit en branle, mû d’un élan instinctif.

Comme possédé, il quitta son abri, abattit les deux miliciens qui barraient sa voie et esquiva une salve de rayons jusqu’à Iyani. Il souleva comme une plume son corps à demi-conscient avant de braquer son arme sur sa tempe.

— J’aurais le temps de lui perforer le crâne avant que vos tirs m’atteignent !

La colère forgeait ses mots. Dans les faits, ils ne se risqueraient pas à lancer une nouvelle impulsion : le doigt du fugitif pourrait se contracter sur la gâchette au moment du choc…

Les miliciens capitulèrent et s’écartèrent de son chemin jusqu’à la corvette.

*

Ses paupières trop lourdes tressaillirent sous l’effet d’une accélération subite. Iyani sentit les vibrations de la carlingue poussée dans ses retranchements, encaissa les virages serrés et les freinages brusques d’un vaisseau en pleine fugue, mais ne parvint à se tirer de sa torpeur que lorsque les mouvements se calmèrent.

— On a réussi ? bafouilla-t-il d’une voix pâteuse.

Sur le siège du pilote, la silhouette de Julen lui retourna une expression qui ressemblait à du soulagement.

— Ouais, j’crois, marmonna-t-il encore sous l’effet de l’adrénaline.

— Merci…

Un long silence suivit, Iyani se demandait si Julen l’avait entendu ou si, dans sa léthargie, il n’avait pas rêvé prononcer ce mot qu’on n’adressait pas aux esclaves. Peut-être même sombra-t-il à nouveau dans l’inconscience. Mais une question fusa, le ramenant à la réalité.

— Et maintenant, où est-ce qu’on va ?

Un poids lesta sa poitrine. Cette question… Iyani n’avait pas voulu y songer avant.

— Tu ne rentres pas chez les tiens ?

— Les miens te traiteront comme vous m’avez traité.

Cette évidence, Iyani s’était efforcé de la repousser. Il ferma les yeux, résigné à accepter le destin qu’il avait lui-même embrassé. Il souhaita rétorquer que peu lui importait, mais Julen le devança.

— Il doit bien y avoir une station ashanri où je pourrais te déposer…

— Je veux rester avec toi.

L’assertion avait fusé, assurée et viscérale. Tant pis si cela signifiait inverser leurs rôles, Iyani s’en moquait, rien n’avait plus d’importance que ce souhait.

Julen figea sur lui son regard, brillant dans cette pénombre ; térébrant, il le sentait plonger dans sa chair et transpercer ses os. Iyani guettait son refus avec crainte. Mais Julen souriait étrangement.

— Bien. Dans ce cas, nous irons ailleurs.

Ailleurs ? Oui, ailleurs serait une bonne destination. Ailleurs, il n’aurait pas peur, tant qu’il serait à ses côtés.

Annotations

Versions

Ce chapitre compte 2 versions.

Vous aimez lire LuizEsc ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0