1.2.7 Noel chez les Nott
Étude des moldus. Maléfique se fait interroger par le professeur sur son ressenti de moldue face à ce monde merveilleux de la magie. Sa remarque est cinglante bien qu'elle soit dite d'une voix douce et calme. Maeve est hyper méprisante envers les sorciers tout en nous laissant tous sans voix, n'ayant aucune réponse à lui fournir. Je me sens à la fois mal de l'avoir traité de sang-de-bourbe et hyper fier de son sens de la répartie si Serpentard.
À la fin du cours, je discute avec Louise des propos de la miss. Nous décidons tous les deux d'aller parler à Maeve, pour s'excuser d'être si con et si sang-pur parfois. Mon cousin nous a devancés. Comme de parfaits sales gosses, nous les espionnons avec Louise. Ce petit crétin a fabriqué une couronne de pâquerettes à Maléfique. J'ignore ce qui lui dit, mais je le vois lui faire un baisemain cérémonieux. La petite affiche un grand sourire.
Elle parade toute la journée avec sa couronne. Elle est à la fois une petite fille trop mignonne et parfaitement ridicule. Je n'arrive pas à me décider si elle me fait craquer ou me donne envie de vomir. Louise adopte l'envie de sourire. Alors je l'imite, Maeve ne fait aucun mal à parader avec sa couronne. Elle en a bavé depuis le début de l'année. Elle mérite bien d'être joyeuse quelques heures. Après le repas du soir, j'interpelle la donzelle avec Louise.
- EH Maléfique ? Tu connais le sort pour conserver fraîche ta couronne ?
- Non. Mais je sens qu'un sorcier si puissant que vous, Gargamel, doit sûrement le maîtriser à la perfection.
- Yep. Je te l'apprends à une condition. Continue de faire chier mon cousin. Il a besoin qu'on lui dégonfle les chevilles.
Maeve me regarde avec curiosité. Puis, elle accepte sa mission. Je lui montre donc le sort "Nova flores" et lui apprends à faire apparaître des papillons. Nous rigolons tous les trois pendant une bonne heure. C'est l'occasion de lui présenter nos excuses, qu'elle accepte de bon cœur.
Nous regagnons notre dortoir. Je rejoins les filles dans leur chambre avec un stock de bonbons. Nous continuons de discuter des cours pendant une bonne partie de la nuit. Louise nous remet à jour et nous gronde avec bienveillance sur notre distraction pendant les cours. Nous acceptons le sermon de bon cœur, Louise étant si adorable quand elle essaye de faire preuve d'autorité.
En évoquant les objets moldus, Maeve nous parle d'un iPod. Elle nous place un écouteur sur l'oreille à Louise et moi. Je découvre le rock et le hard rock. Louise les chansons d'amour, si différent de la musique classique des sangs purs. Maeve accepte de nous le prêter quelques jours. Le temps que j'aille à Pré au lard en acheter deux. Maeve nous promet de nous copier toute sa playlist afin d'éduquer musicalement les pauvres sorciers ignares que nous sommes. Je ricane de sa pique pas bien méchante. Elle a raison. La musique, c'est vraiment chouette.
Au matin, un colis m'attend. Mère m'envoie mes cadeaux de Noël. Je devrais rester à Poudlard pour les congés puisqu'elle a mieux à faire que de passer les fêtes avec son fils. Ma mauvaise humeur réapparaît. Malgré le sketch de Maléfique dans sa tenue licorne avec couronne de fleurs et papillons, je reste morose. Je vois bien les gars s'amuser et lui lancer des sorts pour la grimer en petite fée du printemps. Elle est mignonne à croquer et si joyeuse. En d'autres circonstances, j'aurais participé à son relooking. L'idée de passer Noël seul dans cette école vide me refile les d'idées noires. Louise perçoit mon mal-être encore une fois. Elle se saisit de la lettre et la lit.
- Mes parents connaissent bien les Malefoy et les Lestrange. Je suis sûre que si je leur demande en prétextant que ta mère est souffrante, ils accepteront que tu viennes à la maison pour les vacances. Si tu te sens capable de supporter une autre famille de sangs purs idiots, bien entendu.
Je l'embrasse sur le front avec tendresse. Louise est si géniale. Elle vient de réaliser un de mes rêves : passer un Noël dans une famille aimante, être entouré de sentiments mielleux et gavé de chocolats. Je me re concentre sur la scène centrale. Maeve vient de partir avec le professeur Bordial après avoir remercié les gars pour le fou rire matinal. L'ambiance est joyeuse. J'entends soudain mon cousin sortir :
- Son look est atypique certes. Mais c'est une Serpentard. Il serait temps qu'on la traite comme une des nôtres. Hermione Granger était une sang-de-bourbe comme elle. Ça reste une des meilleures sorcières de tous les temps. Même mon ancêtre Drago l'a reconnu. N'oubliez pas que Maeve a mis en échec les filles de dernière année dès son premier jour. Seul le professeur Bordial a su défaire son sort. On ignore ses talents. Il serait intelligent de la traiter correctement.
Ce con a de la tendresse pour Maléfique. Il vient de la défendre. J'hallucine. Il est maso. Il aime qu'elle le maltraite et ne se plie pas devant sa supériorité de sang pur. Cette idée me rend le sourire pour un bon bout de temps. J'ai des tonnes de remarques pour le taquiner qui m'arrivent en tête. J'ai promis d'arrêter les bêtises, alors graver des cœurs avec Maeve écrit au milieu sur ses affaires, ne sera pas possible. Du moins pas pour l'instant, je garde l'idée en réserve.
Louise a réussi. Je suis invité chez les Nott. Mon hibou de demande d'autorisation maternelle mentionne différents petits faits. Louise a mon âge. Les Nott sont une famille de sangs-pur puissante. La plus puissante après les Malefoy et les Lestrange. Louise descend de la branche ainée, donc la plus puissante. Les Nott ont des ancêtres mangemorts et ont soutenu Voldemort lors des deux guerres de sorciers. Père Nott est diplomate et représente le ministère de la magie anglais auprès de nombreux pays. Il est donc très bien placé pour aider à propager des idées à l'international. Mère accepte sans trop de soucis.
Je suis fier de ma première rébellion sous couvert de bon petit soldat. Mère et Bellatrix n'y ont vu que du feu. Je fais ma valise avec une grande joie. Je veux faire un cadeau à Louise, toutefois, je ne m'y connais pas du tout en fille. Lors d'une de mes visites à la bibliothèque, je demande à Maeve si elle veut bien m'accompagner à Pré au lard.
Elle s'habille bien si on oublie son pyjama et fait à peu près la même corpulence que Louise. La boîte de chocolats de remerciements pour la musique l'ayant mis dans de bonnes dispositions vis-à-vis de moi, elle accepte à condition que nous n'évoquions aucun sujet sensible comme les sangs-de-bourbe. Maléfique m'aide à choisir un joli collier et une robe magnifique pour Louise. Du bon vin français pour son père et des produits de beauté de luxe pour sa mère. Je la remercie en lui offrant le dernier cd d'un boys-band qu'elle affectionne.
Me voilà enfin chez Louise. Ses parents font fi de ma présence et enlace avec amour leur fille. Ils reprennent ensuite leur posture parfaite. Pour la première fois, je m'aperçois des gestes de tendresse, des regards affectueux et des mots doux qu'ils s'échangent sans pour autant porter atteinte à leur statut et honneur. J'en suis ravi pour mon amie. Elle est comblée d'amour. La famille de Louise me traite avec le respect due à mon nom, mais aussi bienveillance comme le meilleur ami de leur fille.
Son père me parle comme à un homme et m'entraîne dans son bureau lorsque Louise et sa mère ont des discussions entre filles. Il fume son cigare et me parle politique, sport et finances. Je me régale d'être enfin écouté. J'ai évidemment des lacunes dues à mon jeune âge, mais je ne perçois aucun sarcasme ou propos désobligeants. Au contraire, il m'explique les sujets que je ne comprends pas bien.
Le père de Louise est très cultivé et nous discutons aussi littérature. Il est impressionné de la quantité de livres que j'ai eus entre les mains. Je lui avoue n'avoir eu que peu de distractions au manoir Lestrange. Sa compassion, exprimée de manière légère, ne coule pas de mièvrerie et cependant parvient à me réconforter. Le père de Louise m'apprend comment exprimer ses sentiments tout en gardant un langage et une posture de sang-pur. L'art délicat de contourner le protocole et l'importance des sous-entendus.
Je rigole doucement quand il essaye de savoir ce que je ressens envers Louise. Ce n'est pas un homme cherchant un bon parti pour sa fille, mais un papa qui s'inquiète des fréquentations de sa fille chérie. Tout Lestrange que je suis, si je fais pleurer sa princesse, il me tuera sans pitié. Je le rassure, Louise est merveilleuse et jamais je ne lui ferais de mal. Je l'aime comme une sœur et je l'assisterais dans le meurtre de quiconque la fera pleurer. Nous passons un accord en nous serrant la main, dans une sorte de serment pour rire.
Louise m'apprend à faire des biscuits de Noël, sans magie. Je ne critique pas cette pratique de Moldue et profite de ce moment de joie et de partage. Je ne suis pas très doué, il faut le reconnaître. Je mets toute ma bonne volonté et avec des corrections discrètes de mon amie, je ne mélange pas le sel et le sucre et mes gâteaux ne brûlent pas. Mes décorations sont affreuses et le serpent que je tente de faire en pâte à sucre ressemble plus à un ver de terre qu'à un magnifique reptile. Louise ne cesse de rire durant notre séance de cuisine. Elle est si heureuse et sa joie me remplit le cœur.
J'ai de nouveau les larmes aux yeux. Plus pour les mêmes raisons que fin octobre. Je suis accueilli et traité comme un membre de la famille. Je retrouve l'environnement familial simple et aimant que je connaissais quand j'allais chez ma tante voir Oliver. Les souvenirs affluent et je retiens difficilement l'émotion qui me submerge. Louise, me voyant muet, me prend la main et me fait une bise sur la joue.
- Pleure Benoît. Ca te fera du bien. Il n'y a que moi. Pleure. Laisse toi aller. Je suis là.
Elle se blottit contre moi, pensant que je suis triste. C'est tout le contraire. Je n'ai jamais été aussi joyeux, tellement bien. Je serre mon amie et la couvre de bisous sur les cheveux et les joues tout en laissant couler quelques larmes.
- Louise... Tu es ma meilleure amie, ma sœur. Je... Je t'aime Louise.
C'est au tour de mon amie de se mettre à pleurer devant ma déclaration d'amour fraternel si sincère. C'est la première fois que je lui exprime mes sentiments de manière aussi franche, je n'ai jamais été aussi tendre, même quand on faisait les idiots en simulant le faux couple. Je laisse libre court à mon besoin de démonstration dégoulinante en accusant le trop-plein de sucre avec une mauvaise foi comique.
C'est le matin de Noël. Au pied du sapin, un tas monstrueux de cadeaux nous attend. Lorsque nous ouvrons nos présents, je reçois des livres de sorcellerie de ma famille. Louise m'offre un joli pull vert zippé très fashion. Ses parents joignent l'écharpe assortie en soie. Les offrandes que je fais aux parents de Louise ont un franc succès.
Mon amie ouvre enfin ses paquets. Elle pâlit devant le collier puis fond en larmes devant la robe. Elle me dit que c'est trop.
- Pas pour celle qui m'a empêché de me suicider. Pas pour ma meilleure amie. Que j'aime comme une sœur, lui murmurais je, à l'oreille.
Ses parents sont un peu gênés devant la richesse des présents. Je leur explique avoir traversé une mauvaise passe. Un coup de blues lié au décès de mon père. Je leur dis combien Louise fut patiente et amicale avec moi. Je leur avoue combien leur fille me redonna de la joie. Louise est embrassée avec tendresse par ses parents fiers de son cœur en or. Je passe le meilleur Noël de ma vie. Les meilleures vacances depuis mes six ans.
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