Noël arrive enfin et nous rentrons chez nous pour les fêtes. Je sais d'avance que je vais beaucoup m'amuser. Les fêtes de fin d'année sont toujours joyeuses chez nous et en plus, je vais voir Horace et Jamie quasiment tous les jours. Nous avons déjà prévu tout un tas d'activités. J'espère qu'il neigera. J'adore glisser en luge sur la poudreuse fraîchement arrivée.

Une fois mes valises défaites, je me précipite dehors pour voir si l'étang voisin a commencé à geler. Il est à point, la couche de glace fait au moins vingt bons centimètres. J'enfile mes patins et patine pour défouler mes jambes et mon trop-plein d'énergie. Je virevolte à toute vitesse, grisé par le vent. J'entends des cris au loin, mes potes arrivent en courant. Ils se chaussent rapidement et me rejoignent pour commencer notre course-poursuite. Je gagne à chaque fois.

Très vite, nous sommes fatigués et surtout affamés. Sarah arrive avec des encas, semblant avoir deviné les besoins de son frère par télépathie. Son sandwich cornichon - mortadelle - confiture lui vaut un câlin affectueux de son frangin aux goûts alimentaires douteux. Sarah profite de la tendresse de son frère puis me demande si je veux bien lui prêter Shadow, mon hibou, pour une missive.

Surpris, je lui demande pourquoi elle n'utilise pas le hibou familial, cependant, j'accède à sa requête sans aucun souci. Elle m'explique vouloir envoyer un petit cadeau à Louise Nott avec qui elle est devenue amie cette année, seulement ses parents n'apprécient pas la famille Nott et elle a peur de leur demander.

Je suis étonné de cette amitié, je suis heureux pour Sarah. Louise n'est pas très intelligente, c'est une gentille fille pour une sang pur. Je suis ravi que Sarah se soit trouvée des copines à Poudlard, l'absence de sa meilleure amie restée à Beauxbatons lui pèsera moins. Je récupère son petit colis et le confie le soir même à Shadow, trop content de pouvoir se dégourdir les ailes. Je lui donne un second colis, un petit sachet de bonbons en forme de licornes pour Maeve. Je suis persuadé que Shadow saura où la trouver.

Je suis couvert de cadeaux le jour de Noël. J'ai envie de dire comme d'habitude. Mes parents ont invité mes amis et leurs familles pour le repas du vingt-cinq au midi. Nous en profitons pour nous montrer nos nouveaux joujoux et les comparer. Il n'y a aucune jalousie entre nous, je suis certes plus gâté, mes parents ayant une meilleure aisance financière, cependant, mes potes s'en contrefichent et sont heureux pour moi. D'autant plus que bien souvent, ils profitent également de mes nouveaux jouets ou objets.

Il a neigé pour Noël. Je sors ma luge et dévale la pente qui mène à l'étang. Jamie a trouvé un nouveau jeu. Il se place sur le chemin et me canarde de boules-de-neige à mon passage. C'est drôle et il vise bien ce crétin. Je suis couvert de poudre blanche. Horace se joint au combat et ils se liguent contre moi, le sale égoïste qui refuse de prêter sa luge.

Juste pour les embêter, je laisse Sarah l'utiliser quand elle papillonne des cils devant moi. J'en profite pour leur lancer des sorts qui leur pique les fesses. Bien sûr, je n'ai pas le droit de pratiquer la magie en dehors de Poudlard mais bon qui va se préoccuper de petites décharges électriques au postérieur de deux autres jeunes sorciers et surtout, personne ne viendra embêter un Malefoy pour de telles broutilles. La journée fut épuisante. Les vacances passent surtout vite et nous devons déjà rentrer à Poudlard avec regret.

Pâques. Maeve reste une solitaire, qui répond selon la façon dont on lui parle. Elle ne défend et soutient personne sauf elle-même. J'ai donc droit à l'ironie, à la moquerie et aux sarcasmes. Nous nous disputons souvent. Nous sommes tous les deux fiers et susceptibles.

Sarah fait face à un silence respectueux. Rodrigue, lui se prend en pleine face des remarques sexistes. La compagnie des gens indiffère Maeve ou la dérange. Si on est là tant mieux, sinon ce n'est pas grave. Si on est présent, le mieux est de ne pas lui parler.

Alice est la seule envers qui Maeve va d'elle-même. Alice et elle semblent s'apprécier. C'est bien la seule personne avec qui Maeve semble vouloir traîner. Elles essayent des sorts ensemble. Alice lui explique les détails de la vie des sorciers que Maeve ignore du fait de sa naissance en moldue. Elles se lient d'amitié doucement, mon petit canard semblant être un animal sauvage, craintif du contact sorcier.

Je ne suis pas très loin d'elles et espionne discrètement leur papotage. Cela m'arrive de plus en plus souvent, j'aime écouter les filles parler, cela est très amusant et distrayant tant que je ne me fais pas choper. Je me rappelle encore le coup de pied au fesses de Sarah la fois où elle me trouva planqué derrière un arbre.

Alice parle de ses vacances et de sa famille. Elle lui détaille les pays qu'elle a visités, ceux qu'elle fera bientôt. Elle évoque l'oncle casse-pieds présent dans chaque grande famille et ses blagues lourdes et épuisantes. Alice questionne Maeve qui reste très évasive, je pense que la Rouge et Or ignore que Maeve n'a pas de famille. D'ailleurs, je vois mon petit canard lever les yeux puis en me plongeant ses prunelles violettes dans les miennes, déclare à Alice :

- Je suis orpheline. J'ai grandi sans famille. Je passe mes vacances dans l'école. Cet été, je rentrerais à mon orphelinat. J'ignore qui sont mes parents. Je suis peut-être une noble sang pur sans le savoir. Qui sait ?

Son ton est amusé. Elle sourit au ton navré d'Alice qui croit l'avoir peiné, à moins que ce ne soit parce qu'elle m'a surpris à espionner. J'ai du mal à cerner Maeve parfois. Ses réactions sont imprévisibles et un sujet qui peut sembler banal devient une bombe alors qu'un plus délicat passe sans souci. Heureusement que les couleurs oculaires me donne parfois un indice sur l'état d'esprit de mon petit canard.

Alice lui propose de demander à ses parents pour l'inviter pour cet été. Maeve décline poliment l'offre. Le monde magique lui pèse et elle a besoin de normalité. Elle souhaite retrouver sa vie de moldue orpheline et ses repères. Alice est triste d'entendre de tels propos. Étrangement, je partage le sentiment de la Rouge et Or. Cela me navre que le monde magique soit si désagréable à Maeve. Je le trouve si merveilleux et si digne d'être protégé. Je m'y sens tellement à ma place.

Je me demande bien pourquoi je ne cesse de m'intéresser à Maeve. Sûrement, parce que c'est la seule qui se contrefout de mon nom de famille. Même Alice et Rodrigue, de famille aussi noble que moi, font preuve de respect et d'admiration pour mon nom de famille. Mon petit canard m'a déclaré que peu importe ce que mes ancêtres ont fait, pour l'instant, je n'étais qu'un gamin comme elle. Elle fera preuve d'admiration et de respect quand j'aurais fait des actes qui le méritent. Pour l'instant, je ne vaux guère mieux que les autres à ses yeux.

Juste un peu plus parce que j'ai été le seul à lui parler en égal durant le premier mois, le seul aussi à lui avoir offert une couronne de fleurs pour lui remonter le moral. Je crois qu'elle me respecte, à sa manière. C'est réciproque.

Elle me tape sur les nerfs et me fait redescendre sur terre quand je fais mon fier. Elle peut être aussi cinglante que moi. En même temps, j'aime sa répartie et son décalage. Elle me fait sourire et rire. Elle me donne envie de devenir un grand et respectable sorcier, digne de son admiration. Peu de personnes arrivent à me faire rire comme un gamin. À Poudlard, il n'y a qu'Horace, Jamie et elle.

La tristesse des propos de Maeve me donne envie de réagir. Je fonce voir la directrice et lui demande s'il est possible d'organiser quelque chose d'amusant en relation avec Pâques et le printemps. Les élèves sont un peu moroses après les sévères grippes de l'hiver.

Je lui suggère différentes chasses aux trésors dans toute l'école. Une première pour trouver œufs, bestioles en chocolats et sucreries. Une seconde, plus ludique, adaptée à chaque année, nous faisant résoudre des énigmes inspirés de nos cours avec des récompenses soit personnelle comme des friandises ou des petits cadeaux, soit pour notre maison avec des points.

L'idée l'amuse beaucoup et elle convoque les professeurs le soir même. Ils sont tous emballés et je peux leur exposer toutes mes idées. Le professeur Bordial est l'un des plus prolifiques à trouver énigmes et récompenses. Trois jours plus tard, lors de l'annonce des événements, les enfants et adolescents laissent éclater leur joie.

Durant tout le mois de mai, soit dès demain matin, des petits cadeaux seront disséminés dans toute l'école chaque jour. Tous les matins, une énigme nous sera proposée individuellement. Si on répond juste sur la journée, nous gagnerons des cadeaux personnalisés, et notre maison marquera un point spécial. La maison qui gagnera le plus grand nombre de points sur le mois verra ses couleurs affichées dans toute l'école pendant une semaine.

Les Serdaigles sont fous à l'idée de gagner, eux si fier de leur savoir. Les Poutsouffles, Gryffondors et Serpentards pensent aux sucreries. Les professeurs décorent les extérieurs aux couleurs printanières. Voilà des champs de fleurs, des papillons, des oiseaux et des petits lapins qui courent en liberté, pour la plus grande joie des filles. Je perçois un sourire chez mon petit canard. Je lui envoie un bisou de loin. J'entends sa voix dans ma tête :

- Vous êtes désespérant, votre Majesté.

Je suis étonné de l'entendre cependant, le ton amusé de sa voix me réconforte. Pour une fois qu'on ne se dispute pas, cela fait du bien. Je me mets à sourire, partageant la joie de mes potes pour qui ce mois un peu spécial est une bulle de bonheur dans notre quotidien parfois si rébarbatif. Jamie demande si on peut résoudre nos énigmes en équipe, pensant aller demander de l'aide à des dernières années ou de bons élèves.

- Je suis désolé pour vous Monsieur Foalder. Les énigmes, tirées au sort chaque matin, sont individuelles. Vous ne pouvez pas les faire résoudre par d'autres personnes que vous-même. Cependant, vous pouvez consulter tous les livres de la bibliothèque et les professeurs essayeront de se montrer le plus disponible possible pour vous guider vers la bonne réponse, lui répond la directrice de Poudlard qui sourit devant l'air triste de Jamie.

Nous suivons nos cours avec bonheur et application toute la journée. Les lapins et oiseaux perturbent parfois les enseignements. Le professeur qui se débrouille le mieux pour gérer les bestioles reste notre directeur de maison : le Professeur Bordial. Il parle sans être le moins perturbé du monde, qu'un oiseau se pose sur son épaule ou qu'un lapin tente de grignoter sa cape. Plusieurs élèves disent l'avoir vu faire une caresse discrète aux animaux. J'ai même l'impression que les animaux agissent avec respect vis-à-vis de lui, ils s'écartent et restent à peu près sages et silencieux.

C'est le matin du premier tirage au sort. En allant prendre notre petit-déjeuner, nous sommes conviés à tirer un papier dans une grande coupe, un par un, maison après maison, année par année. Jamie s'approche avec crainte et ferme les yeux en tirant son parchemin. Il sourit en le lisant :

- Trop facile : dans l'estomac d'une chèvre. Hurle-t-il, ce qui fait disparaître son bout de papier.

Il est fier d'avoir trouvé sa réponse de marquer ainsi un point pour Serpentard. Le premier de la journée. Je suis face à une question plus difficile que " Où aller pour trouver un Bézoard?". Ma question est complexe :

- Quels sont les trois ingrédients essentiels dans la potion d'Amnésie ?

Je réponds aussitôt, marquant le deuxième point pour Serpentard. À l'issue de la première journée, Serdaigle, Gryffondors et Serpentards sont au coude à coude. Les Poutsoufles en revanche ont trouvé la majorité des friandises, toutefois, ils ont eu la gentillesse de partager avec tout le monde du soir. À la fin du mois, les Serdaigles gagnent avec mille six cent trois points. Serpentards est deuxième avec mille six cent un point. Gryffondor troisième avec neuf cent dix sept point, Poutssoufle quatrième avec sept cent quarante neuf points.

L'été approche à grands pas.