Deux points de vue s'alterneront, un après l'autre, année par année, pour vous permettre de saisir tout l'histoire. Je teste de cette façon pour voir si tout s'enchaine bien, mais si cela ne convient pas, je ferais deux livres. Une version avec illustrations d'internet est en cours de publication sur Wattpad.

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Je viens de recevoir ma lettre d'admission pour Poudlard. Il était temps. Ce n'est pas comme si j'avais des doutes. Ma famille est l'une des plus connues du monde magique. Depuis la mort de Voldemort, le puissant mage noir qui voulait régner sur le monde, il y a plus de cent ans, la hiérarchie des familles a fortement été modifiée dans l'opinion publique. Les « sangs purs », ceux dont les ancêtres ne sont que des sorciers aussi loin que remontent leurs arbres généalogiques, ne sont plus vraiment une référence.

Dorénavant, ce sont plutôt les actes de nos aïeuls qui priment. Bonne ou mauvaise, la puissance magique est importante. C'est ainsi que moi, Oliver Malefoy, descendant direct de Lucius et Drago Malefoy et comportant Bellatrix Lestrange parmi mon arbre généalogique est considéré comme venant d'une famille prestigieuse.

En effet, ils étaient de puissants mangemorts, les serviteurs dévoués de Voldemort. Ma famille est aussi prestigieuse que les Potter et les Weasley, malgré notre ancienne appartenance au clan des soi-disant méchants de L'Histoire.

Les rivalités de nos ancêtres ont été mises de côté officiellement aux yeux du grand public sorcier. D'autres petits faits persistent, comme les chamailleries entre les « maisons » de Poudlard, sortes de classe ou de confrérie étudiante, au sein de ma future école de magie.

Cependant, lorsque nous sommes entre nous, familles de filiation parfaite, les paroles sont bien différentes. Notre clan, les Malefoy, symbolisé par les dragons en armoiries, reste attaché aux valeurs des sangs purs. Il reste moins d'une dizaine de familles de sang absolument pur. Nous continuons, au sein du cercle réduit des ascendances dignes, à utiliser les adjectifs péjoratifs.

Les « moldus » sont les non-sorciers, ceux qui ignorent tout du monde magique si ce n'est au travers de livres fantastiques. Les « cracmol » désignent les enfants de sorciers dépourvus de pouvoirs, ceux qui disparaîtront du monde magique à la prochaine génération. Les sangs mêlés définissent des sorciers dont l'un des parents ou grands-parents est moldus ou cracmol.

Le terme dont on use avec le plus de mépris est « sang-de-bourbe », à destination des enfants dont les deux parents sont moldus, ceux dont la magie est apparue comme par hasard.

En dehors de nos proches, nous modérons notre discours, fort peu apprécié par l'opinion publique. Mon grand oncle Scorpius a bien failli gâcher le prestige de notre famille, en épousant Rose Weasley. Ils n'ont eu qu'une fille, une cracmole et le nom Malefoy n'a pas été entaché fort heureusement. Le frère de Scorpius, Basilius, mon grand-père, a respecté la tradition et gardé la pureté de notre lignée.

Je ne sais que penser de cela. Quand je lis les ouvrages d'Histoire de la Magie, de très nombreux grands sorciers étaient des sangs mêlés ou des sangs de Bourbe. Voldemort, Harry Potter, Albus Dumbledore, Hermione Granger, Severus Rogue sont décrits en détail. Ils ont accompli des exploits magiques très impressionnants malgré leur « impureté ». Je me pose des questions sur le fait que la puissance magique soit liée à la pureté de sang.

Depuis tout petit, mes parents me disent que plus tard, j'épouserais Louise Nott, une autre sang pur. Une autre famille importante tant pour les sangs purs que pour les sorciers. Je serais en cours avec elle cette année. Elle ne me plaît pas. Louise est gentille, pourtant, je n'apprécie pas sa compagnie, elle est trop fade. Dans ma promotion, il y aura aussi mon cousin Benoît Lestrange. La troisième famille importante de sangs purs.

Je sais déjà que je serais un Serpentard, la maison de mauvaise réputation, et donc un peu mal vu par les autres groupes. Alice Potter et Rodrigue Weasley seront surement chez les Gryffondors, la confrérie la plus appréciée de Poudlard. Ces deux idiots deviendront un peu les rois et reines de l'école. Je m'en fiche. J'ai suffisamment confiance en moi pour surmonter cela.

Et oui, en cent ans, les Malefoy restent toujours aussi sûrs d'eux. Je suis un digne descendant Malefoy, grand pour mon âge, un aspect physique ravageur, intelligent, de la prestance, et un ego surdimensionné. Je suis un magnifique garçon blond aux yeux gris, présentant une aptitude puissante pour la magie et craint pour son caractère et sa disposition à rabaisser oralement les autres.

Aujourd'hui, le lendemain de la réception de ma lettre, Maman m'emmène faire les derniers petits achats pour la rentrée au chemin de traverse, la rue commerçante où chaque sorcier peut trouver son bonheur en matière de courses d'ordre magique

J'ai déjà ma baguette, mes livres, mes fournitures. La liste nous a été fournie par un ami du ministère, voulant se faire bien voir de la famille de sang pur Malefoy. Nous étions certains de mon admission. Il ne me manque qu'un hibou. Je le choisis imposant, merveilleusement élégant, d'une couleur sombre qui effraye et surtout caractériel, à mon image. Nous croisons de nombreux jeunes sorciers venant eux aussi faire leurs achats, cette bande de nains paniqués me fait doucement sourire.

Un mois plus tard, c'est le jour du départ. Je rentre dans le train du quai 9 ¾, cette voie invisible aux moldus, spécialement réservée aux sorciers où on accède au quai en se précipitant dans un poteau de briquettes, tête baissée. Je cherche un wagon vide pour m'installer avec mes potes Horace Lungtorg et Jamie Foalder. Mon cousin Benoît nous rejoint, sûrement pour ne pas se mêler à la populace.

Horace, c'est mon meilleur pote. On se connaît depuis bébé. Il est comme un frère pour moi. Son calme et sa bienveillance sont l'exact opposé de mon caractère. Ses parents et leur esprit très ouvert sont à l'origine de mes doutes à propos de la suprématie des sangs purs. Ils ont d'excellents arguments et le grand-père d'Horace, un moldu, est tout de même admirable. Il est un héros dans le monde non-magique, s'étant sacrifié en se mettant devant les balles d'un fou furieux pour sauver des enfants innocents.

Jamie, je l'ai connu en primaire. Je m'entends bien avec lui et sa sœur, mais moins qu'avec Horace. Lui et sa jumelle ont toujours une bêtise à faire et sont d'humeur joueuse en permanence. Ils ont des liens lointains avec la famille Weasley, leur mère ayant reçu en héritage la fabrique de farces et attrapes crée par les jumeaux Fred et Georges à l'époque de la seconde guerre des sorciers. Fort heureusement pour eux, ils n'ont pas hérité de la couleur de feu du cuir chevelu des Weasley. Jamie est l'un des rare à réussir à me faire pratiquer l'auto dérision et à me descendre de mon piédestal.

Benoît et moi avons grandi ensemble pendant nos six premières années, ma tante confiant très souvent son fils à la garde de Maman. On s'entendait super bien enfants, tous les quatre, mais depuis quelques années, je m'éloigne un peu de mon cousin. En grandissant, Benoît et devenu un peu con et nous sommes en froid, nous irritant l'un l'autre par des remarques désobligeantes, je continue d'avoir de l'affection pour lui, même si je ne le montre pas.

Le mieux qu'on trouve pour se dissocier du fatras d'élèves bruyants est une cabine de huit personnes avec une fille toute seule. Enfin, je crois que c'est une fille. Les cheveux semblent longs. Ils sont noirs de jais et bouclés. Il ou elle dort enfoui dans son manteau. Il n'y a qu'une petite valise. Maeve TEYSSIER. Oui, c'est bien une fille. Je ne connais pas cette famille. Je fais signe à mes potes de s'installer sans trop de bruit et nous bavardons.

En raison de la présence de l'inconnue, nous faisons attention à ne pas évoquer de sujets délicats. L'idéal est de nous raconter nos vacances. Horace est allé chez ses grands-parents à la campagne. La famille avait décidé de faire une « pause moldue ». Il nous raconte ses déboires de privation de magie. Le pire, c'était sa mère qui avait décidé de se mettre à la cuisine.

Sans baguette, cela était un désastre. Lui et son père ont crevé de faim et ont du faire de la magie en cachette pour se nourrir. Alors qu'il nous raconte que sa mère a découvert que les pâtes se cuisaient dans l'eau au bout de trois semaines, nous laissons échapper un rire sonore, un peu trop bruyant. Nous réveillons la demoiselle qui grogne et s'étire.

- Bonjour, Belle endormie, lui lançais je d'un ton charmeur pour qu'elle ne râle pas trop.

- Bonjour messieurs, répond-elle d'un air neutre.

- Magnifiques, je murmure.

Whaou, ses yeux sont violets. Je ne peux m'empêcher de bredouiller totalement fasciné. Je ne parviens pas à détacher mon regard de ses yeux. Mes deux potes et Benoît non plus. Je l'entends ronchonner.

- Fèche ! *

Elle ferme ses yeux quelques secondes, secoue la tête puis les rouvre. Ils sont noisette. Je ressens d'un coup un grand froid. Jamie est le premier à se ressaisir.

- T'es métamorphe? Tes yeux, ils ont changé de couleur, lui demande t'il.

- Non, j'ai juste la magie qui déconne par moments. J'ai conscience d'être une sorcière que depuis deux semaines quand j'ai reçu ma lettre. Je suis née humaine, répond-elle de sa voix neutre.

Je me vexe aussitôt. Je lui réponds sèchement:

- Moi aussi, je suis humain. Je suis né sorcier dans une famille de sorcier. Si tu veux dire que tes parents n'ont aucun pouvoir, tu dois dire être née moldue ou être une sang-de-bourbe.

Elle me regarde bizarrement et se met à sourire en coin, égayée de mon ton énervé.

- Si tu le dis blondinet.....

Elle se marre toute seule avec ses pensées amusantes.

- Désolée, je n'ai pas voulu vous vexer. Je ne maîtrise pas encore les termes des sorciers,dit-elle d'une voix douce en regardant Horace et Jamie avec intérêt.

Horace se met alors à lui expliquer quelques mots. Notamment que sang-de-bourbe n'est guère poli. Mon ami essaye de minimiser l'insulte de mes propos. Au lieu de se vexer, elle éclate de rire.

- Alors le blondinet est une sorte de noble prétentieux dans votre monde ? ricane-t-elle.

Mes potes n'osent pas répondre. Je sens qu'elle va m'énerver celle-là. Je lui réponds sèchement encore une fois pour calmer sa joie rapidement.

- C'est ton monde aussi maintenant. Et oui, je suis une sorte de noble très respecté. Tout comme mon cousin Benoît, ici présent.

J'ai beau avoir pris mon air le plus hautain possible et mon ton sarcastique, je n'arrive pas à stopper l'hilarité de la donzelle. Sarah Foalder, la sœur jumelle de Jamie, passe la tête à ce moment-là.

- Eh beh, y'a de l'ambiance ici, dit-elle en entendant le fou rire de la fille.

- Jamie, on arrive bientôt, tu peux venir m'aider à descendre ma valise s'il te plaît ? Oh et bonjour mademoiselle. Si Jamie vous a embêté, j'en suis désolée. Venez me voir s'il recommence.

La jeune fille fait un immense sourire.

- Bonjour, je m'appelle Maeve. Non, rassurez-vous. Votre frère ne m'a point dérangé. Lui et son ami m'ont fait la discussion avec une grande politesse et un savoir vivre absolument exquis. Vous pouvez être fière de ces deux-là, annonce-t-elle en désignant mes deux potes.

- Sarah. Et les deux autres messieurs ? Ils se sont montrés corrects avec vous également ?

- Les Princes Grincheux ? Bien sûr. Ils sont adorables et la cause de ma si bonne humeur.

Je rêve. On dirait le dialogue de deux femmes de bonne famille. La nouvelle vient de se foutre de ma gueule devant mes potes, qui baissent la tête et se mordent les lèvres pour ne pas rire. Ils doivent s'attendre à m'entendre répliquer. Benoît est rouge de colère. Il a déjà saisi sa baguette et s'apprête à lui lancer un sort. Je l'arrête de la main. J'ouvre la bouche, furieux.

-.......

Aucun son ne sort de ma bouche. Deux magnifiques yeux violets rieurs me rendent muet et me font perdre la parole.

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* Fèche est une expression du Sud est de la france, un raccourci de "fais chier", soit un mot pour ronchonner.