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Dear World,

Mon nom est Fatima, j'ai quinze ans et je suis Syrienne. J'ai fui au Liban à cause de la guerre. Ici la vie semble tellement calme, je peux aller à l'école sans risquer ma vie ce qui est une réelle chance, je me promène sur les marchés aux senteurs d'épices, de fruits, de thés à la menthe et d'eau de fleur d'oranger. Tous les vendredis, ma mère nous accompagne à la mosquée pour prier. C'est dans ces lieux couverts d'émeraudes et de saphirs que nous remercions Allah de nous avoir fait survivre à la guerre.

Mais cela n'a pas toujours été comme ça. En effet, nous avons dû marcher beaucoup sans vivres, puis, nous avons payé plusieurs passeurs pour nous aider à passer la frontière sans nous faire repérer. Mon grand frère, Amir, pleurait souvent. Il ne voulait pas quitter notre vie, notre pays, il ne voulait pas abandonner la Syrie, il voulait se battre pour le frère qu'il a perdu dans les gravats de notre maison. Il pense qu'il a vécu trop de choses pour tout oublier du jour au lendemain. Nous étions là pour lui lorsqu'il a voulu faire demi-tour, lorsqu'il sanglotait et même lors de ses silences qui voulaient dire : " je me bats pour toi, petit frère."

Notre arrivée et notre adaptation furent difficiles. En effet quand nous sommes arrivés, nous n'avions rien, mon frère a aidé mon père à travailler. C'était dur mais maintenant nous avons de quoi vivre et être heureux ici. Ma mère nous raconte sans cesse notre vie de fugitifs, tous les sacrifices que nous avons dû faire pour survivre et comment Salim est mort. Elle nous dit souvent qu'ici, à Beyrouth, nous sommes en sécurité et libres et que cette ville est l'une des plus belles du monde. Elle a raison ; j'aime cette ville, j'aime quand la nuit tombe rafraîchissant l'air et calmant les âmes après l'ardeur de l'été, j'aime flâner le long des murs en terre cuite, j'aime la mer. Oui, j'aime ce pays et j'aime me dire que nous avons survécu à cet enfer pour arriver au paradis.

Mes parents sont très croyants donc je porte le voile, notamment pour aller à l'école. Ah ! L'école ; c'est apprendre des choses sur les mathématiques, la physique ; c'est aussi les arts comme le dessin, la musique ou la danse. Mais ce qui me plait le plus, ce sont les langues. Ici nous apprenons l'arabe et l'anglais. Ce que je préfère c'est écrire, j'ai toujours un carnet et un crayon de bois sur moi. Mes amies me trouvent étrange à noter tout ce que je vois, même les choses les plus futiles. Elles préfèrent regarder à travers la grille les garçons avec qui elles aimeraient être mariées plus tard quand l'école sera finie.

Mais il y a une chose qu'elles ignorent, c'est d'où je viens. Elles ne savent pas que, quand on a vécu la guerre, l'insécurité, la peur et la mort ; on est changé à jamais ; on voit la vie sous un autre angle. C'est pour cela que j'écris. J'écris pour remercier Allah, j'écris pour raconter mon histoire, j'écris pour coucher mes sentiments sur papier, j'écris pour rester forte.

Oui, j'écris car les mots frappent plus fort qu'une bombe à la guerre.

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